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Le virus de la mondialisation

mercredi 11 mars 2020, par Denis COLLIN

La nouvelle épidémie de coronavirus a envahi l’actualité. Nous voilà face au retour des grandes pestes ! Nous pensions être épargnés, définitivement. Nous allions même vaincre la mort – un pronostic de Laurent Alexandre, mais aussi de Mélenchon (voir L’ère du peuple) ! Et patatras ! la revoilà, la grande faucheuse.

Évidemment, l’épidémie de coronavirus touche moins et tue moins que la grippe saisonnière dont personne ne parle vraiment. Évidemment, à côté du paludisme, c’est de la petite bière, si j’ose dire et il est bien possible qu’on surjoue la panique. Après tout, interdire les réunions, confiner les gens chez eux, ça peut aussi avoir des retombées intéressantes, des bénéfices secondaires (il n’y a pas de petits profits !) et Naomi Klein a montré, il y a déjà un certain temps, ce qu’était la « stratégie du choc ».
La dégringolade des bourses et du cours du pétrole n’est pas causée par le virus. Le virus est l’événement contingent qui permet à la nécessité de se manifester. Car la crise est là depuis un moment et les techniques de survie artificielle de la « croissance » capitaliste ont déjà atteint leurs extrêmes limites. Mais voir l’Italie, la deuxième puissance industrielle d’Europe et huitième puissance économique mondiale mise en quarantaine, ce n’est pas un événement anodin. Un flash brutal sur la fragilité de « notre » monde. Quelqu’un s’enrhume au fin fond de la Chine et l’Europe tombe malade. Cette nouvelle version de la théorie des catastrophes donne à penser.

De plus en plus nombreux sont les observateurs qui constatent que l’interdépendance croissante des économies, cette soi-disant « mondialisation heureuse » fragilise l’ensemble de l’édifice et rend chaque jour un peu plus probable une catastrophe. Le coronavirus n’épargne personne parce que, si la chaîne de production qui unit Chine, États-Unis, Russie, Europe, Indonésie, etc. se rompt, comme toujours en l’un de ses maillons les plus faibles, c’est l’ensemble qui se disloque. Conclusions qui commencent à être tirées : on a trop mondialisé, il faudrait « démondialiser », relocaliser, renforcer nos « défenses immunitaires » en gagnant en autonomie et même en autarcie.

Oui, nous le savons, la démesure propre à la mondialisation capitaliste nous mène droit à l’abime. Réchauffement climatique ou pas, dû à l’homme ou non, les ressources naturelles se raréfient et nous allons devoir apprendre l’économie, c’est-à-dire à être économes. Le merveilleux modèle que continuent de vendre les technoscientifiques et les économistes stipendiés ne marche plus. Mais ceux qui veulent réinventer le capitalisme, bâtir un autre capitalisme se trompent, sur toute la ligne. Le seul capitalisme possible est celui que nous connaissons, celui dont le ressort est l’accumulation illimitée du capital. On ne fait pas du vélo en restant sur place. Le capitalisme, c’est pareil ! Il doit accumuler du capital. Dans quel but ? Accumuler encore plus de capital. Le capitalisme raisonnable, comme le capitalisme moral, est un oxymore. Sauver la planète, voilà l’urgence. Soit ! Mais on ne peut sauver la planète qu’en la débarrassant du règne du capital. Cessons d’écouter les marchands de sommeil.

Denis Collin, le 11 mars 2020

Messages

  • Et comment on fait pour se débarrasser du règne du capital ? Moi je crois à la solution de Proudhon pour qui protectionnisme est l’autre mot pour dire socialisme.
    La solution c’est de garder une économie de marché mais de mettre des barrières protectionnistes partout, y compris au niveau régional et local, et y compris dans le développement de monnaies locales (ce qui est une façon de faire du protectionnisme), tout ceci afin d’empêcher l’accumulation du capital. Evidemment dans cette utopie, les barrières protectionnistes sont décidés de façon démocratique et décentralisée.

    Autre piste : le plan de La Havane de Keynes qui proposait une système d’échange international équilibré où une nation en excédent commercial vis à vis d’une autre doit reverser l’écart sous forme d’investissement.

    Autre piste : les fonds salariaux d’Olof Palme où les salariés cotisaient pour racheter petit à petit les entreprises capitalistes.

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