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Pouvoir autoritaire et Dictature…

jeudi 30 janvier 2020, par Jacques COTTA

Le Président de la République refuse qu’on parle de « dictature » pour qualifier son exercice du pouvoir. Comme plusieurs ministres, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement qui porte si bien son prénom, donne quant à elle de la voix pour réprouver la caractérisation de « régime autoritaire ». Il est vrai que les termes sont tellement galvaudés, utilisés à tort et à travers, qu’ils finissent par perdre leur sens. 

Mais Est-ce là le cas ? 

Chef de l’Etat et ministres sont parvenus à créer un climat de guerre permanente depuis plus d’un an. Leur orientation a d’abord provoqué l’émergence des Gilets jaunes dont les revendications sociales et démocratiques se sont heurtées au mur présidentiel. Après le « travail » et le « chômage », les retraites sont enfin l’objet d’une réforme qui dresse contre elle des millions de français. L’opinion publique soutient manifestants et grévistes sans faiblir. Jusqu’au Conseil d’Etat, la plus haute juridiction, qui condamne en termes très durs la réforme gouvernementale. Et Emmanuel Macron fait comme si de rien n’était.
Si cela n’est pas « autoritaire », ça y ressemble.
La réponse politique apportée aux contestataires s’est résumée à l’utilisation des « forces de l’ordre » transformées en milices du pouvoir, munies d’armes de guerre, provoquant un cortège de blessés graves, énucléés ou estropiés.
Le pouvoir d’Emmanuel Macron concentre tous les pouvoirs entre ses mains, son parti aux ordres, sa classe, ses mandants, fonds financiers et grands capitalistes au détriment du pays tout entier, de l’immense majorité des employés, ouvriers, enseignants, artisans, retraités…
Alors, pouvoir autoritaire ? Pas seulement, ce qui caractérise le pouvoir d’Emmanuel Macron correspond à l’exacte définition d’une dictature…

Messages

  • Depuis deux ans je suis persuadé que le régime macronien relève de ce qu’on pourrait appeler un "pinochetisme soft". Il ne faut jamais oublier en effet, quand on analyse ce produit de la décomposition du fameux" clivage droite/gauche" que l’arrivée au pouvoir de cet étrange personnage ( j’emploie ce terme car il y a chez cet homme une dimension romanesque évidente, dont il joue d’ailleurs) fut le produit d’un coup d’Etat "soft" minutieusement préparé par ce qu’on peut appeler" l’aile néo-libérale cool" du Capital( Niel, Attali, Minc and co), et dont le "timing" fut quasiment parfait : dans un premier temps on crée les conditions pour que ce gros balourd de Hollande soit mis dans l’incapacité de se re-présenter, dans un deuxième temps on mobilise tous les réseaux dans tous les secteurs, notamment judiciaires et médiatiques, pour se débarrasser d’un candidat qui, s’il est proche idéologiquement du poulain Macron, a le tort de conserver une( toute) relative autonomie de pensée et pourrait se révéler gênant pour "nos" alliés américains, tant il continue de penser qu’il ne faut pas faire l’impasse sur la Russie et qu’il conserve apparemment des liens "amicaux" avec Poutine. Et voilà, l’affaire est dans le sac, la mise en scène grotesque de l’affrontement, au second tour, entre la démocratie et le fascisme, permet à un homme sans passé, qui ne s’est jamais affronté au débat "démocratique" et électoral, d’accéder à la fonction présidentielle, tout cela avec une base sociale ( les 20 et quelques pour cent du premier tour) très réduite. Il a un mandat clair : détruire à marche forcée le modèle social français. Il sait qu’on ne lui pardonnera pas en haut lieu d’échouer. Il sait qu’il est promis à un avenir des plus prometteurs, notamment financièrement, s’il réussit son pari. Il ira donc jusqu’au bout, et je pense que nous devons prendre conscience de cette donnée : cet homme n’a pas de "plan de carrière" politique, il sait qu’il ne sera pas réélu, et il sait probablement déjà qu’il ne se représentera pas. Il est d’autant plus dangereux. Je pense même ( il faut à ce propos revoir certaines vidéos de sa campagne de 2017) qu’il y a chez lui une volonté de puissance qui frise la pathologie mentale. Le désormais fameux "venez me chercher" est quand même un sacré indice d’une forme de dérèglement mental, non ? Je mélange un peu analyse politique et considérations "psychologiques", mais je pense qu’il ne faut jamais oublier que les politiques sont faits de chair aussi… Bref, il me semble qu’"autoritarisme" risque de devenir assez rapidement un euphémisme. Nous ne sommes pas tout à fait en dictature, mais tous les éléments sont en place, notamment en cas d’aggravation du conflit de classe en cours depuis l’automne 2018, pour que ce régime (dont on sent bien à quel point il est en phase de décomposition) se mue en Etat policier votant des lois d’exception etc. Ce qui préparera la phase suivante : l’accès au pouvoir de Marine Le Pen grâce à une alliance avec ce qui restera de "LR"...

  • La crise des grands partis gouvernementaux n’est plus à dire.
    L’affaiblissement des institutions l’a précipitée, aggravée, s’agissant de la gauche, d’un vide stratégique.
    Un personnage de roman, de roman de gare, solidement cornaqué, s’est imposé à la hussarde.
    Le bricolage d’un parti tupperware, d’un fan club, permet à LaRem de faire tapisserie au parlement et d’épouser les formes de la démocratie.
    Aux ordres du capital, du patronat, Macron méprise, donne la troupe, impose.
    Traité de dictateur que dit-il ? D’aller voir dans les "vraies dictatures".
    Où les libertés fondamentales sont supprimées.
    Alors ? Alors, évidemment, il glisse sur ce rail. Mais le rapport des forces le tient encore éloigné de ce but. Alors, il nous appartient de le faire dérailler.

  • Bonjour, je souhaite vous remercier pour ces points de vue...notamment Yves Baumgarten pour sa vision du phénomène Macron ...il est là pour passer en force...quitte à passer la main...oui c’est un mercenaire inscrit dans un "fascisme dolce" ...dans la logique : ultra libéralisme /Etat policier..

  • Bonjour,
    je partage le point de vue exprimé par Yves Baumgarten que je félicite pour la justesse et la clarté du propos.
    Pour ce qui me concerne j’ajouterai à son analyse,la pesante tutelle "européenne" (concoctée avec la complicité de nos "élites dirigeantes" depuis des décennies !),qui exige des dits "dirigeants" des états membres de l’UE (coucou les GOPÉ !),la mise en oeuvre rapide (et obligatoire !) de toutes les mesures anti-sociales (Code du travail "réformé", baisse des droits des chômeurs,réduction des services publics,baisse des retraites,etc.) afin se conformer sans barguigner au catéchisme néo-libéral (donc anti-social !) imposé par les satanés traités "européens".
    Mettre un terme aux politiques d’austérité sans proposer de sortir immédiatement de l’UE, c’est faire preuve d’une "naïveté" (duplicité ?) totalement incompatible avec l’ambition de diriger notre pays dans l’intérêt du plus grand nombre.

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