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Regarder la réalité en face

samedi 4 juin 2022, par Denis COLLIN

Marx a mis à nu la logique de la marchandise comme "cellule" de la société bourgeoise. Il en a montré le développement et on peut aisément constater combien il a eu raison. Le capital fait sauter toutes les barrières morales et dissout toutes les communautés humaines. La "valorisation de la valeur" est un processus impitoyable qui menace d’engloutir le monde. Mais ce sont les conséquences politiques que Marx a tirées qui sont invalidées. La classe ouvrière comme la vieille classe bourgeoise a été broyée par ce mécanisme, comme toutes les autres communautés humaines. C’est la marche même du capital qui "abolit le salariat et le patronat". Et tout cela met hors de notre horizon le socialisme (utopique) de Marx : les producteurs associés qui prennent en charge la production. Les producteurs associés, ça marche dans de petites unités, mais pas au-delà.

Je n’aime pas abandonner. "À quoi bon  ?" disent les désappointés, les déçus et les désespérés. Nous avons encore, quel que soit notre âge, la charge de l’avenir. Nous sommes responsables de l’humanité comme le disait, un peu pompeusement, Sartre. Il faut seulement accepter de prendre appui sur le passé pour préserver un futur possible. L’immense majorité de l’humanité vit dans des communautés nationales, dans des cultures et des mœurs déterminées et non dans l’espace abstrait du capital mondialisé. Les nations sont le seul lieu où les humains peuvent tenter de rester maîtres de leur destin, autant qu’il nous est possible. Les langues nationales et les cultures sont la matière même de notre esprit et de notre rapport au monde. De l’école aux institutions de la république souveraine, c’est cela qui devrait être défendu, pied à pied. En admettant que les autres peuples ont, sur ce point un droit égal au nôtre et en nous abstenant de vouloir donner des leçons à la terre entière. Les "créolisateurs" sont des partisans de la mondialisation capitaliste, ils participent de cette volonté de la classe capitaliste transnationale de créer une masse de main d’œuvre mondialisée, nomadisée, exploitable à merci. C’est sans doute là que se trouve l’un des clivages essentiels des luttes politiques à venir. Il y en a un autre qu’il faudra aussi développer : préserver le caractère sacré de la personne humaine face à ceux qui sont entrés gaiement dans le chemin du "trans", du transgenre au transhumanisme. Il me semble que ces clivages nous obligent à rebattre les cartes, à renoncer une bonne fois pour toutes aux catégories obsolètes de droite, gauche, extrême-droite, extrême-gauche, etc.

Bref, cesser de vivre en regardant derrière nous.

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