A l’heure où nous écrivons ces lignes, la censure du gouvernement Bayrou par les députés est en suspens. Mais qu’ils la votent ou pas, les débats et tractations sur le budget sont révélateurs des orientations en présence. Gouvernement et partis qui le soutiennent, comme la gauche, le PS, et le RN se révèlent ainsi très exactement pour ce qu’ils sont, mettant à jour, démagogie, complicités, compromissions ou accords derrière des discours qui n’ont en réalité comme seul objet que retarder l’échéance en amusant la galerie.
Le gouvernement désire faire mieux et plus aujourd’hui avec le budget Bayrou qu’hier avec celui de Barnier. il ambitionne pour 2025 de ramener le déficit public à 5,4 % du PIB au prix d’un effort budgétaire de plus de 50 milliards d’euros, dont environ 32 milliards d’économies et 21 milliards de recettes. Les Français sont donc appelés à souffrir un peu plus chaque jour au nom d’un « effort collectif » revendiqué sur tous les tons.
La France insoumise prend une posture intransigeante. Elle appelle à ce que « Macron dégage ». Elle est ainsi apparemment en phase avec la volonté majoritaire sans pour autant obtenir la moindre adhésion gazeuse. Nul n’a en effet oublié que si Macron est en place, s’il peut sévir, si à travers lui le système perdure, ce n’est que parce que le Nouveau Front populaire par la voix de Mélenchon a appelé hier à voter Macron, puis à voter pour ses sbires au nom d’un anti fascisme fantasmé.
C’est dans ce contexte que le parti socialiste au cours de la commission mixte paritaire favorable par sa composition au gouvernement entretient un faux suspense digne d’un film de catégorie B.
- « Il va falloir être capable de trouver des compromis et j’ai bon espoir que nous y arrivions (...) Nous sommes très ouverts au dialogue. J’attends maintenant des macronistes, des LR, d’être aussi ouverts pour trouver un chemin avec nous » a ainsi déclaré le député PS Philippe Brun, qui réclame « ouverture à gauche ».
Ouverture ?
Le ministre de la Fonction publique Laurent Marcangeli annonce pour les fonctionnaires le gel du point d’indice, le non-versement d’une prime et la baisse de l’indemnisation des arrêts-maladies.
- "L’indemnisation des agents publics en arrêt-maladie va baisser, nous passons de 100% à 90%. C’est un amendement qui a été voté au Sénat et que j’ai défendu » déclare t’il sans ambiguïté.
Il est évident pour tout le monde que le budget Bayrou qui sera présenté dans l’hémicycle met en ligne de mire les agents et services de l’état, les services publics, la santé et l’éducation notamment malgré toutes les déclarations démagogiques au possible. Et pourtant au nom d’une respectabilité recherchée dans les médias et cercles dirigeants, les socialistes entretiennent l’illusion d’un budget modifiable, d’un changement de cap de la macronie qu’il ne faut surtout pas, pour de la préservation du système, mettre en cause.
Ouverture ?
Les retraites au fait… Sans commentaire.
Pourtant, en cours de négociations, le parti socialiste a semblé opérer un revirement. En cause les propos de Bayrou sur « le sentiment de submersion migratoire ». Outre que le sentiment existe bel et bien chez ceux qui y sont directement confrontés —dont nombre de migrants eux-mêmes qui croyaient rejoindre l’Eldorado et qui ne trouvent que tentes précaires pour se loger— le prétexte vaut le détour.
En même temps en effet le RN faisait peser la menace de censure sur Bayrou, mais avec un tout autre argument, dénonçant l’article 4 du Projet de loi de finances dont le parti lepéniste dit ne pas vouloir entendre parler. Celui-ci vise à instaurer un nouveau dispositif de régulation des prix de l’électricité nucléaire.
- « L’article 4 poursuit et aggrave les règles européennes de tarification sur l’électricité. Il installe pour des années le prix de l’électricité à des niveaux très élevés, complètement intenables pour les ménages et suicidaires pour les entreprises. Il entraînera, d’après les documents confidentiels de Bercy que j’ai en ma possession, de nouvelles hausses du prix de l’électricité », s’étrangle dans Le Figaro Jean-Philippe Tanguy, député lepéniste membre de la Commission mixte paritaire.
L’hypocrisie est totale puisque le RN dénonce les règles européennes dont l’application serait catastrophique pour les français tout en s’étant converti à l’union européenne, comme le sont en réalité macronistes, socialistes, communistes et Lfistes.
Mais les prétextes utilisés par les uns et les autres pour se ménager une sortie conforme à leurs propres intérêts, électoraux notamment, sont révélateurs.
La position du PS se veut « morale » en reprochant une expression « sentiment de submersion migratoire » à Bayrou.
Celle du RN se veut sociale en lui reprochant une mesure à laquelle tous les Français ne peuvent pas ne pas être sensibles.
La gauche déconnectée du peuple lorsque le RN veut exprimer et défendre ses intérêts, voilà un résumé qui permet de comprendre le rapport de forces réel dans le pays, la marginalisation des uns, l’importance des autres.
Le PS serait sur le point de trahir le « Nouveau Front Populaire » dénonce la France Insoumise. Mais la réalité n’est-elle pas toute autre ? Le PS ne fait-il pas qu’exprimer dans une continuité historique assez simple la véritable nature du nouveau front populaire ?
Jacques Cotta
Le 2 février 2025
Messages
1. Comment sauver le régime à l’agonie ?, 3 février, 10:54, par nisard
Aucune ébauche de réponse, aucune piste, à la question du titre
2. Comment sauver le régime à l’agonie ?, 3 février, 22:26, par Jean Paul B.
Bonjour,
excellent article sur tous ces partis représentés à l’Assemblée ou au Sénat qui refusent de voir "l’éléphant dans la pièce", à savoir l’appartenance du pays à l’UE et à l’Euro, et qui continuent à pérorer au lieu d’analyser rationnellement la situation de la France et d’en tirer enfin toutes les conséquences.