Avant même son discours de politique générale, le premier ministre annonce entre 30 et 50 milliards de coupe prévue dans son budget, affectant directement les services publics et la sécurité sociale. Bayrou Mieux que Barnier, voilà le programme annoncé sans sourciller, dans un timing qui laisse à désirer. On apprend en effet en même temps, selon la lettre financière Vernimmen, que les entreprises du CAC 40 ont reversé près de 100 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2024, sous forme de rachats d’actions et de dividendes.
Donc 50 milliards de coupe d’un côté au détriment de tous les Français, 100 milliards captés de l’autre, au profit d’une poignée d’actionnaires.
Et depuis une semaine au moins on assiste à un cinéma dont le film sans surprise relève plus de la série Z que du chef d’oeuvre politique.
Le parti socialiste, les verts et le parti communiste, comme le président de la commission des finances LFI, ont évidemment répondu à l’appel du premier ministre qui au nom de la responsabilité les a invités à « débattre des solutions ». Ils se sont rendus à l’unisson à Bercy discourir avec le ministre de l’économie présenté comme un « homme de gauche » pardi. Le but est éclairé par Olivier Faure qui en substance appelle à des « négociations » pour sortir de l’impasse. Et François Hollande précise, « Macron doit terminer son mandat » sous peine « de déclencher une crise institutionnelle majeur ».
Voilà l’inquiétude du gouvernement, de la majorité et de ses alliés. Macron se tait, se terre. Bayrou bafouille. Marine Le Pen et ses lieutenants oublient pour le moment les lignes rouges. Et les larbins du capitalisme s’agitent pour tenter de sauver le système.
Les organisations syndicales —qui acceptent d’être qualifiées de partenaires sociaux du gouvernement, tout un programme— sont mises à contribution. Un grand raout sur les retraites doit être organisé sur proposition de Bayrou qui se dit « ouvert à tout » mais qui précise qu’en cas de désaccord persistant, c’est la réforme rejetée par des millions de manifestants, par plus de 80% des français, qui sera appliquée. La CFDT pourra sans doute mettre en avant quelques miettes pour se déclarer satisfaite pendant que le Medef pèsera comme il l’entend pour imposer le point de vue patronal au détriment des ouvriers et salariés.
Le parti socialiste qui a laissé planer le doute déclare que « la censure après le discours de politique générale de Bayrou ne sera qu’une censure de circonstance car le RN a déclaré qu’il ne la voterait pas en attendant le budget », et donc qu’il pourrait éventuellement la voter. Bref, l’argument clé pour le PS est qu’elle ne sert à rien.
La tentative de sauver le régime et le système capitaliste d’une crise politique sans précédent semble vaine. Le risque est encore pire que ce qu’ils peuvent tous craindre. La crise politique pourrait se transformer au nez et à la barbe de tous ces inquiets en crise sociale majeure, faisant entrer sur scène des millions de travailleurs et jeunes dressés contre la politique capitaliste et les institutions.
Quoiqu’il arrive dans le petit microcosme qui s’agite et anime les chroniques, les travailleurs et jeunes n’auront d’autre choix que de prendre leurs affaires en mains pour défendre leurs intérêts menacés, censure ou pas à l’assemblée.
L’avenir s’annonce agité, à la lumière de la lutte des classes qui est bien engagée.
Jacques Cotta
Le 15 janvier 2025
Messages
1. Crise politique, crise sociale…, 23 janvier, 19:51, par Jean Paul B.
Bonjour,
"les travailleurs et jeunes n’auront d’autre choix que de prendre leurs affaires en mains pour défendre leurs intérêts menacés, censure ou pas à l’assemblée." dites-vous. C’est juste, mais le point nodal n’est jamais évoqué par tous les commentateurs. Alors mettons les pieds dans le plat ! L’appartenance de notre pays à l’UE et à l’Euro, contraint ceux qui gouvernent ou qui aspirent à gouverner (enfin qui essayent de nous font croire qu’ils gouvernent !) à appliquer la politique économique et sociale décidée à Bruxelles et à Francfort. Il faudra bien finir par reconnaitre, qu’étant privés de notre Souveraineté nationale, nous ne pouvons plus rien décider d’essentiel si nous nous résignons à demeurer dans ce carcan.
En conclusion je dirai que commenter les positions des uns et des autres sans jamais évoquer l’éléphant dans la pièce, c’est une autre façon d’occuper le temps de cerveau disponible des citoyens. Cela a pour conséquence principale de les empêcher de comprendre la situation et de pouvoir réfléchir aux moyens d’en sortir.
1. Crise politique, crise sociale…, 28 janvier, 17:39, par Jacques COTTA
Vous avez totalement raison de souligner la question de notre souveraineté et donc de l’UE. Il faut évidemment y ajouter notamment l’euro, l’OTAN et autres instances supranationales qui décident en lieu et place des nations.
Vous parlez des commentateurs qui omettent cette réalité. Je pense que vous ne rangez pas la sociale dans le lot, car vous avez certainement pris connaissance des articles multiples que nous avons publiés sur le sujet. :-)