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A propos de Battisti

mardi 15 janvier 2019, par Denis COLLIN

Battisti remis en les mains de la justice italienne : c’est une bonne chose. Cet homme fait partie de ces criminels prétendument "prolétariens", "marxistes léninistes" et autres "Brigate Rosse" qui ont joué dans les "années de plomb" leur partition dans le concert organisé pour en finir avec le mouvement ouvrier dans ce pays. Les services secrets, la mafia, les mouvements fascistes et les agents de la CIA occupaient l’autre partie de la scène. Le PCI de Berlinguer avait senti le danger mortel que représentaient ces prétendus "prolétaires armés" comme Battisti. Battisti a été longtemps protégé par la gauche. Mitterrand lui avait accordé l’asile politique : Battisti étant "de gauche", il possédait le talisman lui permettant d’échapper au jugement ! Mais il semble que cela soit terminé. Le président de gauche Evo Morales a remis Battisti à la police brésilienne qui l’a mis dans un avion italien. Et personne ne proteste. Tant mieux.
On dira que Battisti revendique son innocence pour les assassinats qui ont entrainé sa condamnation. On pourrait en effet mettre en doute le témoignage des repentis qui ont comparu à son procès. Peut-être aurait-il fallu le rejuger en appel ? Mais Battisti s’est enfui et a été jugé par contumace. Mais il n’a jamais changé d’avis sur la "légitimité" des exécutions que lui et ses comparses avaient décidées (il le redit dans une interview sur France-Culture en 2002). Même donc si nous admettons, par hypothèse, sa proclamation d’innocence pour les cas précis qui lui sont reprochés, il reste un commanditaire et un organisateur d’assassinats.
Ce qui est indécent en revanche, c’est l’opération qu’a tentée Boisonaro qui voulait le faire transiter par Brasilia pour l’exhiber comme un trophée de guerre ! Ce qui est tout aussi indécent, ce sont les propos de Salvini qui propose presque de faire la fête pour la capture de Battisti et commente tout cela avec des cris de tifosi. Comme il a du mal à exister politiquement — c’est-à-dire à définir une ligne indépendant pour conduire son pays, tâche qu’accomplissent Conte et Di Maio — Salvini roule les mécaniques et finirait presque à jeter le doute même sur ce qui se justifie tout à fait.
Tout cela est trop sérieux cependant pour qu’on s’en tienne à l’écume médiatique. Il faudra un jour faire le bilan complet de tout ce pan de l’histoire italienne et de la place que les uns et les autres y ont tenue. Des livres d’enquêtes comme "La Repubblica delle strage" (La république des massacres) tentent d’établir les faits qui devront être replacés dans une analyse plus globale.