Avec la séquence électorale qui vient de s’achever en France, Jean Luc Mélenchon et Emmanuel Macron ont la démocratie en bouche. Un comble !

Au nom de la démocratie donc, Macron, bien que défait aux européennes d’abord, aux législatives ensuite, refuse le verdict populaire et désire demeurer le maitre du jeu en désignant le premier ministre pour poursuivre la politique que les Français ont massivement rejetée.

Au nom de la démocratie toujours, Jean Luc Mélenchon qui a sauvé avec le « front républicain » la Macronie et Macron lui-même de la débâcle, demande le respect des institutions de la Ve république, pourtant une des plus antidémocratique que la France a connue, plaidant pour une cohabitation, alors que le suffrage universel met à l’ordre du jour le renvoi de Macron, et non son maintien sous quelque condition que ce soit.

Mais la mascarade serait sans importance si elle n’était lourde de conséquence pour la politique mise en oeuvre, dans la continuité de celle que les Français ont rejetée. Là est le coeur de la démocratie bafouée, déniée.

Au nom de la démocratie donc, la guerre menace aujourd’hui comme jamais, avec le soutien des élus fraichement installés à Strasbourg, dans le silence assourdissant de ceux qui font leur entrée au Palais Bourbon.

A peine élus donc, les députés européens renommaient Ursula Van der Leyen à la présidence de la commission européenne, et s’engageaient dans la voie dictée par les institutions de l’UE et par l’OTAN.

Le 17 juillet, ils votaient en effet une résolution dans laquelle on peut lire notamment :
« la nécessité d’un soutien continu de l’Union à l’Ukraine »…
La satisfaction d’avoir versé « 108 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine » dont « 39 milliards consacrés à l’aide militaire ».
d’avoir décidé « 21 milliards supplémentaires jusqu’en 2025 »
« l’engagement sans faille de l’union (…) aussi longtemps qu’il le faudra pour assurer la victoire de l’Ukraine ».
« se félicite de l’ouverture récente de négociations d’adhésion à l’union avec l’Ukraine ».
« l’engagement irréversible de l’Ukraine sur la voie de son adhésion à l’OTAN ».
réaffirme la nécessité « d’un soutien à l’Ukraine de l’UE et des états membres à hauteur de 0,25% de leur PIB par an ».
appelle les états membres à « accroitre et accélérer considérablement leur soutien militaire et à renforcer les capacités de leurs industries militaires ».
encourage « la livraison d’armes » permettant d’atteindre « des cibles militaires sur le territoire russe ».
« se félicite de la décision de l’OTAN de garantir des approvisionnements militaires d’une valeur d’au moins 40 milliards d’euros dans un avenir proche »
« se félicite de la récente décision du conseil de l’UE d’affecter des recettes extraordinaires provenant d’avoirs russes immobilisés pour soutenir l’effort de guerre ukrainien ainsi que de la décision du G7 d’offrir à l’Ukraine un prêt de 50 milliards de dollars garantis par des actifs publics russes immobilisés ».

C’est donc un cran supplémentaire franchi dans la volonté guerrière de l’UE au service de l’OTAN. Cette résolution a été votée par 495 voix pour, 137 contre et 47 abstentions.

Parmi les « pour », on trouve le groupe PPE (droite), Renew (Libéraux), ECR (conservateurs) mais aussi SetD (socialistes), Verts-ALE, et une partie de la gauche/The Left dont les 9 députés LFI.

C’est ce que l’on peut nommer sans risque de se tromper l’Union sacrée. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, qui éclaire d’un jour nouveau la stratégie locale du Front républicain, les appels à voter ici des uns pour les autres, des mélenchonistes et du NFP pour les macronistes et réciproquement.

C’est bien le fond politique qui compte !

Au niveau international, ils nous guident tous tout droit vers un cataclysme qui à l’heure du nucléaire pourrait bien être fatal.
Au niveau national, les milliards qui sont distribués pour la guerre sont pris sur les fonds qui pourraient améliorer la vie des Français, les services publics en général, l’école menacée à la rentrée par de nouvelles fermetures de classes, l’absence d’enseignants devant les élèves, les hôpitaux dont des services ferment, où des médecins sont manquants, notamment dans la France périphérique.

Il apparait que ceux qui proclament dans les élections la volonté d’une rupture s’adaptent à merveille à la marche du système que les travailleurs, ouvriers, salariés, jeunes rejettent, et s’adaptent par là même à la défense des intérêts du capital au détriment du travail.

Comment donc en sortir ?
En commençant par répondre à l’urgence. Organisations, groupes, associations, syndicats, simples citoyens attachés à sauver l’humanité de la catastrophe ne devraient-ils pas ensemble, par delà leurs différence, faire entendre leur voix pour que cesse la guerre, en Ukraine, mais aussi ailleurs, au moyen-orient par exemple, où l’embrasement sous les coups d’Israel menace d’un instant à l’autre ?

Seule la mobilisation massive pourrait permettre d’imposer une volonté majoritaire combattu au sommet de l’état, par le pouvoir mais aussi par une opposition factice.

Pour aider ces mobilisations le rassemblement des forces, des courants, des groupes qui ne veulent se restreindre au rôle de spectateurs et qui veulent aider devraient préparer dés maintenant échanges, confrontations, regroupements pour le respect de la démocratie, pour la paix, et pour la défense des conquêtes sociales mises en cause.

Jacques Cotta
Le 1er aout 2024