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A tout seigneur, tout honneur !

vendredi 1er novembre 2024, par Jacques COTTA

Sa majesté Emmanuel Macron a passé trois jours au Maroc, accompagné, d’une cour bien choisie, une bande de « mignons », de « courtisans », de serviteurs, de profiteurs ou encore d’envieux. Il s’agissait, selon le communiqué du « Château », de montrer au Royaume du Maroc que notre monarque était bien entouré, et à travers cet aréopage que la France rayonnait.

Aux côtés d’Emmanuel et de Madame donc, 123 invités étaient conviés, dont des ministres et députés, actuels ou anciens, le président du Medef, quelques patrons du Cac 40 et autres personnalités, ou encore, côté people, Jack Lang, Arielle Dombasle et son époux Bernard-Henri Levy, propriétaire d’un luxueux Riad, « le palais des plaisirs », tout un programme, situé à Marrakech, à quelques mètres du palais du roi Mohammed VI.

Ces invités, dont la liste serait incomplète si on omettait de mentionner acteurs, chanteurs, journalistes, réalisateurs ou encore sportifs médaillés des JO, comprenait aussi quelques fins « connaisseurs » du monde judiciaire et des salles d’audience.

François-Marie Banier par exemple, qui poursuit sa carrière de photographe mondain. Ex-confident de Liliane Bettencourt, il a été condamné définitivement en 2016 pour « abus de faiblesse » sur la milliardaire héritière de l’empire L’Oréal.

Ou encore M’jid El Guerrab, ancien député LREM, condamné en appel mi octobre 2023 à trois ans de prison, dont un ferme, ainsi qu’à deux ans d’inéligibilité, pour avoir agressé en 2017 l’ancien responsable socialiste Boris Faure devant un café parisien.

Mais surtout Yassine Belattar invité officiellement en qualité d’humoriste. Un humoriste pas très drôle en réalité. Son passé, ses engagements politiques donnent une coloration à cette délégation, et surtout à l’engagement de Macron.
En 2018, Yassine Belattar a été nommé membre du conseil présidentiel des villes par Emmanuel Macron, avant de partir un an plus tard suite aux propos de l’ancien ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer sur le voile islamique.
En 2023, Il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour menaces de mort. Il a été proche du CCIF -collectif contre l’islamophobie en France- jusqu’à sa dissolution en 2020, et des « frères musulmans ». C’est en toute connaissance de cause qu’Emmanuel Macron a demandé et validé la délégation qui l’a accompagné, insistant personnellement sur la présence de Belattar.

Pour couronner le tout, il n’est pas inutile de rappeler que tout ce beau monde a voyagé et passé trois jours au Maroc au frais du peuple français, cela trois mois seulement après la publication d’un rapport de la Cour des comptes demandant la poursuite d’« efforts sur la taille des délégations et les refacturations » des invitations aux voyages d’Etat.

En plein matraquage « austéritaire » par le gouvernement qui prévoit plus de 60 milliards d’euros d’économies avec des coupes notamment dans la Sécurité Sociale à hauteur de 15 milliards, une réduction drastique des moyens pour les collectivités locales, qui programme des milliers de suppressions de postes pourtant indispensables au fonctionnement déjà erratique des services publics, qui désire augmenter le nombre de jours de carence qui passerait de un à trois pour les agents de la fonction publique, qui envisage de nouvelles mesures contre les pensions des retraités, et autres joyeusetés, chacun appréciera.

Ce voyage présidentiel illustre mieux que tous les longs discours le degré de pourriture atteint au plus haut sommet de l’état. Pendant qu’ils se vautrent dans le luxe, Macron et les siens organisent le démantèlement de la France, liquident chaque jour une peu plus ce qui en réalité en a constitué le véritable rayonnement, son industrie, ses services publics, ses ouvriers, ses salariés, ses fonctionnaires. La pourriture qui atteint le sommet se répand inexorablement. Le cirque des différentes oppositions (voir notamment ICI) — sur la question de l’abrogation de la réforme des retraites par exemple — en est une nouvelle illustration. Pour de petits arrangements partisans, pour de simples intérêts de boutiques, les uns et les autres font ce qu’il faut pour permettre à ce régime déliquescent de rester en place et à la politique macronienne de s’appliquer contre la volonté et l’intérêt de la grande majorité des Français.

« A tout seigneur, tout honneur » signifie qu’il faut rendre à chacun ce qui lui est dû, selon son rang, son mérite, sa fonction.

Dans la tradition de l’histoire française, la place du monarque mérite qu’il soit mis fin à sa nocivité, qu’il soit renvoyé, qu’il soit simplement mis dehors, lui et sa clique, lui et sa cour. Pour cela, il faut que le peuple retrouve son pouvoir de décision, d’action, sa détermination.

Cela est inéluctable. Quand ? A quelle occasion ?
Par l’irruption sur le terrain de l’action ?
Par l’explosion d’une crise majeure entrainant l’effondrement du régime, une crise dont la perspective affole le marigot ?

Nul ne peut dire quand ni comment. Une seule certitude, l’issue est inéluctable et ses conséquences seront inexorables.

Jacques Cotta
Le 1er novembre 2024

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