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Un nouveau fascisme méconnaissable

samedi 7 mars 2020, par Denis COLLIN

La « nuit des Césars » 2020 et sa suite ont relancé un « débat » (il n’est pas sûr que ce soit le bon mot) qui part dans tous les sens et où les absurdités se suivent à grande vitesse. Prenons les choses de manière un tant soit peu ordonnée.

1) Faut-il séparer l’auteur et l’œuvre ? Autrement dit, un salopard peut-il écrire, peindre, sculpter, jouer des œuvres non seulement belles mais peut-être géniales. La réponse est évidemment « oui ». Ceux qui disent « non » se préparent à vider bibliothèques et musées. Faut-il des noms ? Que penser d’André Gide et de tant d’autres ? Faut-il renvoyer Jean Genet aux galères ? Et Rodin ? et … et le césarisé auteur des « Misérables », qu’en fait-on ? Personne n’a dit que Polanski était un petit saint. Mais il y a des moments où l’acharnement devient suspect.

2) Faut-il interdire les œuvres d’auteurs « suspects » de ne pas être conformes aux nouvelles bonnes mœurs ? C’est ce qui se fait de plus en plus. Jusqu’à quel point cela nous emmènera-t-il ? Pour plus de développement, voir la première question.

3) Faut-il condamner les gens sans les avoir jugés ? Poser la question devrait paraître idiot tant la réponse paraît aller de soi. Eh bien, pas du tout. Tous les jours, les tribunaux improvisés par ceux qui disposent de tribunes, c’est-à-dire les belles gens du monde des arts et des spectacles, condamnent et réclament l’exécution.

4) Faut-il abolir la prescription ? évidemment non ! Elle fait partie de principes démocratiques en matière de justice. Il est curieux de voir les belles gens qui, hier, manifestaient pour qu’on efface les crimes du terroriste Battisti et de bien d’autres du même acabit et qui, aujourd’hui, hurlent avec les loups contre Polanski, Polanski dont la victime réclame qu’on lui fiche la paix. Mais même si on répond « oui » à cette question (4) on se reporte tout de même aux questions (1) et (2).

Question subsidiaire : comment faut-il qualifier les gens qui répondent positivement aux quatre questions ci-dessus ? On hésite. Le mot « fasciste » vient presque naturellement aux lèvres. « Fascistes » qui prétendent parler au nom des dominés, comme tous les fascistes historiquement – c’est même à cela qu’on les reconnaît et qu’on peut les distinguer des autres formes d’autoritarisme.

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