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L'insupportable dérive islamophile de la gauche

Par Yvon Quiniou • Actualités • Jeudi 07/07/2016 • 10 commentaires  • Lu 3231 fois • Version imprimable


Une insupportable complaisance envers l'islam envahit la gauche, y compris communiste, que plusieurs faits attestent. Elle tourne ainsi le dos à l'héritage des Lumières comme à celui de qui voulait libérer l'homme de la religion. C'est là une insupportable démission et de l'intelligence et de l'exigence, morale autant que politique, d'émancipation, qu'il est impératif de dénoncer.
Je me sens une  nouvelle fois dans l’obligation d’intervenir sur la question de l’islam telle que la gauche, dans sa grande majorité, tend à la méconnaître ou à la masquer en faisant « silence » sur elle, comme Jean Birnbaum l’a justement indiqué dans son ouvrage récent, Un silence religieux, ainsi que dans un débat franc avec moi sur France-Culture il y a quelque temps. Ne pas le faire, ce serait renier d’une manière indigne une de mes convictions les plus profondes.

Ce qui m’y a décidé, c’est un évènement que je trouve proprement scandaleux dont je viens de prendre connaissance : la Jeunesse communiste de Bobigny a invité les musulmans de leur ville à fêter la fin du ramadan avec eux. Entendez bien : fêter la fin du ramadan dans un cadre communiste officiel ! C’est un peu comme si à Lourdes, des militant communistes ou plus largement de gauche invitait les pèlerins à trinquer avec eux ! Ce qui s’est traduit (c’était annoncé pour vendredi dernier) par la manifestation d’une sympathie ouverte, publique et politique, sinon idéologique (je souligne), envers une religion rétrograde, obscurantiste, dogmatique, anti-laïque, haineuse, machiste, homophobe, et hostile  aux incroyants  jusqu’à commander leur meurtre – autant de traits que je n’ai pas inventés, qui sont présents dans sa doctrine originelle (voir mon livre sur l’islam ainsi que celui d’Onfray, malgré quelques propos contestables) et auxquels adhèrent non tous les musulmans, de fait, mais  tout au moins les djihadistes, en fait et en droit, spécialement dans les pays où cette religion domine. Comment ont donc fait ces jeunes militants communistes, voulant il est vrai lutter contre le racisme antimusulman, pour concilier leurs principes inspirés de (critique irréligieuse, égalité homme/femme dans ce cas) avec la fréquentation revendiquée politiquement (j’y insiste à nouveau) de ceux qui les nient ostensiblement ? Au fait, y avait-il des femmes voilées, autorisées donc par leurs maris à y être ? Et si c’était le cas, avait-on conscience du côté des responsables de cette rencontre, de la signification anti-féminine du voile ? C’est bien un intellectuel proche du PCF et fondamentalement anti-raciste qui  pose ces questions !

Elément déclencheur de ce billet, cet événement, local il est vrai, m’a fait venir à l’esprit d’autres éléments plus larges et tout aussi scandaleux, concernant la gauche dans son ensemble et à charge contre elle dans ce dossier. Je rappelle d’abord (j’en ai déjà parlé ici) qu’E. Badinter, féministe et laïque impeccable autant que courageuse, a été attaquée par l’Observatoire de la laïcité présidé par J.-L. Bianco pour avoir critiqué publiquement l’islam sur les points que j’ai dénoncés, dont le port du voile en visant à la fois son sens machiste et sa valeur de signe religieux ostentatoire… au point que trois membres de cet Observatoire ont protesté en démissionnant de leurs fonctions pour désavouer leur président. C’est dire la claire orientation de cet organisme en faveur d’une laïcité molle et minimale, proche du communautarisme, et qui, il faut aussi le savoir, consulte en son sein des courants religieux islamiques extrêmement douteux sans qu’aucun parti politique à gauche s’en émeuve, au contraire ! Même une association comme la Libre Pensée, que je respecte habituellement pour son combat, pacifique et intellectuel, contre l’aliénation religieuse, s’est crue obligée de soutenir la condamnation des propos de Badinter… au nom du droit à la liberté d’expression ! Mais quelle est cette liberté d’expression qu’on revendique et que vaut son droit quand elle consiste à s’en prendre à ceux qui se battent contre  une religion qui la nie et bafoue les droits de la femme ?

Enfin, un autre fait, massif lui, doit être connu de ceux qui n’ont  renoncé ni à l’idéal laïque, ni à sa valeur formatrice, pour l’individu comme pour le vivre-ensemble, à travers l’école et l’éducation à la raison, ni enfin à la moralité en politique. J’ai appris que dans la banlieue parisienne à nouveau (mais cela doit valoir pour bien d’autres banlieues ou villes ouvrières où vivent des population déshéritées et immigrées), on finance à l’aide de l’argent public des associations qui se disent culturelles alors qu’elles ne sont que le prête-nom pour des associations cultuelles musulmanes, lesquelles en profitent pour, par exemple, construire des mosquées où des prêches extrémistes sont souvent proférés. Il est vrai que la même chose se produit, sous diverses ou d’autres formes, dans la sphère d’influence des autres religions, la catholique en particulier ; mais un scandale ne se justifie pas par l’existence d’un autre scandale et, surtout, il se trouve que c’est l’islam qui est en cause ici du fait de son prosélytisme particulièrement actif et dangereux, dans un contexte global lui-même très menaçant. Un analyste aussi réfléchi et avisé, mais aussi critique, que Marcel Gauchet, dans son excellent livre Le malheur français, dénonce cette situation avec beaucoup de lucidité. Car ce qui est en question ici, plus largement, c’est une pratique clientéliste de la politique qui affecte tous les partis, particulièrement à gauche dans ce cas, et qui est proprement immorale : s’accorder les suffrages des musulmans dont on sait qu’ils votent majoritairement à gauche, précisément. N’a-t-on pas vu, sur un plan différent, le NPA faire figurer une musulmane voilée sur une liste électorale au mépris de tout principe laïque ? Il est vrai que l’on peut ajouter à cette motivation très peu digne, celle, plus honorable, de préserver, à un certain niveau tout au moins, la paix sociale et on l’a vu plus haut chez des militants communistes, celle de lutter contre un racisme antimusulman lui aussi menaçant. Mais tout cela se fait en bafouant les valeurs d’impartialité et de liberté constitutives de la République et dont on se réclame en façade. Il y a là une véritable régression de la politique dont Gauchet signale justement qu’elle contribue à son discrédit massif dans la population. C’est ainsi qu’on fait aussi le lit de l’extrême droite, sans le vouloir  bien entendu! Mais la naïveté ou le cynisme, au choix, ne constituent pas des excuses.

Concluons : rien ne saurait justifier de pareilles formes de complaisance à l’égard de l’islam quant on se situe, au minimum, dans le camp du progrès et encore plus quand on est animé par un objectif d’émancipation humaine universelle, qui implique qu’on lutte contre tout ce qui aliène l’homme, religions comprises. Et il convient de le dire et de le redire, malgré beaucoup de médias qui refusent de diffuser ce message  et contre la mode idéologique qui pervertit l’intelligence d’une certaine gauche néo-marxiste : l’islam contient un potentiel totalitaire qui peut à tout moment s’actualiser (et c’est le cas dans les pays musulmans). Comme les autres religions me dira-t-on, ce qui est vrai. Sauf qu’il est présent à un degré officiel extrême dans son texte fondateur, le Coran. Et sauf aussi que les deux autres religions du Livre ont dépassé, contraintes et forcées par l’histoire (et non spontanément), leur Moyen-Age où la violence était à la fois professée (voir le Deutéronome dans la Bible) et pratiquée (voir les guerres de religion aussi violentes et barbares que l’islamisme radical actuel), alors que l’islam en est resté à son Moyen-Age, spécialement dans les régimes où il justifie ou incarne directement un pouvoir terriblement oppressif, sinon tyrannique, tant il est vrai que cette religion est d’emblée politique.

Il est donc impératif de réagir idéologiquement (en dehors de toutes les autres actions socio-politiques qui ne perdent en rien leur urgence propre) et de refuser toute islamophilie aveugle, inconsciente, naïve, mystificatrice et auto-mystificatrice. Comme il est indispensable de rester fidèle, au-delà de celui des Lumières, à l’héritage marxien pour qui « la critique de la religion est la condition préliminaire de toute critique » : pour pouvoir critiquer la terre afin de l’améliorer, il faut commencer par dissiper intellectuellement les illusions religieuses qui en voilent les atrocités, voire en commettent d’autres qui leur sont spécifiques. Ce n’est pas là une haine dépassée et pré-marxiste de la religion comme le soutient Pierre Tévianan dans un pamphlet spécieux et  peu subtil intitulé  La haine de la religion, alimentant ainsi une vision compassionnelle des peuples opprimés (ce qu’ils sont, effectivement) qui se croit autorisée à les excuser de leurs croyances délétères et aliénantes sous prétexte qu’ils sont opprimés. C’est au contraire assumer à nouveau un devoir de critique intellectuelle de toutes les formes d’inhumanité liées au phénomène religieux, dans des conditions inédites mais persistantes, même si cela vous expose à des réactions hostiles malhonnêtes et inattendues de la part de vos amis politiques – j’en sais hélas quelque chose ! L’islam est donc lui aussi « un opium du peuple » qui l’enfonce dans sa « détresse réelle » en la lui faisant oublier et il n’y a rien en lui qui soit porteur d’un quelconque facteur d’émancipation ! Refuser de s’engager dans cette tâche de critique que je persiste à qualifier de morale, c’est se faire le complice d’une nouvelle « trahison des clercs (comme disait Benda), d’un nouvel abaissement de la raison dont la gauche, y compris la gauche anti-capitaliste, nous offre l’affligeant et désespérant spectacle. Je ne veux pas en être !

                                                                    Yvon Quiniou

 

 (Cet article a été publié sur le blog Médiapart d'Yvon Quiniou)

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Commentaires

par regis le Vendredi 08/07/2016 à 03:10

"alimentant ainsi une vision compassionnelle des peuples opprimés (ce qu’ils sont, effectivement) qui se croit autorisée à les excuser de leurs croyances délétères et aliénantes sous prétexte qu’ils sont opprimés."
Tous les peuples sont à des degrés divers "opprimés" et la vision compassionnelle n'apporte rien pour leur émancipation. Par contre, il y a des états féodaux (songeons entre autres à celui appuyé sur le pacte du Quincy renouvelé depuis) oppresseurs armés de la rente pétrolière qui professent cette idéologie religieuse sur lesquels les Tévanian et consorts sont bien silencieux.
Plus près de nous, la gauche qui se réduit de plus en plus à un pseudo système de "valeurs" est remplie d'un respect....quasi-religieux envers l'islam fort oublieuse de son histoire marquée par la laïcité.
Déjà en 2005, les culs-bénits penchaient là où est leur intérêt :
http://www.lemonde.fr/europe/article/2005/05/10/les-organisations-musulmanes-de-france-en-majorite-pour-le-oui_647987_3214.html


PAS DU TOUT D AC par Anonyme le Dimanche 10/07/2016 à 18:52

 Je vais commencer par cette salve contre Tévanian accusé de développer« une vision compassionnelle des peuples opprimés (ce qu’ils sont, effectivement) qui se croit autorisée à les excuser de leurs croyances délétères et aliénantes sous prétexte qu’ils sont opprimés ;

 

« Sous prétexte qu’ils sont opprimés » !!!! Il fallait oser le dire quand même. «  Se croire autoriser les excuser de leurs croyances » ? Voilà qui fleure bon le totalitarisme athée, dénoncé par Robespierre et qui tient de la tradition blanquiste, pas de la tradition marxiste. Voilà qui n’a rien à voir avec la critique de la religion. Viennent ensuite les anathèmes habituels : « islamophilie ». Ceux qui luttaient contre l’antisémitisme furent accusés de « judéophilie » en leur temps. Avec d’autres mots, mais cela revient au même.

 

Et, comme toujours, revient le couplet « laïque » ! Un couplet que l‘on entend guère quand des hommes d’Etat coiffent une kippa ou quand Mélenchon demande à rencontrer le Pape.

 

Oui, parlons-en des associations culturelles subventionnées par les municipalités. Lorsque, conseiller municipal, je votais contre les subventions  à l’association culturelle israélite, on me regardait de travers. De même que je votais contre les subventions à l’aumônerie d’un lycée. Tiens, les aumôneries dans les lycées, personne ne dit rien ! Les aumôniers militaires, ça ne choque personne.

 

Badinter, féministe et laïque ? Ah ça non. Le féminisme ne consiste pas à rendre des femmes responsables de leur oppression et de les fustiger grâce à un minable pouvoir médiatique et de dire comment on doit se vêtir, avec l’ex-pabliste (lcr) Rossignol, ministre du droit des femmes dans ce pays où l’on ferme les crèches du personnel hospitalier, où les crèches sont en nombre ridiculement insuffisant…Dans ce pays de l’inégalité des salaires entre femmes et hommes.

 

Je n’ai pas pour habitude de défendre le PCF mais sur cette fête du ramadan, je ne vais pas m’en priver ! Comparer une rupture de jeûne avec un pèlerinage à Lourdes, il fallait le faire ! Pourquoi ne pas comparer avec un repas de noël ou de saint sylvestre ? Ou un week end de pentecôte à la fête de LO ? Stigmatisons LO qui fait sa fête lors d’un week end religieux, pendant que nous y sommes !

 

On reparle du voile de cette militante du NPA qui a été lâchée par son parti ! Mais personne n’a jamais rien dit quand l’abbé Pierre s’est fait élire député en soutane ! Et que faudrait-il dire de Lénine, alors. Bien pire que le PCF puisqu’il défendait l’existence d’un parti communiste MUSULMAN en Crimée  (que Staline a liquidé – déportant les tatars vingt ans plus tard)

Et reviens toujours cette antienne, la même que lorsque l’on revendique la régularisation de tous les sans-papiers et l’ouverture de toutes les portes pour tous les réfugiés : combattre le racisme anti musulman, c’est faire le jeu de l’extrême droite …sans le vouloir !!!

 

Et sur l’Islam, revient toujours la même erreur : de croire que c’est une religion monolithiques, de faire comme si elle avait une hiérarchie à l’instar de l’Eglise apostolique et romaine, sans comprendre qu’elle n’est pas vécue de la même façon suivant les pays. Au reste, parle-t-on des massacres antimusulmans en Birmanie ? Publie-t-on ce qu’écrit le Dallai Lama sur les femmes qu’il dépeint comme un « trou infect » ? Parle-t-on du sort que réserve l’hindouisme aux femmes qui sont veuves ? Et nos ecclésiastiques pédophiles ?

 

Orlando a été l’occasion de s’en prendre à la religion musulmane jusqu’à ce qu’on réalise que le fou était homosexuel et pensait avoir contracté le Sida. En revanche, silence sur les centaines de turcs et d’irakiens massacrés par Daesh ! Silence sur les deux noirs exécutés gratuitement par une police raciste !

Conclusion provisoire : critiquer les religions, dénoncer les INSTITUTIONS religieuses, entièrement d’accord. Stigmatiser la foi et les croyances des gens, pas d’accord ! Combattre pour la loi de 1905, c’est-à-dire pour l’abrogation du Concordat d’Alsace-Moselle, pour l’arrêt total de tout financement public à l’enseignement privé, entièrement d’accord et, dans le même temps, combattre les lois anti voile, contraires à la loi de 1905 et à l’illustration qu’en livrait Jaurès. Lois crétines et discriminatoires qui poussent lers gens vers l’enseignement confessionnel ou à domicile (eh oui, la « France laïque » de Valaud-Belkacem permet l’école « à la maison »). Pour le reste, il a toujours été prouvé que la répression anti religieuse se soldait par un essor de la ferveur religieuse. Et c’était bien le but que s’assignait le très chrétien Stasi quand il a préparé la loi anti voile (et anti jupes longues !!) à l’école. Qui ne voit pas que l’atteinte aux libertés religieuses prépare l’atteinte à toutes les libertés individuelles, à commencer par les libertés vestimentaires, au simple jeu JURIDIQUE du « parallélisme des formes ».


Re: PAS DU TOUT D AC - Réponse à Daniel Petri par la-sociale le Lundi 11/07/2016 à 22:46

Yvon Quiniou, après avoir publié son papier sur son blog Mediapart a subi une salve de critiques assez semblables à celles de Daniel Petri lors de la republication de ce papier sur "La Sociale". Ce qui est intéressant dans la réponse de Daniel Petri, c'est la méthode, le style, et le style c'est l'homme ou plutôt c'est la politique. Commençons:

Je vais commencer par cette salve contre Tévanian accusé de développer« une vision compassionnelle des peuples opprimés (ce qu’ils sont, effectivement) qui se croit autorisée à les excuser de leurs croyances délétères et aliénantes sous prétexte qu’ils sont opprimés ;

 « Sous prétexte qu’ils sont opprimés » !!!! Il fallait oser le dire quand même. «  Se croire autoriser les excuser de leurs croyances » ? Voilà qui fleure bon le totalitarisme athée, dénoncé par Robespierre et qui tient de la tradition blanquiste, pas de la tradition marxiste. Voilà qui n’a rien à voir avec la critique de la religion. Viennent ensuite les anathèmes habituels : « islamophilie ». Ceux qui luttaient contre l’antisémitisme furent accusés de « judéophilie » en leur temps. Avec d’autres mots, mais cela revient au même.

Et, comme toujours, revient le couplet « laïque » ! Un couplet que l‘on entend guère quand des hommes d’Etat coiffent une kippa ou quand Mélenchon demande à rencontrer le Pape.

 On peut croire que Petri prend la défense de Tévanian. Ce seul point serait intéressant: que le trotskyste orthodoxe qui me reprochait il n'y a pas bien longtemps de me contenter de défendre la démocratie et la république et de ne pas réclamer la révolution prolétarienne et la république des conseils ouvriers vienne au secours de Tévanian, gauchiste manière des années 2000, multiculturaliste, pro-voile et pro-islam, c'est déjà tout un programme. Mais laissons Tévanian là où il est. Après avoir cité Quiniou, Petri ne réfute pas Quiniou. Il lui reproche simplement de dire quelque chose que l'on n'entend guère quand des politiciens flattent, qui la religion juive, qui la catholique. Voilà une bien curieuse argumentation. Au motif que Mélenchon veut rencontre le Pape, il faudrait ne rien dire de l'islam. Où est la logique là-dedans? Si c'était Mélenchon qui avait écrit la phrase citée par Pétri, Petri serait fondé à dénoncer une tartufferie. Mais, selon des sources bien informées, Quiniou n'est pas un pseudonyme emprunté par Mélenchon. Au demeurant Mélenchon, grand ami de Clémentine Autain est sans doute beaucoup plus proche des positions de Petri que de celles de Quiniou.

L'"argumentaire" de Petri se poursuit sur le même mode:

Oui, parlons-en des associations culturelles subventionnées par les municipalités. Lorsque, conseiller municipal, je votais contre les subventions  à l’association culturelle israélite, on me regardait de travers. De même que je votais contre les subventions à l’aumônerie d’un lycée. Tiens, les aumôneries dans les lycées, personne ne dit rien ! Les aumôniers militaires, ça ne choque personne.

 

Petri est contre les subventions aux associations religieuses. Quiniou aussi. Alors pourquoi Quiniou a-t-il tort de dénoncer les subventions aux associations religieuses islamiques? A moins que les seules religions qui méritent le courroux révolutionnaire de Petri soient le judaïsme et le christianisme? J'ajouterai qui si certains collègues conseillers municipaux de Petri le regardent de travers, Quiniou ne figure pas au nombre de ses collègues... Qu'est-ce que vient faire ici toute cette histoire? Concernant les aumôneries, on rappelera à Petri qu'elles découlent de la loi de 1905. Elles sont censées permettent à ceux qui sont coupés du reste de la société par la nature de leur situation (militaire, internes des lycées d'antan, prisonniers) de pouvoir continuer à pratiquer leur culte. Et personne, parmi les militants laïcs, ne conteste la présence d'imams dans les prisons. A trop vouloir prouver, Petri montre une fois de plus qu'il ignore presque tout des questions dont il veut parler.

Poursuivons notre lecture de la réponse de Petri:


Badinter, féministe et laïque ? Ah ça non. Le féminisme ne consiste pas à rendre des femmes responsables de leur oppression et de les fustiger grâce à un minable pouvoir médiatique et de dire comment on doit se vêtir, avec l’ex-pabliste (lcr) Rossignol, ministre du droit des femmes dans ce pays où l’on ferme les crèches du personnel hospitalier, où les crèches sont en nombre ridiculement insuffisant…Dans ce pays de l’inégalité des salaires entre femmes et hommes.

Il y a sûrement beaucoup de choses à dire contre Mme Badinter. Mais la voilà immédiatement amalgamée à Mme Rossignol qualifiée d'ex-pabliste (lcr)... Les guerre picrocholines du petit monde du trotskysme servent ici d'argument. Rossignol est une ex-pabliste (pouah, que c'est laid) et en s'en prenant aux lignes de haute couture islamique, elle est une alliée de Badinter ...  le sous-entendu est que Mme Badinter est une grande bourgeoise qui défend un féminisme bourgeois rendant les femmes responsables de leur oppression et donc que Mme Rossignol (ex-pabliste!) est une alliée de la grande bourgeoise Badinte et ces bourgeoises n'ont pas à dire comment les femmes doivent s'habiller. Mais Petri oublie un tout petit détail: ni Badinter ni Rossignol ne se mêlent de la manière dont les femmes doivent s'habiller. Par contre les imams et les "grands frères" (petites frappes, petits et gros dealers et parfois nouveaux convertis au salafisme) s'en mêlent et durement. Dans certains pays, comme l'Iran, les femmes en ont plus qu'assez que les barbus leur imposent les accoutrements d'une religion obscurantiste (pléonasme), alors pour faire respecter l'ordre, les "gardiens de la révolution" (autrement les gardiens de la contre-révolution islamiste) ont embauché 7000 supplétifs à Téhéran pour assurer l'obligation du port du voile. Mais le révolutionnaire Petri ne le voit pas. Il n'y a que Mmes Badinter et Rossignol qui doivent être blamées non pas pour avoir dit aux femmes comment elles doivent s'habiller mais précisément pour avoir dit haut et fort que les grands couturiers (de malheureuse prolétaires sans doute!!!) ne doivent pas se faire les complices des mollahs et des imams..

Toute le reste de la réponse de Petri est de la même eau. On appréciera tout particulièrement le «
Je n’ai pas pour habitude de défendre le PCF mais sur cette fête du ramadan, je ne vais pas m’en priver !». Un psychanalyste aura tôt fait de dégager le sens réel de cette dénégation! En fait Petri s'aligne sur le PCF quand le PCF s'aligne sur le PIR qui a lui même été porté sur les "fonds baptismaux" par d'anciens du PCF. Si on voulait reprendre les caractéristiques utilisées dans le petit monde du trotskysme, on trouverait facilement ce qui convient à Petri: «colle au cul des appareils!» Je me contente de la conclusion de Petri:

« critiquer les religions, dénoncer les INSTITUTIONS religieuses, entièrement d’accord. Stigmatiser la foi et les croyances des gens, pas d’accord ! Combattre pour la loi de 1905, c’est-à-dire pour l’abrogation du Concordat d’Alsace-Moselle, pour l’arrêt total de tout financement public à l’enseignement privé, entièrement d’accord et, dans le même temps, combattre les lois anti voile, contraires à la loi de 1905 et à l’illustration qu’en livrait Jaurès. Lois crétines et discriminatoires qui poussent lers gens vers l’enseignement confessionnel ou à domicile (eh oui, la « France laïque » de Valaud-Belkacem permet l’école « à la maison »). Pour le reste, il a toujours été prouvé que la répression anti religieuse se soldait par un essor de la ferveur religieuse. Et c’était bien le but que s’assignait le très chrétien Stasi quand il a préparé la loi anti voile (et anti jupes longues !!) à l’école. Qui ne voit pas que l’atteinte aux libertés religieuses prépare l’atteinte à toutes les libertés individuelles, à commencer par les libertés vestimentaires, au simple jeu JURIDIQUE du « parallélisme des formes ».

 

Petri est donc lancé dans une croisade pour la défense des libertés religieuses! C'est exactement la thèse des organisations comme le CCIF et autres faux-culs gauchistes du genre Plenel qui voient dans toute critique de l'islam une atteinte à la liberté religieuse. Que derrière le CCIF et Plenel on trouve une organisation contre-révolutionnaire comme les Frères Musulmans, cela n'inquiète pas une minute le trotskyste (non pabliste) Petri. Le problème, il est que si nous sommes tous prêts à défendre les libertés religieuses - partie intégrante de la liberté de conscience -- les organisations islamistes ne l'entendent pas de cette oreille. Elles réclament pour elles-mêmes le principe de la liberté religieuse qu'elles refusent aux autres. Petri devrait s'interroger sur la réalité de la liberté de conscience, je ne dis pas en Arabie Saoudite ou au Qatar, mais en Égypte, en Algérie ou au Maroc (grands financiers et formateurs des imams "français"). Qu'en est-il de la liberté de conscience quand on peut être mis en prison pour n'avoir pas respecté le ramadan. Mais aussi qu'en est-il de la liberté religieuse des mulsulmans qui veulent rompre avec leur religion, et, par exemple, s'affirmer athées?

Concernant le laïcité, Petri défend la "laïcité ouverte" à la sauce Bianco (exactement comme ses anciens camarades du POI qui donnent leur appui fervent à Bianco). C'est-à-dire une laïcité réduite à la tolérance version anglo-saxonne. Mais précisément, la laïcité ce n'est pas la tolérance. La laïcité c'est, par la séparation des églises et de l'État, le refus que l'espace public soit structuré par une religion. Or ce qui caractérise une religion, c'est exactement cela, non pas une foi (c'est-à-dire une croyance intime) mais une organisation de l'espace social, séparant ce qui est sacré de ce qui est profance, ce qui est pur de ce qui est impur, ce qui permis de ce qui est interdit. Or, les organisations islamiques (je n'ai pas dit les musulmans en général, dont beaucoup acceptent sans problème les lois républicaines) ne renoncent jamais à cette volonté d'être les organisatrices de l'espace public. Quand on impose des heures de piscine réservées aux femmes, c'est très exactement de cela qu'il s'agit.
Petri dit qu'il ne faut stigmatiser les croyances. Soit. Mais quand on enseigne la théorie de l'évolution, beaucoup des amis islamistes de Petri s'insurgent car cela va contre le Coran. Faut-il renoncer à la science pour ne pas "stigmatiser" les croyances islamistes?  Faut-il autoriser les filles à "sécher" l'EPS, sans parler de ces jeunes embrigadés qui ne veulent pas aller en cours de musique, puisque la musique est impure selon les dogmes salafistes?
Quand Petri termine en parlant de l'atteinte aux libertés vestimentaires, on hésite entre la rigolade devant tant de bêtise et l'indignation. Qui dicte les conduites vestimentaires? Les vieux laïques ringards comme moi ou les lois islamiques? En fait Petri reproduit sans s'en rendre compte l'argumentaire Tariq Ramadan/Plenel. Cet argumentaire a pour but de légitimer les organisations islamiques, c'est-à-dire la contre-révolution totalitaire. Tant d'aveuglement chez des gens qui pourtant ne s'étaient pas laissés prendre à d'autres attrape-nigaud à la mode laisse pantois.

Denis COLLIN


Re: PAS DU TOUT D AC par Anonyme le Jeudi 14/07/2016 à 01:14

OK avec Bianco, qu'il continue son travail les mains dans le cambouis car  l'intolérance des laîcards est révulsante !!!


POUR LA DÉFENSE DES LIBERTÉS RELIGIEUSES DES MUSULMANS - CONTRE LES AMALGAMES par Daniel Petri le Mardi 12/07/2016 à 02:58

POUR LA DÉFENSE DES LIBERTÉS RELIGIEUSES DES MUSULMANS - CONTRE LES AMALGAMES

 

Difficile de répondre longuement à cette salve. Mais la mauvaise foi est manifeste. Et,je dois le dire une certaine morgue universitaire.

Exemple : ai-je dis qu’il fallait voter les subventions aux associations musulmanes ? Non.

Ai-je dit dans un autre texte auquel Collin fait référence qu’il fallait se prononcer maintenant pour la république des conseils ouvriers. Non, j’ai dit, au contraire, que cette question devait rester ouverte et que la question du « débouché » ( république sociale, constituante, Etat Commune ou organisation anarchiste de la société) ne devait pas être un préalable à la constitution d’un parti de classe, en m’appuyant sur la déclaration fondatrice de la SFIO en 1905.

Ai-je dit qu’il ne fallait pas d’aumônerie dans les lycées ? Non. J’ai dit : pas de subventions
.
Quant à Mélenchon, il fait partie comme Collin de la croisade anti-voile et il a mené campagne contre les jugements de prud’hommes et cour de cassation qui jugeaient discriminatoire le licenciement d’une salariée de crèche pour port du foulard.

Ai-je parlé de « tolérance » ? Non. J’ai parlé de défense des libertés individuelles. Quand les bonnes sœurs en tenue et voilées ou les bonzes de Krishna se promenaient dans la rue, les bureaux de postes, les gares, personne ne mouftait. Ca ne posait aucun problème.

Collin me dit : « ni Badinter ni Rossignol ne se mêlent de la manière dont les femmes doivent s'habiller » Oh que si ! Et cette histoire d’imams qui imposent leur tenue aux femmes, pur fantasme ! Aux femmes musulmanes, Collin dénie le libre arbitre, ni plus, ni moins. Une femme voilée est forcément « soumise ». Qu’en sait-il ? Il connaît leur vie ? Prend -il la peine de discuter avec elles ?

A La Réunion, une bonne partie des femmes portent le voile musulman depuis des lustres et des lustres. Aucun problème. C’est pourtant un « territoire de la république »…

Tout cela n’a rien à voir avec la tolérance ou avec une « faveur ».

Oui, je défends les libertés religieuses dans le droit fil de Marx et Lénine. Ni plus, ni moins. Dans cette bataille, ce n’est certainement pas moi qui suis en mauvaise compagnie.

Dans cette bataille, comme dans toutes les autres, je suis dans le camp opposé à Valls, Mélenchon, Badinter, BHL, Fourest, Juppé, Stasi et aussi Riposte Laïque, le FN, les « identitaires ». Ni plus, ni moins.

Et, je dénie le droit à quiconque de me traiter d’islamo-quelque chose.

Il suffit de relire ce que mon organisation a écrit sur les Frères musulmans quand ils étaient AU POUVOIR en Egypte et tout ce que nous écrivons sur les rois et émirs d’Arabie Saoudite et le Qatar. C’est un amalgame.

Une chose est la discussion sur l’attitude à avoir vis-à-vis des religions en général et de l’Islam en particulier, autre chose est ce procédé d’amalgames et cette morgue.

Collin, tu n’es pas, comme tu le prétends, dans la critique de la religion musulmane mais dans la stigmatisation DES musulmans, pour la restriction de leurs libertés religieuses, voire leur répression (n’as-tu pas écrit qu’il fallait « se bagarrer pour retirer le voile des jeunes filles au lycée »). Ce n’est pas, à mes yeux, le bon combat.

L’amalgame atteint son plein régime lorsque Collin écrit : « Petri dit qu'il ne faut stigmatiser les croyances. Soit. Mais quand on enseigne la théorie de l'évolution, beaucoup des amis islamistes de Petri s'insurgent car cela va contre le Coran. Faut-il renoncer à la science pour ne pas "stigmatiser" les croyances islamistes? Faut-il autoriser les filles à "sécher" l'EPS, sans parler de ces jeunes embrigadés qui ne veulent pas aller en cours de musique, puisque la musique est impure selon les dogmes salafistes? »

Eh oui, j’apprends que j’ai des « amis islamistes » !!!! Il fallait oser l’affirmer ! le terme islamiste étant, par ailleurs, très, très élastique ! propice, lui même à tous les amalgames

La malice est mauvaise muse, Collin : aucun élève n’est autorisé à sécher les cours, pour quelques motifs que ce soit. Tu ne m’entraîneras pas sur ce terrain-là. Un élève qui sèche les cours peut être sanctionné pour ce motif : cela n’a rien de discriminatoire. Aucune association extérieure, religieuse ou non, ne peut interférer sur les programmes de l’Education nationale et faire pression. En revanche, exclure des élèves qui portent des foulards ou des jupes « trop longues », c’est de la discrimination- même lorsque c’est le pabliste PF Grond qui est à la manœuvre (Aubervilliers 2003).


encore un petit amalgame de Denis Collin par Daniel Petri le Mardi 12/07/2016 à 04:07

Collin écrit :« On appréciera tout particulièrement le «Je n’ai pas pour habitude de défendre le PCF mais sur cette fête du ramadan, je ne vais pas m’en priver !». Un psychanalyste aura tôt fait de dégager le sens réel de cette dénégation! En fait Petri s'aligne sur le PCF quand le PCF s'aligne sur le PIR qui a lui-même été porté sur les "fonds baptismaux" par d'anciens du PCF. Si on voulait reprendre les caractéristiques utilisées dans le petit monde du trotskysme, on trouverait facilement ce qui convient à Petri: «colle au cul des appareils!» Je me contente de la conclusion de Petri »

Je ne m’étais pas attardé sur ce passage particulièrement perfide. Reprenons le passage incriminé dans son intégralité : « Je n’ai pas pour habitude de défendre le PCF mais sur cette fête du ramadan, je ne vais pas m’en priver ! Comparer une rupture de jeûne avec un pèlerinage à Lourdes, il fallait le faire ! Pourquoi ne pas comparer avec un repas de noël ou de saint sylvestre ? Ou un week end de pentecôte à la fête de LO ? Stigmatisons LO qui fait sa fête lors d’un week end religieux, pendant que nous y sommes ! »

 

Où y a-t-il une dénégation, docteur Collin ? Je ne démens rien : mon point de vue sur le PCF est connu, de toi y compris. Là encore, amalgame : «  En fait Petri s’aligne sur le PCF » et par extension sur le PIR. Parce que, exceptionnellement je défends le PCF contre un procès ridicule. De la part d’un intelligentologue comme toi qui a livré une interview à « L’Huma », dire que « je colle au cul », c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité, non ? Je pense que toi et moi n’avons pas vraiment les mêmes rapports avec le PCF, en effet.


Lien croisé par Anonyme le Mercredi 13/07/2016 à 18:15

Dante, Maometto e Charlie Hebdo - agb : " Su La Sociale Yvon Quiniou ha scritto un intervento necessario, dal titolo L’insupportable dérive islamophile de la gauche."


Re: Lien croisé par la-sociale le Lundi 15/08/2016 à 16:32

Grazie mille, Alberto!


Buffet dans sa Courneuve par nidieunimaitre le Lundi 15/08/2016 à 15:45

Marie-Georges Buffet doit être une femme assurément aimable et arriérée, comme il est nécessaire de l'être lorsque l'on supporte les logiques de la condescendance surranée de l'état colonial français, et l'entrisme des religions dans le corps de la société dite civile. Cette pauvre femme a aussi été ministre de la Jeunesse et des Sports, c'est vous dire la taille de cette acariâtre gorgone. Voyez-là l'esprit typique du 68 néo-libéral libertaire dont les protagonistes septuagénaires dont elle fait partie à présent, trahissent quotidennement l'intelligence humaine et la liberté (et pas la liberté de croire des religions, consubstancielle à l'interdiction de penser). Drôle d'internationnalisme que ce buffet froid du Capitalisme intégré !

Le 8 juillet 2016 Marie-George Buffet à "La fête à la Maison pour toutes et tous Cesaria Evora de La Courneuve" :

la-sociale.viabloga.com/images/buffet_1.jpg


Lien croisé par Anonyme le Samedi 12/08/2017 à 11:58

Le journal de BORIS VICTOR : "L'insupportable dérive islamophile de la gauche - 07/07/16"



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