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Dire la vérité, quelque amère qu’elle soit

mercredi 4 mai 2022, par Denis COLLIN

Le plus important est la vérité. Si on renonce à la vérité, on renonce à tout. Jaurès le dit dans un discours célèbre : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » Au moment où l’on somme de choisir notre camp, il est plus que jamais nécessaire de rappeler cette phrase du grand Jaurès. Choisir son camp, cette phrase a un drôle de goût pour tous ceux qui connaissent un peu l’histoire. Choisir entre le goulag et Auschwitz ? Aujourd’hui, il faut choisir son camp, entre Poutine et Biden, entre les fauteurs de guerre de tous bords. Chacun d’ailleurs vous accuse, si vous dites des choses déplaisantes, de « faire le jeu » de l’autre. On sait combien le stalinisme triomphant a usé et abusé de ces sommations d’usage. Critiquiez-vous les procès de Moscou ? Vous étiez un agent de Hitler. Critiquiez-vous la dernière vilénie de l’Oncle Sam — qui n’en est pas avare — et vous étiez un « rat de communiste ».

Rien ne semble avoir changé. Les noms sans doute, le communisme a disparu. Mais les Russes sont toujours des bêtes sanguinaires. Et nous, nous n’avons peut-être pas Dieu à nos côtés, mais nous sommes le Bien. D’ailleurs nous sommes tellement le Bien que nous pourchassons des nazis imaginaires en France, mais que nous soutenons des nazis réels, des gars qui ont pour insigne celui de la tristement célèbre division SS « Das Reich » qui ont le mérite incomparable de combattre les Russes, dans un pays mis en coupe réglée par les États-Unis et leurs alliés depuis l’explosion de l’Union soviétique et surtout depuis la prétendue « révolution orange » et sa réplique à Maïdan en 2014.

Les Russes perdront sans doute. Poutine est le dos au mur et s’il recule ses jours politiques seront comptés. D’où son entêtement à continuer de bombarder l’Ukraine. On dit qu’entre 15 000 à 20 000 soldats russes sont morts. La situation économique en Russie se dégrade encore. Sauf à nous suicider tous — on agite beaucoup, ces jours-ci, le spectre la Troisième Guerre mondiale — on voit mal comme le maître du Kremlin se sortira du guêpier ukrainien dans lequel il s’est fourré, comme ses prédécesseurs de l’URSS se sont enterrés en Afghanistan.
Si Poutine perd, seuls les naïfs peuvent croire que la démocratie gagnera. L’Ukraine n’est pas une démocratie, ou alors une démocratie à la sauce tartare. Les bandes violentes et les mafias y font la loi, soutenues et soutenant les consortiums américains ou européens. Politiquement, l’Ukraine est un décalque de la Russie. Si les oligarques ukrainiens et leurs bandes armées gagnent, on aura une petite Russie poutinienne intégrée dans l’Europe. Rien d’autre. L’Ukraine a un avantage sur la Russie : les fabriques industrielles de bébés à destination des riches Américains y tournent à plein régime.

Quelle que soit l’issue, l’Europe perdra. Elle subira de plein fouet une crise économique dont le guerre en Ukraine n’est que le déclencheur. Elle aura définitivement montré son incapacité à être souveraine de quelque manière que ce soit. Elle dépendra encore plus des États-Unis. Les discours creux sur la « souveraineté européenne », la « défense européenne » et autres calembredaines de la même farine apparaîtront aux yeux de tous pour ce qu’ils sont : du babil de politicien. On peut peut-être encore éviter la catastrophe par la voie diplomatique, mais rares sont ceux qui cherchent encore à emprunter cette voie.
De toute façon, le monde a déjà complètement changé. L’Europe s’efface, progressivement. Entre des États-Unis eux-mêmes déclinants et des puissances asiatiques qui s’affirment de plus en plus nettement, il n’y a sans doute plus de place pour une Europe qui, à l’instar des pays de l’Est et du sud du continent voit sa population décliner à un rythme accru. La loi du nombre est dure mais c’est la loi. L’Inde et la Chine sont déjà en train de préparer l’avenir, chacune à sa manière. Et dans cet avenir, il n’y aura pas beaucoup de place pour la démocratie libérale à l’européenne.

Messages

  • il est exact que l’Union Européenne est la grande perdante du conflit Ukrainien.
    Il n’est pas certain que la Russie soit perdante.
    La situation militaire est mal connue ici, et méfions nous des communiqués triomphants de l’OTAN et du gouvernement américain.

    Cette crise devrait réveiller en France la nécessité d’un sursaut national, et poser la question de l’OTAN.
    A quoi sert l’OTAN, quel est son rôle et son but.
    Poser la question c’est y répondre, l’Ukraine illustre parfaitement le rôle du gouvernement américain et celui de supplétif réservé à l’Union Européenne.

  • la vérité est que sans retrouver notre souveraineté , nous subirons l’hégémonie américaine et serons ravalés au rang de supplétif de l’oncle Joe, soumis pieds et poings liés, que notre économie sera sous hégémonie américaine et donc notre mode de vie.
    La guerre d’Ukraine rend plus nécessaire que jamais de rompre avec l’OTAN et la politique bélliciste des États Unis d’Amérique. Cette politique va à l’encontre de nos intérêts et de la paix.. Elle nous permettrait aussi de rompre avec la mondialisation néolibérale anglo-saxonne, promue, pilotée et soumise à la politique commerciale de l’oncle Sam.
    Le maintien dans l’OTAN va faire de notre pays un cobelligérant et nous entrainera dans des guerres qui ne sont pas les nôtres et sont contraires à nos intérêts et à nos valeurs.

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