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L’inexorable déclin de Mélenchon et de LFI

vendredi 11 septembre 2020, par Denis COLLIN, Jacques COTTA

Le destin politique de Jean Luc Mélenchon s’est achevé le 23 avril 2017 au soir, au moment de la proclamation des premiers résultats. Jean Luc Mélenchon vient de gagner et pourtant il s’exprime comme un battu et va commencer à démolir méthodiquement ce qui avait été construit au cours des derniers mois et qui s’était cristallisé sur son nom. Avec 19,58 % des suffrages (plus de 7 millions d’électeurs ont voté pour lui), il talonne François Fillon et n’est qu’à 600 000 voix de Marine Le Pen. Personne n’aurait imaginé ce résultat quelques mois plus tôt. Les plus optimistes le voyaient à 14 ou 15 % et pendant un moment Benoit Hamon le dépassait. Ce résultat est dû à deux facteurs : la très bonne campagne menée par un Mélenchon au mieux de sa forme et l’effondrement du candidat socialiste Benoit Hamon dont on peut se demander si l’appareil du PS ne l’avait pas désigné à cette fonction pour gêner le moins possible le vrai candidat « socialiste », Emmanuel Macron.

La bonne campagne menée par Mélenchon reposait sur deux piliers. D’abord, un républicanisme puissamment réaffirmé sur tous les plans et avec ses symboles : la ré appropriation de la Marseillaise et du drapeau tricolore laissés jusque là au FN. Ensuite la défense des travailleurs, surtout des salariés. Jean Luc Mélenchon semblait rénover la figure de Jaurès en envoyant balader un clivage droite-gauche des plus confus. Il renouait ainsi avec cet électorat « de gauche » traditionnel, socialiste, mais aussi communiste, qui lui permettait peu à peu de dépasser Hamon dans les sondages et de talonner les trois candidats du système. Mais plus, il regagnait une part des électeurs du FN démoralisés et désorientés par les errements des partis de « gauche ». Ainsi, après la dérive de la vieille social-démocratie devenue un simple appendice des partis bourgeois, la possibilité s’offrait de la reconstruction d’un vaste mouvement politique, fondé sur les classes laborieuses et apte à redonner tout son sens à la vieille formule de la république sociale. La véritable victoire de LFI était là, dans cette politisation nouvelle et ce pas réel en avant qui venait d’être accompli.

Jean Luc Mélenchon à contre courant

A l’opposé des perspectives que lui offrait l’épreuve électorale, le candidat de LFI apparaissait à la télévision, les traits tirés, la mine de mauvais jours, et commençait pas annoncer sa défaite : « le résultat n’est pas celui que nous avions espéré », dit-il, avant de poursuivre en laissant entendre que le résultat réel n’est pas celui qui est annoncé, bref qu’on lui a volé la victoire. Il se voyait déjà président de la République. On dit que le secrétaire général de l’Élysée ainsi qu’un « gouvernement de l’ombre » étaient déjà nommés !

Le fait qu’il ait pu imaginer être vainqueur indique le degré mégalomaniaque atteint par le chef de la FI. S’il avait devancé Marine Le Pen tous les partis auraient fait bloc derrière Macron, mais cela semble lui échapper. Comme lui échappe surtout le caractère anti démocratique d’une élection dans laquelle un électeur sur deux boude les urnes et dans laquelle le vainqueur ne rassemble qu’a peu prés 20% du corps électoral. Dans les mêmes conditions donc, Mélenchon aurait été légitime là où Macron est frappé du sceau de l’illégitimité compte tenu le résultat issu des urnes. Début d’abandon des principes ?

Jean Luc Mélenchon adepte de Macron

La stratégie du candidat Macron en 2017 -qu’il va nous rejouer pour 2022- repose sur la présence de Marine Le Pen :

  • « Entre l’extrême droite et la démocratie que je représente, le choix me sera favorable ».

Voilà en gros ce que pense le président de la République, conforté en cela par une série de gauchistes -qu’on retrouve aujourd’hui au sein de la FI- pour qui l’ennemi premier est le fascisme « lepéniste » qui frappe à la porte.

C’est en réalité Jean Luc Mélenchon qui a conforté dés le début cette position, mettant au second plan la politique réelle proposée et menée par Emmanuel Macron, qui n’a strictement rien à envier aux propositions du FN.

A second tour des présidentielles, Mélenchon s’est fendu d’un « j’irai voter et je ne voterai pas Le Pen » , ce qui veut clairement dire en absence de précision « j’irai voter Macron ». Mélenchon était ici dans la lignée de son « tout sauf Le Pen » qui lui servait de vade mecum depuis plusieurs années quand il était désemparé. On se souvient de la rencontre sur vieux port de Marseille avec Macron où le FN sera le prétexte à une rencontre pour le moins improbable. On se souvient aussi qu’en 2012, après ses 11 %, Jean Luc Mélenchon était allé se présenter dans le Pas-de-Calais à Hénin-Beaumont. Marine Le Pen avait fait deux fois plus de voix que lui alors éliminé du second tour, devant s’effacer devant Philippe Kemel, lequel sera élu contre Marine Le Pen. La stratégie mitterrandiste, inventée en 1983-84, agiter l’épouvantail Le Pen pour se faire élire non sur sa ligne, mais contre Le Pen, avait de toute évidence fait son temps.

Revenons à 2017. Après avoir douché ses partisans et ses électeurs, Mélenchon affirmait pour les législatives qu’il fallait voter LFI pour obtenir une majorité contre Macron. Le lider maximo faisait ses offres de service pour devenir Premier ministre. Mais le résultat sorti des urnes est assez mauvais. LFI peut constituer un groupe parlementaire très réduit à l’issue notamment de négociations avec des élus qui n’étaient pas spécialement LFI avant l’élection, et un électron libre, François Ruffin, élu sur sa propre campagne, indépendamment des directives nationales, sur une base « union de la gauche ». L’analyse des voix laisse vite paraitre un résultat des plus médiocres. La moitié des électeurs de Mélenchon a fait défaut, soit par l’abstention, soit en revenant au PS ou au PCF.

L’avertissement était clair : il fallait réfléchir à la stratégie, construire quelque chose de plus solide que le « mouvement gazeux », essayer de s’implanter durablement dans le pays par des sections locales, appeler à l’unité. Mais rien de tout cela ! Sans tirer les leçons, LFI est conçue comme un dispositif de comités de bases, de 12 membres maximum, qui n’ont aucun droit de se fédérer au niveau d’une commune par exemple. Il faut que le sommet, c’est-à-dire Mélenchon, conserve le contrôle avec quelques parades médiatiques, des conventions réunissant des « délégués » tirés au sort. Mélenchon n’aime plus les partis, parce qu’il faut discuter, soumettre ses thèses au vote, éventuellement être mis en minorité. Il prétend défendre une Sixième République bien plus démocratique que l’actuelle république, mais son parti est un modèle de « parti du chef », semblable aux autres partis du même genre inventés par les capitalistes quelques années plus tôt. (Voir Mauro Calise, Il partito personale. I due corpi del leader, 2000). Le modèle Mélenchon est exactement le même que celui de Macron avec LREM.

Au point de départ était le programme

Sur des bases aussi incertaines, LFI entame une série de zigzags qui vont progressivement laisser de côté l’essentiel de l’électorat de 2017 et une bonne partie des cadres du mouvement. Comment donc ces errements ont-ils été possibles ? C’est qu’ils étaient compatibles avec le fameux programme « Avenir en commun » sur lequel tous sans exception -parfois même avouons-le sans l’avoir lu- ont juré comme un seul homme.

L’ère du peuple (EP) signé Jean Luc Mélenchon est publié deux ans avant l’Avenir en commun . Il « préface » le programme de la FI et concentre une jolie collection d’innovations assez époustouflantes qui ne laissent pas pierre sur pierre du vieux matérialisme historique, pourtant enseigné parait-il dans les écoles de formation des cadres de la LFI.

  • La mémoire courte
  1. Le livre commence par noter que depuis un siècle « aucun reniement à gauche n’égale celui de François Hollande en deux ans et demi. » Mélenchon a oublié que le gouvernement de Jospin en 1997 est le gouvernement qui a battu le record des privatisations, vendu France-Télécom et préparé la privatisation des autoroutes. Entre la signature des accords d’Amsterdam-Dublin et celle des accords de Barcelone, le gouvernement de Jospin est celui qui a organisé le plus méthodiquement l’impuissance de l’État… avant d’aller faire la guerre en Afghanistan, comme François Mitterrand était allé faire la guerre dans le Golfe. Mais il est vrai que le gouvernement Jospin, gouvernement de la « gauche plurielle » avait le soutien plein et entier de Mélenchon qui finit même par en faire partie.
  2. En matière de reniements, on pourrait remonter un peu en arrière : entre 1989 et 1993, les gouvernements Rocard puis Cresson, tous appuyés par le sénateur Mélenchon ont fait assez fort. Le grand « marché unique » mis en place avec ardeur par Bérégovoy, la déréglementation des marchés financiers, c’est encore autre chose que les reniements assez misérables de Hollande. Et encore en arrière, le tournant de la rigueur et le « sale boulot » de destruction de la sidérurgie par Fabius, ce n’était pas mal non plus. On peut encore remonter un peu plus loin, évoquer la guerre d’Algérie et la torture « socialiste », remonter aux premières années de la guerre froide, et de fil en aiguille jusqu’à la grande trahison de la 1914 : l’encre des résolutions de l’Internationale était à peine sèche que les chefs socialistes de chaque pays se précipitèrent dans la grande boucherie dont sont sortis tous les malheurs du XXe siècle.

Ainsi Mélenchon a de gros trous de mémoire. Les enseignements de l’histoire n’ont pas de place dans son écrit. Le but du livre est en effet défini :

  • « ne pas laisser croire que notre avenir serait de revenir à la doctrine de je ne sais quel passé glorieux. »

Voila qui est clair pour qui sait lire : Jean Luc Mélenchon ne veut pas « revenir » à la doctrine du « passé glorieux », c’est-à-dire au marxisme. Il est résolument, comme Chantal Mouffe et Ernesto Laclau un « postmarxiste ». Et comme on va le voir son livre ne vise pas seulement à rompre avec un marxisme dogmatique et fossilisé, mais surtout à liquider l’analyse marxienne du mode de production capitaliste et à jeter les fondements d’une révision radicale de ce qui a constitué le mouvement ouvrier.

  • Erreur de diagnostic

Au point de départ, il y a une erreur de diagnostic, erreur nécessaire pour qui veut se débarrasser des vieilles doctrines. Nous ne vivons pas une crise, dit l’auteur d’EP, mais nous sommes à une bifurcation de l’histoire, « un changement totale de la trajectoire de l’histoire de l’humanité ».

Pour faire son diagnostic et annoncer la grande bifurcation, Jean-Luc Mélenchon n’emploie pas une fois le mot « capital » , ni « capitalisme » , ni « mode de production » . Autrement dit, dès le début, il a tourné le dos au « matérialisme historique » , quelque acception que l’on donne à cette expression dont on a usé et abusé. Étrange, non ?

Pourtant l’alternative devant laquelle se trouve l’humanité depuis 1914 était clairement exprimée par Rosa Luxembourg ( excellent auteur, militante courageuse, femme remarquable entre toutes ), « Socialisme ou barbarie ». Pour des raisons historiques déterminées, même si Jean-Luc Mélenchon ne veut plus entendre parler de cette histoire, nous vivons une nouvelle phase de développement du mode de production capitaliste, qui s’est débarrassé de tous les vestiges des vieilles sociétés qui encombraient sa marche et qui nous mène directement à la barbarie dans tous les domaines, technologique autant que politique et morale.

  • Gauche et droite

Jean Luc Mélenchon part du constat qu’il n’existe plus aucune alternative à la « finance globalisée » , à l’échelle internationale. Mais le problème n’est pas la « finance globalisée » mais le mode de production capitaliste dont la finance globalisée n’est qu’une expression et même l’expression suprême si on en croit un vieux doctrinaire barbu « totalement dépassé », un certain Karl Marx. Contrairement à ce que croit Jean-Luc Mélenchon, ce n’est pas parce que la social-démocratie s’est dissoute dans le libéralisme qu’il n’y a plus de gauche. Certes, la vieille gauche, celle qui avait un lien avec la classe ouvrière, avec le mouvement syndical, celle qui se réclamait du socialisme, est effectivement morte et bien morte. Mais en réalité, il existe toujours une gauche, la gauche du capital. Elle est même très active dans les classes moyennes instruites, elle a pris le contrôle d’un certain nombre de métropoles, en France et dans le reste du monde… et elle fait la conquête de la France Insoumise et de Mélenchon lui-même !

Mélenchon ne s’étend guère sur le processus de conversion de la social-démocratie à la politique libérale. Il dit simplement :

  • « La social-démocratie s’est vite convertie avec zèle à la politique libérale prescrite par le parti démocrate américain sous la houlette de Bill Clinton. Dans ce processus, François Hollande occupe dès 1983 une place bien à droite, à contresens de la tradition française du socialisme. Car le socialisme français a toujours été singulier en Europe par son programme et ses alliances, du fait de l’histoire révolutionnaire particulière qui fonde notre République. »

Si on comprend bien, dès 1983, le coupable était Hollande qui a dû sans doute agir dans le dos de François Mitterrand, le président de la République de l’époque, lequel avait sûrement apporté un enthousiaste soutien à Reagan par simple inadvertance (voir l’accueil fait au sommet du G7 de Versailles de 1982). C’est aussi à l’insu de son plein gré et grâce aux manigances de l’horrible M. Hollande, que Mitterrand, l’idole de Mélenchon, est allé en Allemagne soutenir le déploiement des fusées de l’OTAN dirigées contre la Russie… Jean Luc Mélenchon a de toute évidence des souvenirs très sélectifs. Il appelle « solfériniens » les liquidateurs de la vieille maison socialiste, mais il omet d’en faire une liste complète, car il pourrait même en faire partie. Une plaisanterie disait que Mitterrand était un homme honnête car il rendrait le PS dans l’état où il l’avait trouvé (c’est-à-dire en ruines). C’est très exactement ce qui s’est passé et Jean Luc Mélenchon l’a toujours soutenu, sur tout ce qu’il caractérise aujourd’hui comme épisodes liquidateurs, y compris dans le pire.

Dans l’EP, il y a une violente polémique contre Hollande, polémique justifiée sur le fond, mais qui omet simplement de dire qu’Hollande a continué la politique des socialistes depuis trente ans. Dans L’Illusion plurielle (JC Lattès, 2001), nous avions commencé de faire cette histoire, d’en analyser les tours et les entourloupes. Jean Luc Mélenchon aurait pu lire notre livre… Il aurait appris que Hollande est l’héritier légitime de Mitterrand et de Delors. On peut dénoncer en Hollande un « ami de la finance ». Mais quel meilleur exemple pour indiquer que celui-ci s’inscrit dans les pas des différents chefs socialistes, dans la lignée par exemple de Laurent Fabius et de son fameux hymne à « la France qui gagne » (du fric), ou dans celle de François Mitterrand incarnée par l’intronisation de Bernard Tapie au plus haut niveau.

Même sur le chapitre des institutions, Jean-Luc Mélenchon a sûrement raison de dire :

  • « Sa pratique de la monarchie présidentielle a conduit la 5e République aux limites de toutes ses tares technocratiques et autoritaires. »

Mais cette phrase autant qu’à Hollande pourrait s’appliquer à Mitterrand autant qu’au duo Chirac-Jospin qui avec la double réforme quinquennat-inversion du calendrier électoral a définitivement transformé le parlement en simple projection de la présidence, en écartant de fait tout risque d’alternance. Les silences de Mélenchon sur ces questions essentielles ne sont-ils pas lourds de signification ?

Ces silences permettent de balancer par-dessus bord la vieille doctrine et d’ouvrir sur un nouveau sujet historique, « le peuple », tel qu’il est défini en 1789. Le retour à 1789 serait donc cette nouvelle trajectoire historique ? Toujours fâché avec l’histoire…

Mélenchon découvre la démographie.

  • « Changer notre regard sur le monde commence par accepter de voir ce nombre et ses pulsations comme le sujet de l’histoire et non comme un vague décor sans rapport avec la pièce qui se joue au premier plan sous les spots médiatiques. »

Le nouveau sujet de l’histoire serait donc le sujet abstrait, « le nombre ». Quelle découverte ! Mais non, le nombre n’est pas le sujet. Le sujet de l’histoire s’appelle « capital » et la population est précisément un produit du développement du capital, comme sa répartition entre les producteurs (l’immense majorité) et les « profiteurs », (la minorité de parasites qui ne vivent que du travail des autres).

La lutte des classes par-dessus bord

La substitution du « nombre » au « capital » comme sujet de l’histoire, du « peuple » et de « l’oligarchie » aux classes sociales, a abouti très logiquement à substituer les questions sociétales aux réalités sociales.

Peu à peu Jean-Luc Mélenchon s’est séparé de façon des plus autoritaires de tous ceux qui se permettaient d’introduire une virgule dans la Doxa mélenchonienne. Les groupes locaux récalcitrants étaient dissous sur décision du chef. Les compagnons étaient qualifiés de « tireur dans le dos », ce qui, traduit en langage stalinien, veut dire « traître ».

Peu à peu le gauchisme prend sa place dans LFI. A l’automne 2017, LFI s’engage dans une bataille qui aurait encore pu être axée sur la nécessaire unité des organisations syndicales et politiques pour faire plier Macron sur la loi travail, héritière de la loi de la socialiste EL Khomri. Mais le gauchisme centré sur la substitution à la bataille d’unité va s’imposer avec l’encouragement du chef. Une manifestation nationale est organisée à Paris qui réunit 30 000 personnes, un chiffre honorable qui pouvait servir de point de départ à une véritable bataille unitaire. Mais selon les méthodes habituelles, le chiffre est gonflé outrageusement : Jean-Luc Mélenchon annonce 150 000 manifestants qui pourtant tenaient tous à l’aise sur la place de la République (nous laissons le lecteur, muni d’une bonne carte de Paris faire le calcul de la surface de la place de la République et en déduire le nombre de manifestants possibles).

30 000 étaient donc un bon départ pour mettre en œuvre la ligne définie par Jean-Luc Mélenchon : une grande manifestation nationale de plus d’un million sur les Champs-Élysées, organisée dans l’unité par les syndicats. Mais LFI a tourné le dos à cette orientation. Mélenchon s’est pour la première fois révélé au grand jour comme adepte « d’une chose et son contraire », capable de prôner une orientation un jour pour satisfaire les uns, son contraire le lendemain pour faire plaisir aux autres, et en définitives un paquet de contradictions pour déplaire à tout le monde.

L’épisode révèle pour qui sait voir, que LFI n’est qu’une coquille vide, une étiquette qui recouvre des marchandises souvent avariées et que le verbe mélenchonien fait tenir ensemble.

Cet épisode et ce qui va suivre scelle la rupture de Mélenchon et de LFI avec l’électorat qui avait fait son succès, un électorat plutôt jeune, relativement ouvrier — tout est relatif en ce domaine — et surtout petites classes moyennes, de tradition de gauche, mais capable d’agglomérer aussi des abstentionnistes de longue date et des électeurs FN.

Cette coupe de l’électorat Mélenchon ne correspond pas du tout à la LFI. LFI est formée par la garde rapprochée de Mélenchon, c’est-à-dire le groupe dirigeant de feu le parti de gauche (ce parti n’est pas officiellement dissout, mais il n’a plus qu’une existence fantomatique). Ce parti, pour ceux qui le connaissent un peu, est ou était le dernier parti stalinien de France. Des cadres dirigeants et des intellectuels de ce parti, une part très importante est maintenant en dehors de LFI : François Cocq, Manon Le Bretton, Charlotte Girard, Georges Kuzmanovic, mais aussi Henri Pena-Ruiz chassé lors des AMFIS de 2019 par la coalition des islamistes. Jacques Généreux, qui publie toujours des livres d’économie, semble avoir disparu des écrans radar de la politique mélenchoniste.

Opportuniste, croyant qu’il suffit de flatter pour conquérir, que les programmes et engagements n’engagent vraiment que ceux qui ont la naïveté d’y croire, Jean Luc Mélenchon est aujourd’hui entouré des porteurs d’une idéologie qui n’a rien à voir avec les larges masses qui se sont portées en 2017 sur son nom.

  1. Parmi les nouveaux venus dans l’orbite mélenchoniste, il y a les végans. Jean-Luc Mélenchon qui n’est pas membre de la secte leur fait une cour assidue, LFI se prononçant maintenant clairement pour la liquidation des éleveurs français. La commission agriculture de LFI qui ne partageait pas ces vues impulsées par le chef, notamment après son tournant quinoa (il avait réalisé une vidéo à la gloire du régime quinoa), a été purement et simplement dissoute. Maintenant c’est Bastien Lachaud député et les sectaires de L214, association qui milite pour l’abolition de l’élevage, qui donnent la ligne de LFI.
  2. Aux végans, il faut ajouter les islamophiles de tous poils, c’est-à-dire essentiellement les prolongements dans toute l’extrême gauche des indigénistes. Porte-parole de ce courant, Danièle Obono ne cache ni sa haine de la République, ni son refus de la laïcité, ni son racialisme profond. Les bases de ce courant se trouvent dans le seul bastion de LFI, la Seine–Saint-Denis qui est aussi un bastion islamiste. Aux municipales 2020 de Saint-Denis LFI a d’ailleurs fait alliance avec les plus connus des chefs islamistes, notamment le fameux Messaoudene. La liste LFI a été battue par le PCF, mais c’est le PS qui a tiré les marrons du feu et a finalement emporté la mairie. Les AMFIs 2020 ont vu la consécration des indigénistes. Taha Bouaf, l’homme qui a organisé le lynchage d’Henri Pena-Ruiz en a été un des grands animateurs et Danièle Obono a reçu avec enthousiasme sa « sœur de race » (sic) Maboula Soumahoro, « théoricienne » très proche du PIR et symbole du noyautage de l’université par les indigénistes. Ce courant avait déjà entraîné Mélenchon et ses amis dans la honteuse manifestation du 10 novembre 2019 contre la prétendue « islamophobie » : on y vit des élus de la république défiler derrière des sonos qui hurlaient « Allahouh Akbar » .
  3. Il faudrait ajouter l’influence des groupes LGBTQ++ dans LFI dont les prises de position guident toutes les orientations et les votes de LFI sur les questions sociétales. À titre personnel, Jean-Luc Mélenchon n’a certainemet que mépris pour « l’écriture inclusive », mais celle-ci est devenue la norme à LFI.

Le programme AEC (l’avenir en commun) que même ceux qui ont rompu, volontairement ou par exclusion, continuent de défendre comme la prunelle de leurs yeux, a été présenté comme le ciment positif de cet étrange amalgame. Mais d’une part, les programmes valent moins que la pratique. La social-démocratie allemande était devenue depuis longtemps un parti auxiliaire de l’ordre capitaliste, mais elle a attendu 1958 pour répudier le marxisme… Et surtout dans l’AEC, il y a à boire et à manger. C’est une auberge espagnole où chacun trouve ce qu’il a apporté. Ainsi, à côté de bonnes propositions, on trouve de franches aberrations et des idées nocives qui permettent des cohabitations contre nature. Par contre, aucune clarté n’est faite sur des choses aussi essentielles que l’Europe. Quant à l’importance du tirage au sort comme moyen de la démocratie, il n’est d’autre conséquence que d’interdire aux citoyens de choisir leurs représentants, de les conforter, ou d’exiger leur révocation s’il leur prenait l’envie de trahir leur mandat.

Conséquence passée… et à venir

Les effets n’ont pas manqué de se montrer. Lors des Européennes de 2019, LFI guidée par une européiste de gauche, Manon Aubry, a fait un résultat quasi groupusculaire, dépassée même par le PS. Elle en a profité pour renouer avec le groupe parlementaire des gauches européennes, le GUE, pour y retrouver, embrassons-nous Folleville, Tsipras ! Aux municipales de 2020, LFI a disparu, noyée le plus souvent dans des listes « citoyennes » à géométrie variable, permettant de renouer parfois avec la bonne vieille union de la gauche et la tambouille tant vilipendée par le passé. Jean-Luc Mélenchon avait analysé l’incapacité du Front de gauche à avoir une stratégie nationale lors des régionales de 2015 comme le prélude à la disparition du Front de gauche que le PG avait noué avec le PCF. La désagrégation de LFI aux municipales est le prélude à sa disparition. Mélenchon, pour l’heure, courtise les Verts et se propose comme « candidat commun » à qui en voudra bien. LFI continue de perdre des « adhérents », c’est-à-dire des groupes actifs. La tambouille qu’a commencé à cuisiner ce vieux spécialiste de la magouille « partidaire » en perdra encore d’autres. Gageons que Mélenchon bazardera le moment venu LFI pour lancer un nouveau mouvement gazeux. « Bis repetita placent » : il n’est pas sûr que la répétition plaise tant que cela aux citoyens, d’autant que Macron, Le Pen et quelques autres ne peuvent regarder que satisfaits cette funeste pièce se dérouler sous leurs yeux.

Denis Collin - Jacques Cotta
Le 11 septembre 2020

Messages

  • Critique excessive qui participe au bashing anti Mélenchon et perd donc en crédibilité.
    Quid du PC par exemple dans le gouvernement jospin ? Rien comme propositions concrètes pour les prochaines élections ! Rassemblement à gauche, certes mais autour de qui et surtout de quoi ? Même le programme L’AEC ne trouve plus grâce à vos yeux. Programme que vous avez pourtant soutenu en 2017 ! Que des attaques had nominem contre des représentants de LFI. Ça frôle le règlement de compte mais ça manque de propositions pour envisager un futur meilleur dans l’avenir et pourtant c’est ENSEMBLE que nous parviendrons à réaliser quelque chose de positif pour une majorité de français.

    • Vous dites "critique excessive" : dites-nous en quoi elle est excessive. Où faisons-nous erreur ? Je suis toujours étonné de constater que lorsque l’on critique Mélenchon, ses partisans n’opposent pas des arguments mais dénoncent un "Mélenchon bashing". Surtout qu’en matière de "bashing", LFI n’hésite jamais. Demandez donc à Henri Pena-Ruiz ce qu’il en pense.
      "Ensemble", dites-vous. Soit, mais qui dans cet "ensemble" ? Ensemble avec les indigénistes ou les ayatollahs verts qui sont d’ailleurs des défenseurs de ces indigénistes. Ensemble avec les islamo-mafieux de Seine-Saint-Denis ? Ou ensemble avec toutes les organisations ouvrières et démocratiques pour la république sociale ?

      Quant aux propositions, il suffit de parcourir le site pour lire les nôtres qui sont également résumées dans le "Manifeste de la Sociale" pour un XXIe siècle plus heureux, publié en 2016.

    • Encore une fois, où sont vos arguments ? Il n’y en a pas et pour cause : il faudrait entre dans le détail du débat politique et vous savez très bien que Mélenchon ne cesse de louvoyer pour tomber du côté vers lequel il penche depuis au moins "L’ère du peuple", véritable manifeste visant à instituer la petite bourgeoisie radicalisée comme nouveau sujet révolutionnaire.

  • Quand j’ai lu " Le choix de l’insoumission " de Mélenchon, j’ai constaté à quel point JLM admirait Jospin. Il semble avoir été celui qui l’a le plus inspiré, après Mitterrand bien sûr.

    J’ai eu l’occasion de rencontrer Mélenchon qui était de passage à Toulon, et de lui rappeler les décisions calamiteuses prises par Jospin au Sommet de Barcelone, que vous citez ici ( quelques mois tout juste avant le premier tour de 2002). Comme je m’étonnais de ne rien lire à ce sujet dans le livre, il a botté en touche en me parlant de ses "problèmes familiaux de l’époque".

    Pour info ; " Le choix de l’insoumission " est sorti en 2016. Il avait largement le temps de faire toute la critique qui s’imposait !

  • J’en reviens au manifeste de la Sociale de 2016, que j’ai signé de bon cœur, et il me semble que cet article salutaire ne le trahit en rien, au contraire

  • Il n’est pas exclu d’apprendre de ses erreurs comme de ses succès. Mélenchon reste un homme prudent (en général) dont on peut ne pas accepter les bifurcations , les lacunes , les oublis volontaires ou accidentels, il les assumera et lui seul, au bout de la route. C’est sa responsabilité autant que son œuvre. Mais il faut bien considérer qu’il n’écrit pas une thèse et encore moins un guide théorique suspendu à la cohérence théorique , son domaine est celui de l’action, action politique. Il s’inscrit dans une ambition aussi personnelle qu’ historique menant à l’élection Présidentielle , pas pour y figurer , mais pour la remporter . Cela rend nécessaire de fédérer les orientations, faire partager les émotions comme les buts , ce qui comprend une part d’affectivité voire d’irrationalité . Donc ce qui est important c’est ce que l’électorat retient et c’est rarement la seule portée politique, d’où l’importance des "medias-politiques" qu’il faut rassurer sinon convaincre. Tout le monde le sait , mais certaines analyses (comme ici) demeurent plus axées sur la cohérence plus que sur la tactique. Chaque approche n’est pas du même niveau . C’est une des raisons pour laquelle il ne peut y avoir de confrontation productive . Pour cela il faudrait un parti, ou un espace commun qui n’a pas pris forme . On peut s’en féliciter ou le regretter et l’on peut craindre qu’il en soit ainsi jusqu’en 2022, si les divers et multiples mouvements d’idées politiques assez proches pour être en capacité de construire un élan présidentiel ne parviennent pas à une entente commune formalisée éventuellement en Programme de Gouvernement. Il semble donc nécessaire , maintenant de prendre rendez vous avec la Victoire , si on la souhaite , et parce qu’elle est possible.

  • Globalement d’accord avec la thématique principale, même si je ne partage pas certains détails comme par exemple l’idée que J.-L. Mélenchon aurait fait une bonne campagne en 2017… Non, c’était une campagne, comme tu écris, d’un Parti pour le chef, pas celle d’un militant de la VIe république.

    Son résultat électoral s’explique parce qu’il est devenu au fil des mois le « vote utile » à gauche à la suite surtout de l’effondrement moral du Parti socialiste et même d’EE-LV (parti prenante de son gouvernement et rallié à Macron pour ses chefs de groupes parlementaires, Pompili et De Ruby, entre autres).

    Dès lors, le candidat PS n’était plus en situation, d’autant plus lorsqu’il s’est pris de fantaisie sur la fin du travail, le revenu universel et autres renoncements à une politique de l’emploi.

    L’évidence est apparue pour ce qu’il était : un candidat socialement marginalisé.

    Dire aussi que Mélenchon avait anticipé un gouvernement fantôme autour de lui me paraît hasardeux, ou alors un gouvernement de papier pelure, car personne ne peut ignorer qu’il n’a jamais cessé de faire le vide intellectuel autour de lui et que ceux qui l’entourent valent surtout pour leur complaisance à l’égard du Grand Homme. Il n’avait donc pas les hommes (et les femmes !) pour crédibiliser un quelconque gouvernement.

    D’autres aspects (sur la LFI et le véganisme et même les indigénistes), je resterais plus pondéré. Car cela mérite un traitement plus circonstancié, sinon cette dénonciation apparaît comme assez unilatérale, manquant de preuves. LFI est d’abord et avant une formation opportuniste sans profondeur de champ. On l’a bien compris sur un sujet clé comme celui sur l’Union européenne et la monnaie unique. Son plan B (auquel LFI a même, de toute manière, renoncé) s’est révélé dans la durée comme une façon d’occuper frauduleusement le terrain de la critique des institutions européennes, sans plus ; c’était facile à imaginer vu les déclarations régulières du bonhomme en faveur de l’Europe de ses rêves et sa critique du « socialisme dans un seul pays », façon facile d’esquiver ce que devrait être le contenu du socialisme à l’aube du nouveau siècle et les moyens d’y parvenir.

    Nous sommes confrontés à une crise de la pensée stratégique.

    J.-L. Mélenchon est un dirigeant autocratique qui préfère mettre de côté tout ce qui fâche plutôt que prendre ce genre de question à bras-le-corps. Il n’est pas un stratège mais un simple activiste. Avec ce qu’il a fait de LFI, mais avant du Parti de gauche, il porte une lourde responsabilité dans la situation sociale de misère tout comme dans l’impasse stratégique dans laquelle le mouvement ouvrier français se débat.

    Pourra-t-on remédier à ce reflux profond ? On essaye…

    _

  • "les pro­gram­mes valent moins que la pra­ti­que" : et la pratique de LFI est bel et bien pourrie... J’ai personnellement assisté au retournement du député Corbière concernant l’alliance avec les réseaux indigénistes... Le tournant, je l’ai perçu au moment de la manif Pot-au-feu de Ruffin : suite à l’échec contre la loi anti-travail, ce pot-au-feu était en fait une débandade, surtout l’ouverture sur les réseaux indigénistes, comité Adama en tête, n’avait rien de spontané mais a été préparé par des militants d’état-major...

  • Bonjour et merci pour cette analyse que je partage ! Ayant moi-même participé à la campagne de 2017 même si je gardais une certaine lucidité sur ce mouvement qui accueillait des personnalités comme Clémentine Autain ou Danièle Obono ou encore sur le programme qui restait à améliorer, je suis tout de même resté amer et trahi quant à ce revirement radical de la Fi. Je me sens aujourd’hui orphelin et je ne sais plus aujourd’hui où m’adresser pour défendre le pays et mes idées socialistes.
    Je profite néanmoins de ce message pour avoir un éclaircissement sur le concept de "matérialisme historique" que vous revendiquez dans le texte. Plus précisément, est-ce que vous l’imbriquez dans une théorie des stades noyant l’individu dans un déterminisme radical ?

    Merci d’avance pour votre réponse et merci pour cette mise au point tout à fait bienvenue !

    Grégory.

  • Discours plein de fiel , interprétations à charge trop facilement rétrospectives , qui étonnent d’autant plus que l’auteur salue l’exploit des 19,58 % à la présidentielle . La plaque tectonique de la gauche a commencé à dériver vers la droite , O paradoxe , dès l’éviction de De Gaulle . En condamnant le stalinisme , on a jeté le bébé avec l’eau du bain . On n’a pas vu la gauche (plus que la droite ) s’opposer aux dérégulations qui ont fait des peuples européens des nains politiques face au marché et au néocolonialisme américain . Mélenchon a voté Non en 2005 . On peut penser qu’il ne propose pas le Frexit , malgré un souverainisme affirmé , parce que le peuple abusé par les médias n’y voit pas la nécessaire condition d’une authentique politique écologique de gauche . Alors on aura un souverainisme de droite qui ressemblera furieusement à du nationalisme .

  • Bien vu. Membre du PG jusqu’à la "création" de la FI, j’ai effectivement assisté à la dissolution de ce parti dans cette formation gazeuse dont je me suis échappée (mais où personne ne m’a retenue il faut dire !). A la suite des élections législatives de 2012, la propagande anti PC a commencé avec virulence. La cause : Mélenchon avait apporté 4 millions de voix au front de gauche par sa seule personnalité et c’est le PC qui a remporté le pactole du financement des partis car c’est lui qui a eu le plus de voix aux législatives. JLM ne l’a jamais digéré. Et j’ai assisté à une opération de destruction interne du FDG. Pire, alors élue FDG aux municipales de 2014, on m’a gentiment mais très vertement expliqué que je ne devais plus me revendiquer de cette étiquette, le FDG étant mort avait décidé le Chef ! On était à peine en 2015.
    De même, tel le lichen, symbiose parfaite d’une algue et d’un champignon, nul ne peut plus dissocier les éléments de la FI de ceux d’ATTAC. Cette association tournée dans un 1er temps vers les dossiers économiques s’occupe aujourd’hui principalement du dossier écologie/réchauffement climatique et en oublie ainsi sa vocation première sur laquelle elle ne s’exprime plus guère.
    Ainsi, JLM restera, j’en suis convaincue, comme le fossoyeur d’un immense espoir à gauche !

  • Billet intéressant à plus d’un titre. Mais le fond y est.
    Mélenchon vote Macron ? Bien sûr !!!!
    Dernier exemple et de taille le vote unanime, comme un seul homme, de la loi dite "d’urgence sanitaire" du 18 mars. Pas une voix contre, pas une abstention, tout le PCF, le PS, les LFI et les autres en soutien indéfectible à Macron et sa politique. Tous pour l’Union Nationale ! Union si chère à Macron, nécessaire pour sa guerre répétée 7 fois, la guerre des classes, la guerre sociale, la casse sociale, les licenciements et j’en passe. Ça a comme des relents de 4 août 1914 ou 3 septembre 1939 et de bien d’autres tristes soumissions.
    Alors les Insoumis soumis à Macron : la rigolade, la pantalonnade ?
    Il est plus que temps de voir les Insoumis s’insoumettre à leur vieil animal social-démocrate, ex-ministre du Parti dit socialiste qui parle, encore..., de redressement de la France et autres vacheries chères à la pétaudière bourgeoise mais qui mène tous à la faillite.

  • Après 2017 nombreux sont ceux qui, parmi les 6 millions d’électeurs d’avril, ont pu constater l’imposture que représente LFI.
    Quelques exemples :
     pas question pour Mélenchon de proposer à notre peuple de sortir de l’UE donc à l’instar de Tsipras, impossibilité d’appliquer le programme sur lequel il avait fait sa campagne électorale ! (s’agit-il d’ignorance du contenu des traités ou manipulation des électeurs ? La question se pose)
     dangereuse mise en veilleuse des valeurs républicaines (dont la laïcité) pour complaire aux "jeunes" des "quartiers", tout en faisant semblant d’ignorer que leurs "leaders" sont plus proches des "valeurs" patriarcales prescrites par le Coran que de celles énoncées par les Déclarations des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et du 24 juin 1793 (6 Messidor An 1) !
     pas de démocratie interne à LFI (j’en ai fait l’expérience moi-même !),
    le Petit Timonier et sa garde rapprochée régentent TOUT et gare à ceux qui doutent ou émettent des réserves, ils ne tardent pas à passer par dessus bord !
    Conclusion :
    Mélenchon et LFI sont juste une arnaque politique dont de nombreux électeurs d’avril 2017 ont heureusement pris conscience depuis.
    Pour l’instant J-L M., grâce à sa tchatche, réussit encore à ralentir (un peu !) l’inexorable chute électorale de sa baudruche que certains prennent toujours pour un mouvement politique, mais mère nature fera qu’un jour ou l’autre le "conducator minor" sera contraint de passer la main, et alors LFI (si elle existe encore !) rétrécira pour se retrouver avec le NPA ou LO, dans le club de ces "petites cylindrées électorales" qui n’ont aucune utilité réelle pour améliorer la vie des classes populaires.
    Il est temps que cette imposture prenne fin.

  • article uniquement à charge . Titre racoleur, pas un mot sur le déclin et la marginalisation du PCF depuis 1981 (le fameux retard de 1956 !°) et les couleuvres avalées, et pas le début d’une autocritique. ( c’est toujours la faute des autres) Petite precision, la FI n’a pas appelé à voter Macron (mais à ne pas voter FN) contrairement au PCF

  • Cette analyse est pertinente, documentée et n’en déplaise aux derniers inconditionnels LFI, fait preuve de recul et d’objectivité.
    J’ai quitté la FI en 2018 après avoir co-animé un GA à partir de 2016 et été candidate aux législatives sur la circonscription de Fabius.
    Ma déception, pour ne pas dire mon amertume a été à la hauteur de l’espoir et des convictions placés dans le mouvement.
    Mais l’absence de transparence, le sentiment de faire fantassins pour un général tout puissant, les incohérences de la ligne politique et les bévues médiatiques ont eu raison de mon engagement.
    J’ai depuis beaucoup beaucoup lu sur JLM et mieux appréhendé le personnage. Que ne l’avais-Je fait avant ! Je le pense aussi dangereux que ceux qu’ il dit combattre.
    Merci pour cet article. Je le partage sur fb.

  • Votre article à charge ne manque pas d’arguments, mais laisse un goût amer : à quoi sert-il ? En quoi est il utile en cette période où l’échéance électorale majeure s’approche ?
    Vous dénigrez l’aec par des affirmations non étayées c’est un peu trop facile après l’avoir soutenu.
    Le dernier congrès du PCF réclamait de " créer les conditions pour une candidature communiste á la prochaine présidentielle " mais quelles sont-elles, ces fameuses conditions ? Ont elles jamais été listées ?
    Pour le moment, je ne vois aucune condition reunie pour qu’une candidature communiste soit autre chose qu’une candidature d’échec systématique.
    Il ne serait pas raisonnable d’imaginer qu’elle fasse plus que Hamon en 2017 !
    Vous n’aimez pas jlm, soit. Moi non plus. Son anticapitalisme est douteux ? Yes. Mais que dire de celui du "dépassement " , et de ceux qui dans le PCF prônent encore des alliances inadmissibles avec un ps résolument et clairement socioliberal ? Une alliance PC - FI ne serait pas exactement une alliance de cœur, une alliance facile, mais ce serait le seul moyen raisonnable de virer l’oligarchie qui nous gouverne et d’aller vers la 6ème république que vous semblez souhaiter.

  • Voilà un texte fondé sur une revue de détails choisis à partir d’angles bien précis qui pointent méthodiquement vers l’affirmation du titre.

    « La véritable victoire de LFI était là, dans cette politisation nouvelle et ce pas réel en avant qui venait d’être accompli. »

    Le succès de LFI avec à sa tête Mélenchon a redonné du contenu et des couleurs à la gauche qui en avait bien besoin. Le mouvement a fait preuve dans la préparation de la campagne des présidentielles de 2012 et 2017 de qualités tactiques et stratégiques que l’on n’avait plus vues depuis longtemps à gauche. Une mobilisation et un travail de formation intergénérationnelle impressionnant a été effectué dont les graines sont toujours là. Le leader reconnaît la défaite électorale (de peu) en 2017.Pas de bon cœur. Le rôle de l’argent et des médias contrôlés à 90% par des oligarques, régentés par une chefferie au service du système dans le privé et le public a été déterminant. Pas sûr que toute l’énergie à gauche et à droite de LFI a toujours était de la partie. Drôle de diagnostic. La force du mouvement devient son passif. En dehors de tous rapports de forces ? Jolie pirouette.

    « Mélenchon …mégalomaniaque….lui échappe surtout le caractère anti démo¬cra¬ti-que d’une élection… Début d’abandon des principes ? …. Mélenchon était ici dans la lignée de son « tout sauf Le Pen … »

    Comprenne qui pourra. Faut-il participer aux élections ou pas finalement ? Abandon des principes ? Nous dire lesquels aurait été instructif car les devinettes font des malentendus. Mélenchon n’aurait pas réussi tout ce qu’il a entrepris comme à Hénin-Beaumont. Vite les noms de ceux qui ont tout réussi et jamais appris en faisant des erreurs. Le succès du RN serait réductible au contexte de la manœuvre mitterrandiste de 83/84 ? Je pense que le diagnostic de mégalomanie et le récit d’anecdotes ne font quand même pas une opinion construite qui serait intéressante à discuter.

    « Mélenchon affirmait pour les législatives qu’il fallait voter LFI pour obtenir une majorité contre Macron. »

    Que fallait-il faire d’autre ? On aimerait bien savoir.

    « LFI » peut constituer un groupe parlementaire très réduit à l’issue notamment de négociations avec des élus qui n’étaient pas spécialement LFI avant l’élection, et un et un électron libre, François Ruffin, élu sur sa propre campagne, indépendamment des directives nationales, sur une base « union de la gauche ».

    Moi, je trouve cela très bien.LFI fait partie de la solution et n’est pas la solution pas plus qu’aucune autre composante de la gauche qui détiendrait la vérité ni toutes les solutions. Pas facile, mais les bonnes choses s’offrent rarement sans travail ni mérites.

    « La moitié des électeurs de Mélenchon a fait défaut, soit par l’abstention, soit en revenant au PS ou au PCF. »

    Il est plus judicieux politiquement de faire le constat que 62% (abstentions, blancs, nuls) de nos concitoyens ont refusé de cautionner ce vote et que chaque député est loin de représenter le même nombre de voix. Les médias eux ont bien compris le danger et ont tout fait pour minimiser et occulter cette situation.

    « Sans tirer les leçons, LFI est conçue comme un dispositif de comites de bases, de 12 membres maximum, qui n’ont aucun droit de se fédérer au niveau d’une commune par exemple. Il faut que le sommet, c’est-à-dire Mélenchon, conserve le contrôle avec quelques parades médiatiques, des conventions réunissant des « délégués » tirés au sort. Mélenchon n’aime plus les partis, parce qu’il faut discuter, soumettre ses thèses au vote, éventuellement être mis en minorité. Il prétend défendre une Sixième République bien plus démocratique que l’actuelle république, mais son parti est un modèle de « parti du chef », semblable aux autres partis du même genre inventés par les capitalistes quelques années plus tôt. »

    Là aussi, comme pour les principes, ce serait plus convaincant si on nous expliquait et faisait des propositions concrètes. Le boulot de canarder et disqualifier LFI est déjà très bien fait par ceux qui ont peur de sa capacité à faire croire qu’une véritable alternative est possible. En fait ici, ce serait une contribution qui serait utile.LFI ne peut y arriver tout seul et c’est tant mieux pour l’avenir et la solidité de ce qui sera construit.

    « Le modèle Mélenchon est exactement le même que celui de Macron avec LREM. »

    Faut-il commenter ? Ensuite, retracer le parcours politique de Mélenchon uniquement à charge en négligeant la cohérence de son évolution fera penser à chacun d’entre nous à son propre parcours et les erreurs dont nous avons tous appris à l’exception peut-être de nos auteurs qui sont nés sachants et expérimentés, n’en doutons pas.

    « Voila qui est clair pour qui sait lire : Jean Luc Mélenchon ne veut pas « revenir » à la doctrine du « passé glorieux », c’est-à-dire au marxisme. »

    Le péché et la sentence ? Des règlements de compte qui renvoient au passé, encore ? Est-ce bien sérieux ?

    Une question me chagrine.Pourquoi s’attaquer si violemment à l’intérieur de la gauche ? Qui va tirer une fois de plus les marrons du feu ? Pourquoi recourir à ce poncif des médias, attaquer le leader (leader maximo avait vous repris) pour mieux laisser dans l’ombre les idées et le projet qui est bien entendu une proposition à discuter et la nécessité d’une coalition fondée sur un projet.

  • Même si je ne suis pas naïf, j’ai du mal à comprendre le procédé.

    Nos commentaires portent sur un texte en date du 11 septembre et ils apparaissent bien sûr à la date de leur publication toujours à la suite d’un texte qui a été complété apparemment dans la soirée du 15 ou ce 16 septembre de bonne heure mais qui est toujours affiché à la date du 11 septembre.

    Il y a de ce fait un effet de porte-à-faux d’une partie de nos commentaires et me semble-t-il un problème de déontologie et d’honnêteté. Dommage, dans le contexte médiatique actuel, des lieux de débats loyaux ce qui n’exclut pas la vigueur sont précieux et utiles.
    Avez-vous si peu confiance dans la pertinence de vos arguments ? Sur quelles bases souhaitez avoir des lecteurs et partenaires ?

  • Bonjour Octave Lebel,
    pourriez-vous nous indiquer :
     Si Mélenchon a dans son programme la proposition de nous consulter par référendum pour sortir de l’UE, seule possibilité réelle pour notre pays de faire ses propres lois ?
     Si Mélenchon compte nous proposer de sortir de l’euro afin de revenir à notre monnaie nationale et redevenir ainsi un pays souverain ?
    Si à ces deux questions essentielles la réponse est non (ce que je crois !), alors il est inutile de perdre notre temps à voter pour lui ou pour ses candidats à la députation, car le beau programme "L’Avenir en Commun" ne pourra pas jamais être appliqué !
    Tout le reste n’est que bavardage inutile et perte de temps.

  • Réponse à D Colin et JPB .

    Il me semble que mes remarques à propos des commentaires sont tout à fait pertinentes. Aux lecteurs d’apprécier.

    Si vous avez des questions à poser à LFI (je pense que vos questions sont très pertinentes ), comme je suis un simple citoyen attaché à la gauche qui donne son avis et qui n’est un inconditionnel de personne, peut-être serait-il plus utile pour la gauche de poser directement vos questions et d’échanger vos points de vue et propositions avec des représentants de LFI et tous ceux qui souhaitent se débarrasser de l’emprise néolibérale qui progresse à chaque élection même avec 62% de citoyens se plaçant en retrait aux législatives. Il n’est pas difficile de voir que des forces travaillent à dissoudre les repères démocratiques et sociaux, leurs ancrages institutionnels qui solidarisent encore nos sociétés avec beaucoup de persévérance et de moyens. Tout en disant le contraire. Nos adversaires le savent très bien et sont bien organisés à l’intérieur comme à l’extérieur dans leurs variétés pour jouer en contre. Ils voient bien me semble-t-il que la pression monte et que la France est le pays à bousculer et à affaiblir.

    Pour avancer, il faut se rassembler. S’il faut attendre d’être d’accord sur tout pour se rassembler, nous serions beaucoup à attendre encore le début d’un commencement de quoi que ce soit et nous aurions perdu de belles occasions d’échanger et d’apprendre.

    Pour mémoire il me semble que le Conseil National de la Résistance n’aurait pu exister si chacun n’avait pris la dimension de sa part de responsabilité. Chacune des composantes avait ses raisons propres, poursuivait ses propres intérêts et pourtant ils se sont rassemblés sur les priorités immédiates et un plan d’action qui les fédéra. On connaît la suite à la libération et après. Les identités et les intérêts n’ont pas été dissous. N’empêche, le programme du CNR a donné lieu à des transformations économiques et sociales radicales qui ont structuré en profondeur le pays, les mentalités, son redressement et au-delà. L’histoire n’est pas écrite pensaient nos prédécesseurs, alors ils ont contribué.Il me semble aussi que nous avons appris beaucoup de choses aussi depuis, et de manière accélérée.

    Je note qu’aussi (je n’en suis pas) que pour nos concitoyens qui ont du mal à finir le mois, qui s’inquiètent pour l’accès de leurs enfants à un emploi ou la possibilité d’accéder maintenant à l’enseignement supérieur etc.., conscients des forces qui gagnent du terrain à travers les décisions économiques, les lois, la prégnance des médias qu’elles contrôlent , il y a une urgence pressante à changer la donne et à faire en sorte qu’un rassemblement autour de solutions alternatives émerge sans plus attendre.
    Que croyez-vous qu’ils pensent de tous ces règlements de compte et à qui ils profiteront à la fin ?

    • Pour aller vite :
      1) il n’y a pas de "règlement de comptes" mais simplement des constats accablants pour Mélenchon et ses amis. Constats vérifiés dans les urnes et dans la réalité pratique. L’existence réelle de LFI, comme force organisée sur le terrain est difficile à percevoir même avec de bons instruments d’optique. Et les urnes sont catastrophiques encore une fois en raison des erreurs de diagnostic monumentales commises au soir du premier tour d’avril 2017.
      2) si une discussion était possible dans LFI ou avec LFI, nous la mènerions, mais l’expérience montre que c’est impossible. Il suffit de demander à Charlotte Girard, François, Georges Kuzmanovic, Henri Pena-Ruiz, etc. pour savoir ce qu’il en est. Je ne ferai pas ici de ma très longue expérience de la discussion avec Mélenchon qui remonte à 1983 et est émaillée de plusieurs ruptures. Quand on n’est pas d’accord avec Mélenchon, on est derechef qualifié de traître et envoyé dans les poubelles du FN... L’idée même de démocratie est rejetée par Mélenchon qui ne croit qu’aux grands hommes, aux chefs, et déteste les partis. Il se compte évidemment au nombre de ces grands hommes.
      3) Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est tourner la page. Tout simplement. Le "moment Mélenchon" est passé. Tourner la page en constituant un bloc populaire, large, englobant les salariés et les travailleurs indépendants, sans s’encombrer des risettes ridicules aux groupuscules extravagants qui ont commencé de coloniser LFI, le PCF et une partie du PS.

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