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Encore et toujours le laboratoire italien

mercredi 31 mars 2021, par René MERLE

Il est loin le 21 juin 1976 où du balcon du siège de la direction historique du Parti Communiste Italien, Via delle Botteghe Oscure, Berlinguer annonçait l’extraordinaire score de 34,4% obtenu par le Parti.
Qui entrait alors dans le siège central du plus puissant parti communiste d’Europe ne pouvait pas ne pas voir un drapeau rouge de la Commune de Paris fièrement exposé en relique sacrée.
Symbole d’une continuité révolutionnaire que ce qui demeure de courants communistes en Italie revendique encore :
« Non è morta ! Ricordando la Comune di Parigi », titre Angelo d’Orsi dans le dernier numéro de MicroMega.

Mais depuis 21 ans le célèbre siège de la rue des Botteghe oscure a été vendu, et le puissant Parti commmuniste italien, après moult avatars, a donné naissance à l’ectoplasme du PD, Partito Democratico [1]
Un parti dont Renzi, le Valls italien, l’ami de Macron, avait porté jusqu’à la caricature l’absence de principes, de vraies propositions, et l’incapacité de discerner à quelles parties de la société italienne il s’adressait.
Initiée en 1991, avec le PDS, ancêtre du PD, la fusion entre ex communistes et gauche catholique visait à créer une grande force réformatrice dont la stratégie devait jouer un rôle majeur tant en Italie qu’en Europe. Pari impossible qui voulait concilier le welfare social démocrate et l’acceptation inconditionnelle des nouvelles normes financières et économiques du capitalisme libéral, de l’atlantisme et de l’Europe communautaire.
On sait ce qu’il en est advenu. Un parti proclamé réformiste mais sans emprise réelle sur la réalité, incapable de dégager une ligne dans la bataille des courants internes, et en définitive n’ayant pas d’autre visée que sa survivance, places à la clé.
D’aucuns rêvent toujours de ce qu’aurait pu devenir pareille entreprise si les deux derniers vrais hommes d’état italiens, Moro et Berlinguer, n’avaient pas prématurément disparu.
Mais il est permis d’en douter.
À cet égard, le laboratoire italien devrait être une définitive leçon de choses pour ceux qui, en Europe et particulièrement en France, se bercent de l’illusion, non pas sur la naissance d’une nouvelle force réformiste rose et verte, car elle est virtuellement en gestation, mais sur sa capacité à faire dégager la société des ornières du néo-libéralisme.
Hélas, le nombrilisme français fait que bien peu regardent au-delà de la frontière franco-italienne, sinon, et c’est déjà ça, pour aller profiter de l’agro-tourisme et d’une cuisine qui demeure une cuisine, elle !
Mais revenons à l’enlisement politique du PD.
Cette régression politique absolue a fait que nombre de ses électeurs se sont tournés vers le Mouvement Cinq Étoiles, où ils pensaient retrouver les valeurs de démocratie, de justice sociale, d’égalité des droits, de solidarité… Quitte à faire la dure expérience de l’écartèlement entre les vertus proclamées et dorénavant l’exercice sans principes du pouvoir.

Depuis un an une nouvelle direction du PD semblait vouloir redresser la barre, en se séparant de ceux qui, comme le disait alors le secrétaire national Zingaretti, « che pensano solo alle poltrone », qui ne pensent qu’à leur fauteuil….
Mais Zingaretti vient de démissionner et le PD s’est embarqué, (avec Salvini !) dans un gouvernement d’unité technico-nationale dirigé par un banquier…
Gramsci et Bordiga peuvent se retourner dans leurs tombes !


[1En ce qui me concerne, je renvoie les lecteurs intéressés par les racines de cette mutation aux nombreux articles qui en traitent sur mon site. Par exemple : « Andreotti il Divo. Quand l’Italie "démocratique" était border line (et elle l’est toujours) »
https://renemerle.com/spip.php?article132

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