Accueil > Théorie > Moins : bis repetita placent

Moins : bis repetita placent

jeudi 30 janvier 2025, par Denis COLLIN

« Celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » (Kenneth Ewart Boulding)

Le mode de production capitaliste repose sur la croyance générale en cette folie : l’accumulation du capital doit être sans limite pour que le mode de production capitaliste puisse encore vivre. Il s’est étendu à la planète tout entière et on doit commencer à chercher ailleurs. M. Musk, riche supporter de Trump et patron de « Space X » déclare qu’une civilisation qui se respecte ne peut se contenter d’une seule planète ! Quelle planète les Terriens sont-ils invités à coloniser ? Les déclarations de Musk, mais aussi le transhumanisme des dirigeants de Google et l’effet que tous ces allumés font sur le « Vieux continent » sont emblématiques du niveau de folie que nous avons atteint. Dans ce train conduit par des fous, il n’est guère d’autre hypothèse envisageable que de tirer la manette du frein d’urgence, en espérant qu’il peut encore s’arrêter.

« Moins » : le mot d’ordre lancé par Kohei Saïto dans son livre à succès s’impose à tous les gens raisonnables. La haute technologie nous mène droit à la catastrophe si on fait le bilan des ressources qu’elle consomme, aussi bien énergie qu’en matières premières. ChatGPT met en danger le réseau électrique de la côte est-américaine, apprend-on un matin. Les data centers pour gérer les « blockchains » des monnaies virtuelles doivent être installés dans des pays à peu près désertiques mais capables de produire beaucoup d’électricité.

Sous les coups de l’industrialisation de l’agriculture, la fertilité des sols s’amoindrit, donc on produira plus d’engrais chimiques, plus de produits phytosanitaires… et plus de cancers ! Et à la fin, on mourra de faim. La catastrophe à venir est de plus en plus sérieusement documentée… et de moins en moins prise au sérieux par les dirigeants de ce monde.

On ne manque pas d’idées pour faire « moins ». Au lieu d’artificialiser les sols, on limiterait la construction des bâtiments, on réhabiliterait les anciens logements, on donnerait la priorité à l’agriculture biologique, aux transports en commun et même à la limitation des transports, on avancerait vers « low tech » dont Philippe Bihouix s’est fait le défenseur (voir son dernier livre en BD, Ressources), etc. On privilégierait une vie plus conviviale et on essaierait de mettre un terme à la folie de la consommationpar exemple, pensons à la « fast fashion »qui consiste à renouveler la mode vestimentaire toutes les trois semaines. Mais si on s’avançait dans cette voie, le capitalisme mourrait en peu de temps ! Et il faudrait un changement de société radical, aller vers le communisme comme le dit Kohei Saïto, un communisme qui n’a, bien sûr, pas le moindre rapport avec le système d’exploitation bureaucratique des tyrannies staliniennes.

Je sais, on va encore me dire « tu rêves ». Peut-être. Mais je rêve moins que les trucs de rebouteux que fabriquent les « réformateurs » et autres « ingénieurs sociaux » de toutes les petites et grandes boutiques politiciennes, de tous les « plans », « projets », et autres directives prises par les bureaucraties étatiques et privées qui doivent bien justifier leurs places parasitaires.

Dire ce qui est, proposer ce qui est juste, oeuvrer à une réforme intellectuelle et morale, il n’y a rien d’autre à faire.