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La pandémie

vendredi 16 avril 2021, par Jean-Paul DAMAGGIO

La pandémie, le Chili et la Chine

Cette trilogie va me servir à faire un point sur les affaires du monde.

Parmi les milliers de bavardages sur la pandémie, une approche a laissé penser que, l’été aidant, la grippe reculait comme toute grippe qui se respecte, et d’ailleurs l’été dernier en France les restaurants furent ouverts.

Le Chili

Pays qui sort de l’été austral et pays organisé. L’état politique y est fort non comme un vestige de l’ère Pinochet (il existe cependant) mais, inversement, l’ère Pinochet exista pour casser l’état politique au bénéfice du pouvoir économique. Or pour vacciner une des premières armes tient à la capacité à s’organiser.

La Chine

Il suffit de passer quelques heures dans le port de Valparaiso pour vérifier la présence de la Chine. L’histoire de notre planète se résume aisément avec des puissances d’abord méditerranéennes, puis atlantiques et à présent pacifiques (dans le sens de l’Océan bien sûr). Il m’est arrivé de connaître un historien étasunien (Ted Margadant) ayant passé sa vie à étudier l’histoire de France (comme d’autres de sa génération) mais au tournant de 1980 les financements se sont concentrés seulement sur l’étude de la Chine qui est à présent une puissance mondiale.

Bilan de la situation

Malgré l’été austral la pandémie est au Chili plus puissante que jamais.

Malgré une forte vaccination la pandémie est au Chili plus puissante que jamais. Au nombre de vaccinés par 100 habitants voici l’ordre mondial : Israël, Emirats Arabes Unis, Grand Bretagne, USA, Chili.

Malgré les vaccins chinois (Sinovac) utilisés au Chili, il semble qu’en Chine la pandémie ait été contenue beaucoup plus par « les atteintes à la liberté » que par le vaccin. J’ai mis des guillemets à « atteinte à la liberté » car il s’agit là des atteintes générales que nous connaissons aussi, sans présager des classiques à ce pays.

La pandémie est telle au Chili que si en Bolivie des élections ont pu avoir lieu, comme au Pérou ou en Equateur, le 11 avril, celles pourtant cruciales du Chili ont été reportées.

L’état politique y est d’autant plus fort que le mouvement social est actif, et il avait obtenu la mise en place d’une assemblée constituante pour en finir enfin avec la constitution de Pinochet. Le 11 avril les membres de la dite assemblée devaient être élus.

Que déduire de ce triste état des choses ?

Que les grands médias passent des heures à parler pandémie comme ils parlaient d’autre chose, en fixant leurs priorités propres. Bolsonaro est à présent la vedette comme hier Berlusconi était la vedette, ou Trump était la vedette. Pour défendre le système le projecteur se braque sur les extrêmes du système ! Dans cet univers le cas chilien a peu d’intérêt.

Les grands médias fonctionnement comme les grandes mafias qui construisent des centres de désintoxication pour mieux vendre de la drogue ! (la double morale, celle du culte du profit et celle du soin à apporter à ce culte)

Et le lecteur, prisonniers de la double morale, va aussitôt en déduire que je minimise le cas Bolsonaro. A changer d’angle de vue, nous serions myopes ! L’action de Bolsonaro est d’autant plus condamnable que la situation chilienne est révélatrice.

Comment explique-t-on le développement de la pandémie au Chili malgré la forte vaccination ?

Car les populations ont cru trop vite que le vaccin allait tout régler, donc, l’été aidant, les autres protections ont été oubliées ? Elles ont cru trop vite que la première dose était une protection alors qu’il faut attendre la deuxième et même deux semaines après la deuxième ?

Voilà comment l’été susceptible de réduire la pandémie l’augmente.

Voilà comment le vaccin susceptible de réduire la pandémie l’augmente.

Notre système retombe toujours sur ses pieds.

Le Chili a fortement vacciné car il a fortement investi dans le vaccin chinois qu’il a acheté à grand prix et la Chine ne s’y trompe pas, le Chili est encore solvable car il peut payer avec ses matières premières.

En 2015 les prêts financiers de la Chine à l’Amérique latine étaient de 21.500 millions de dollars, en 2016 de 12.600, en 2017 de 6.300, en 2018 de 2.100 et en 2019 1.100. Avant même la pandémie les autorités chinoises ont commencé à considérer que les pays d’Amérique latine étaient peu solvables. Et partout aujourd’hui la crise économique y devient dramatique or suivant l’effet domino elle ne peut que se propager.

Et la révolte du Sud ?

Dans un pays organisé comme le Chili n’y-a-t-il aucun chercheur en matière médicale ? Ceux de la Universidad Austral de Chile, annoncent une découverte : un anticorps d’alpaga pour combattre le COVID 19. Ils travaillent avec des scientifiques australiens et européens mais avec trop peu de moyens. La recherche se poursuit ici ou là. Je ne dis pas que là est la solution mais qu’une fois encore les grands médias ont d’autres chats à fouetter.

Dans tous les cas, nous le savons, nous ne sommes pas sortis de l’auberge si la question sanitaire reste seulement sanitaire. J-P Damaggio