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Torquemada à l’Hotel de Ville de Paris

à propos de la démission Girard

dimanche 26 juillet 2020, par Denis COLLIN

La démission de l’adjoint parisien à la culture, Christophe Girard, est un événement qui, en lui-même n’a aucune importance, mais révèle crûment l’état de déliquescence auquel est parvenue une fraction bruyante bien que très minoritaire de la nouvelle inquisition venue de la « gauche ». On le sait EELV est une composante de la majorité municipale parisienne et Girard en fut membre (il était candidat Vert sur la liste conduite par Cohn-Bendit en 1999). Élu parisien, il rallie le PS et ensuite alterne entre les postes d’adjoint à la culture et de maire du 4e arrondissement. Il est aussi cofondateur de Têtu et a occupé d’importantes responsabilités chez Yves Saint-Laurent et chez LVMH (célèbre entreprise de gauche : voir Merci patron, le film de François Ruffin). Bref, Girard est un prototype de la nouvelle gauche, la gauche « trottinettes » du centre de Paris, il coche toutes les cases.

Mais c’est oublier que les Verts ne sont pas un parti comme les autres, mais un parti pire que les autres, un parti où les vengeances se mangent froides et où l’inquisition règne, et malheur à celui qui tombera sous ses griffes. Ainsi, comme on fait mine de découvrir que Matzneff était un pédophile après la publication du livre de Vanessa Springora, voilà qu’au nom du principe qui veut que l’homme qui a vu l’homme, qui a vu l’homme… , qui a vu l’ours qui a mangé le facteur soit le coupable de la mort du facteur, avoir été un ami de Matzneff devient un crime. Être entendu dans une enquête vous rend coupable. C’est ainsi qu’un petit groupe d’élues EELV autour d’Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu a organisé un véritable lynchage contre Christophe Girard, lynchage qui en quelques jours a conduit l’élu parisien à la démission. L’une des initiatrices, lesbienne militante, a twitté que n’avoir pas de mari lui épargnait d’avoir été violée, tuée ou tabassée. Elles affirment encore qu’il ne suffit pas pour être élu d’être en règle avec la loi, mais impeccable sur le plan moral (sic). Elles affirment en outre que la démission de Girard est un exemple pour Dupont-Moretti et Darmanin.

Nous avons eu l’occasion de publier un excellent article de Jean-François Collin sur les accusations portées contre ces deux ministres, qu’on peut parfaitement critiquer et même qu’on doit critiquer pour leur politique sans pour autant en faire des criminels. Le lien fait entre Darmanin, Dupont-Moretti et Girard est un amalgame, procédé courant dans les régimes totalitaires que les Torquemada vertes de Paris utilisent sans vergogne. Nous n’avons aucune raison de ménager Girard qui représente politiquement cette gauche bobo gentrifiée parisienne qui a largement fait la courte échelle à Macron. Mais évidemment ce n’est pas ce que lui reprochent ces élues EELV qui sont elles-mêmes des archétypes de cette gauche intra-muros. Ce que veulent ces dames et les quelques groupuscules féministes qui les soutiennent, c’est instaurer la terreur intellectuelle du même type que celle qui règne sur un certain nombre de campus américains. Elles espèrent bien prendre ainsi le pouvoir et manier le fouet ! Et ça marche. Girard démissionne et les médias « mainstream » (il faut bien parler la langue des maîtres) soutiennent ce nouveau féminisme qui est non pas la revendication légitime d’égalité, mais la guerre des sexes, contre les hommes de sexe masculin, voués à disparaître dans la société dont rêvent ces hallucinées.

Le pire peut-être a été la banderole affichée devant l’Hôtel de Ville de Paris : « Bienvenu dans Pédoland ». Non seulement l’Hôtel de Ville est assimilé à un repère de pédophiles, mais encore le mot « pédoland » ouvre la voie à tous les amalgames (c’est bien connu un pédéraste est un pédophile) et on ne peut exclure dans cette affaire une guerre menée par les groupes lesbiennes ultras contre les « gays ». À droite, on connaît des gens qui rigolent : « ils se dévorent entre eux ». Que le groupe EELV n’ait pas exigé la démission de Coffin et Rémy-Leleu en dit long sur ce groupe et ce qu’il est prêt à couvrir. Mais après la « manif » Adama-climat, plus rien ne peut nous étonner.

Lutte des races contre lutte des classes, lutte des sexes contre lutte des classes : l’extrême gauche du capital est très active pour sauver les vrais dominants au moment où la crise précipite dans le chômage et les misères des centaines de milliers de travailleurs, salariés ou indépendants.

Mais on se souviendra de tout cela. Les Verts, jamais !

Denis Collin