Les habits neufs de Sa Majesté le Capital

Il est impossible d’enfermer le capital dans une posture idéologique ou une autre. L’évolution de la « tech » vers Trump indique un changement rouleau à compresser les méninges, changement évidemment important en lui-même, mais changement qui se situe à l’intérieur des classes dominantes. Après les bons et loyaux services assurés par les « démocrates », depuis Obama jusqu’à Biden, le retour à Trump semble acté. Mais le Trump 2025 ne sera sans doute pas le Trump vaguement populiste et isolationniste que l’on nous a présenté ces dernières années. Le basculement en sa faveur de la « tech », Elon Musk en tête, indique qu’une partie des secteurs les plus dynamiques et les plus exposés à l’international du capitalisme américain change son fusil d’épaule.

Ceux qui, comme certains secteurs du souverainisme français (Tatiana Ventose ou Florian Philippot, par exemple) ont mis leurs espoirs ans une victoire de Trump pourraient bien être déçus. Ces capitalistes qui soutiennent Trump sont ceux qui sont maintenant en concurrence directe avec la Chine qui pourrait bien le damer le pion : ainsi les constructeurs d’automobiles électriques chinois sont-ils maintenant devant Tesla, qui a pourtant profité abondamment des primes à la voiture électrique distribuées par l’UE – le montant total de ces primes est à peu égal au bénéfice de Tesla, autrement dit, c’est le contribuable européen qui a financé Musk, qui finance maintenant Trump. Trump laissera peut-être tomber l’Ukraine, et ce n’est pas sûr, mais il est sur la ligne d’une confrontation dure avec la Chine.

Bref, le changement de locataire de la Maison Blanche ne résoudra aucun de nos problèmes. Il n’est pas à exclure que la situation ne devienne plus difficile pour nous, compte tenu du mépris colossal de Trump envers les Européens. Rompre l’alliance américaine, défendre une position de non-alignement, voilà qui devrait s’imposer maintenant. Quelles forces veulent s’engager dans cette voie ?

Le 29 juillet 2024.