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« Il jouait du piano debout »

dimanche 2 janvier 2022, par Gilles CASANOVA

« Il jouait du piano debout »
Dans Le Dictateur, Charles Chaplin montre un dictateur grotesque, dans le but de ridiculiser les régimes totalitaires, fasciste et nazi, qui fleurissent alors en Europe et qui prétendent dominer le monde.
Mais sans qu’il y ait besoin du cinéma pour cela, le grotesque fait partie des attributs de la dictature et du totalitarisme. Qui n’a vu ces images de Benito Mussolini, grotesque et halluciné, prononçant des discours délirants, mais qui entraîneront son pays dans le précipice.
Pour cela, il faut la peur, il faut que la peur se soit emparée de la société, et il faut le bouc-émissaire, c’est-à-dire qu’il faut qu’une réponse facile – correspondant à des circonvolutions antiques de notre cerveau – puisse rassurer les plus inquiets, les plus faibles, les plus dominés et leur donner le sentiment que le maître est venu, qui va résoudre leurs problèmes et leur éviter de penser, donc leur éviter d’avoir peur.
La peur, c’est celle du déclassement, celle de la mort sociale, mais ce peut être aussi celle de la mort physique.
On voit bien comment cette peur du déclassement, après l’inflation galopante qu’a connu l’Allemagne, dans les convulsions qui suivent le crack de 1929 en Italie, est un puissant carburant pour les courants totalitaires qui vont s’épanouir dans l’Europe, balayée par les conséquences de la crise de 1929.
Par son ampleur, la crise de 2008 est comparable à celle de 1929. Tirant les conséquences de la façon dont les institutions financières avaient réagi, les grandes banques centrales ont choisi cette fois-ci d’injecter d’énormes quantités de liquidités dans le système financier. Ceci a évité le déclassement de masse instantané et l’hyper-inflation qui avait été le drame des années 1930, mais cela a produit en retour une explosion des inégalités, avec une concentration – jamais vue dans l’histoire humaine – une concentration de la fortune entre quelques mains, puisque quelques centaines de milliardaires possèdent aujourd’hui la majorité de la richesse de l’humanité.
Et si le déclassement n’a pas été immédiat comme il y a 90 ans, il est beaucoup plus massif, beaucoup plus progressif, beaucoup plus lent, mais il apparaît chaque jour plus, à ses victimes, comme inexorable. On le voit bien si l’on observe les sociétés d’Europe occidentale où les classes moyennes disparaissent progressivement.
Elles sont remplacées, d’un côté par des couches supérieures qui vont s’intégrer à la globalisation financière et bénéficier d’une progression économique spectaculaire, celles qui se sont retrouvées derrière la fondation – financée par Bill Gates – « Terranova », qui a pris en main la direction et le destin du Parti socialiste, avant de le poignarder pour le compte d’Emmanuel Macron.
Et de l’autre côté, elles sont remplacées par une prolétarisation des activités, produite par l’automation, la numérisation, et de plus en plus l’intelligence artificielle, qui rendent inutile l’existence de ces couches intermédiaires, pour les grands opérateurs financiers qui contrôlent l’économie.
« La gauche » ayant choisi de s’indexer sur les couches supérieures de la petite bourgeoisie urbaine insérées dans la globalisation financière et « Terranova », a donc fait le lit du Capital le plus concentré, du bloc des milliardaires, qui a de plus en plus envie de changer le monde en sa faveur, pour mettre fin au capitalisme traditionnel, à base nationale, qui est bien trop étriqué pour ses rêves d’accumulation illimitée.
Cette « gauche » a disparu, et comme l’enveloppe de la chrysalide, elle n’existe plus qu’à l’état de restes, tandis que le papillon Macron s’est envolé, rassemblant derrière lui un bloc élitaire, d’une part, et un projet politique transnational élaboré entre Davos, Bilderberg, la Fondation Rockefeller et tant d’autres symposiums dans lesquels se rencontrent les milliardaires et leurs employés intellectuels, d’autre part.
Ce projet s’appuie sur le fait que, secteur après secteur, la numérisation du monde, la virtualisation des échanges, engendrent la création de monopoles ou de duopoles mondiaux aux mains d’un ou deux hyper-milliardaires, qui dominent sans partage leur domaine. Les GAFA ne sont qu’un arbre, qui cache une forêt en expansion.
Ce projet a besoin d’une « société liquide » comme le veut George Soros, ce qui suppose un « Great Reset » comme le veut le patron de Davos. Il s’agit de se débarrasser des Nations, qui en Occident sont structurées autour d’un dispositif démocratique, qui donne aux populations un rôle clé dans la nomination des dirigeants.
Il faut, d’une part, briser tous les attachements collectifs des individus pour en faire de simples homo economicus, consommateurs, isolés face aux monopoles tout-puissants qui leur apportent les ingrédients matériels et émotionnels de leur vie. 
Et il faut « en même temps » se rapprocher du modèle de contrôle numérique total chinois, qui permet prospérité économique et domestication quasi-animale de la population civile.
Il faut mettre sur pied pour cela un système qui, progressivement, va construire cette société totalitaire, mais qui va prendre l’aspect d’une société de loisirs, de télétravail, d’Amazon, de PS5, de Netflix et d’Oculus, à condition que vous acceptiez de jouer le jeu, sinon vous tomberez dans la catégorie du bouc-émissaire, à qui de manière générale un destin peu enviable est promis, même si ce n’est pas toujours la Kolyma ou le zyklon B.
Mais pour mettre en œuvre ce projet, il fallait le levier, il fallait l’opportunité, et comme je l’avais expliqué dans une vidéo que je remets tous les ans ici parce qu’elle annonce tout ce qu’il va se passer, fin 2019, en indiquant que le moment est venu de la transformation du quantitatif en qualitatif, donc il fallait se saisir – lorsqu’il passerait – du levier…
Une grande peur sera orchestrée autour d’une crise sanitaire mondiale, celle du Covid19, dont la caractéristique est de tuer des populations dont l’âge moyen est sensiblement ou fortement plus élevé que l’espérance de vie du pays concerné, et qui est sans symptôme pour la majorité de la population.
En Europe occidentale, le levier va fonctionner en s’appuyant sur les hypocondriaques que l’on trouve dans toute société, mais surtout en faisant fonds sur une génération décisive, celle des baby-boomers.
Arrivant après les classes creuses des guerres mondiales et de l’entre-deux-guerres, cette génération va plier les sociétés européennes à ses intérêts. Elle va obliger une explosion scolaire pour l’accueillir, elle va révolutionner les sociétés d’Europe occidentale autour de 1968, lorsqu’elle va faire sa crise d’adolescence, et avoir besoin d’un espace social structuré différemment pour accueillir sa massivité, elle va révolutionner les retraites quand elle va approcher de ses 60 ans, et aujourd’hui, elle ne veut pas laisser la place, elle ne veut pas de ce déclassement vers une mort inéluctable, maintenant qu’elle fait entrer sa massivité dans la zone septuagénaire.
Elle qui a eu l’habitude de dominer les mouvements de la société, se trouve déclassée, marginalisée, cela lui est insupportable. Cependant, parce que les jeunes générations, – plus soumises au feu roulant émotionnel du système médiatique – ne participent plus guère, depuis longtemps, au phénomène électoral, c’est cette génération qui contrôle les élections.
C’est cette génération qui apporte aux couches privilégiées – trop peu nombreuses pour constituer une majorité, même relative, dans un jeu politique émietté – c’est elle qui apporte la masse de manœuvre nécessaire au contrôle électoral des opérations.
Mais c’est elle aussi qui apporte l’appui au dispositif de restrictions, de réduction des libertés, aux petits pas faits lentement mais sûrement depuis quelques années, vers une société totalitaire technologique numérisée, ne craignant pas pour elle-même les conséquences de cette politique sur un avenir de long terme, dont elle sait qu’elle sera nécessairement absente. Cette génération, sans y réfléchir collectivement ou consciemment, est prête à sacrifier les autres.
Lorsqu’on parle par exemple du rapport bénéfice-risque de la vaccination anti Covid19, qui ne voit qu’il y a dans la vaccination des enfants un véritable bénéfice pour les plus de 75 ans, même s’il y a un véritable risque pour les enfants eux-mêmes.
C’est le prix à payer pour que le bloc élitaire ait un soutien majoritaire dans la génération des baby-boomers que de mettre en danger les jeunes générations, pour le confort de celle qui leur permet de garder le contrôle. On avait cru au début que c’était un grand mouvement de solidarité intergénérationnel, on voit avec le temps – qui révèle les phénomènes – qu’il s’agit de bien autre chose.
Ensuite, les détails par lesquels ce processus évolue et avance, mériteront de la part des historiens l’écriture de thèses très fouillées, qui montrerons la terrible dialectique à l’œuvre…
En ce moment, nous sommes dans un moment grotesque, pour reprendre le début de notre propos. Un variant dont les pays qui ont été les premiers à être massivement contaminés nous indiquent qu’il produit peu de maladies graves, très peu d’hospitalisations, et encore moins de morts, est le prétexte à un déchaînement grotesque d’une campagne de bouc-émissaire contre les non-vaccinés, dans notre pays qui est quasiment le plus vacciné au monde… et à l’édiction de mesures de privation de liberté toujours plus contraignantes, toujours plus massives, et devant lesquelles les institutions chargées de protéger la société d’une telle dérive – mais représentatives de la génération du baby-boom - s’affaissent les unes après les autres.
Nous voyons bien le mouvement qui est à l’œuvre.
Seul un retour d’une vraie vie politique, un retour des partis politiques, de droite, de gauche et autres… Peut permettre d’enrayer ce phénomène, et créer les conditions d’une contre-offensive.
Mais pour cela il y a un verrou, ce verrou c’est un télévangéliste et quelques centaines de zombies qui ont acheté leur place au Parlement par l’Internet pour 40 000 €. Il faut absolument les chasser au printemps. Et c’est possible.
C’est un préalable à tout. Quel que soit le parti qui serait opposé à ce système de zombies, il vaut mieux que ce système qui est taillé pour aller « en marche » vers un nouveau totalitarisme souriant et cool.
Comme nous sommes dimanche, tout cela m’a fait penser à une musique, à une chanson, et c’est naturellement la grotesque interdiction de boire debout dans les cafés qui m’a mis sur la piste de cette chanson, écrite et composée par Michel Berger en 1980, à la gloire d’un rockeur américain qui n’acceptait pas de se plier à tous les codes du moment, et qui a été interprétée par France Gall en 1980. Elle fustige opportunément les « les trouillards à genoux et soldats au garde-à-vous »…
Le dimanche, avec plus ou moins de succès, mais pour le plaisir de quelques aficionados, je diffuse une musique sur cette page.
Je vous propose d’écouter, aujourd’hui, France Gall qui chante « Il jouait du piano debout » :

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