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Podemos face à Pedro Sánchez

mercredi 3 juillet 2019, par Jean-Paul DAMAGGIO

En 2016 le PSOE semblait, comme le PS français en perte de vitesse. D’une part une déroute du PSOE aux élections autonomiques de septembre 2016 en Galice et a Pays Basque et de l’autre Rajoy qui semble éternel. Les dirigeants se sont divisés entre l’abstention ou l’opposition au dirigeant du PP qui était sans majorité. Finalement ils ont opté pour l’abstention (139 voix contre 96), et Rajoy est resté au pouvoir. Pedro Sánchez est écarté par les hiérarques du PSOE et le soutien parlementaire apporté par les élus du parti à Rajoy provoque en peu de temps le départ de 20 000 militants (sur 190 000 revendiqués). Retournement de situation avec le Congrès du PSOE qui a fini par se tenir : Sánchez 50% des voix son opposante Susana Diaz 40%. Sur une ligne de gauche Sánchez reprend le parti en main et sur une ligne de gauche, il propose le 24 mai 2018 une motion de censure qui fait tomber Rajoy !

Sánchez gouverne mais il n’arrive pas à faire voter son budget donc il provoque des législatives anticipées qui font son bonheur sauf que depuis le 28 avril il cherche sans succès à construite une majorité : il préfère manifestement une alliance avec Ciudadanos qu’avec Podemos !

Face à cette situation il vient de décider que le 22 juillet il va ouvrir au parlement le débat sur son investiture, sans aucun accord préalable et le 23 les députés voteront. Il n’aura pas de majorité absolue donc quarante huit heures après il y aura un nouveau vote où il peut être investi vu qu’il sera en tête, s’il y a des abstentions. Mais comme Rajoy en 2017 il restera sur un siège éjectable. Si les votes contre dépassent les votent pour alors il y aura de nouvelles élections !

Dans ces conditions que peut faire Podemos ?

A sa naissance Podemos a eu des mots très durs contre le PSOE qu’il pensait pouvoir surpasser mais l’histoire électorale a été différente et le fait que Podemos a servi de marchepied à Sánchez pour son ascension au pouvoir, a bénéficié au PSOE et non à Podemos. Sánchez en Mitterrand !

Donc à présent Podemos n’accepte de soutenir le PSOE que s’il s’engage sur un accord de gouvernement comprenant en son sein des membres de Podemos. Cet accord aurait un important volet social et pour peser plus fort Podemos a obtenu le soutien des organisations syndicales même celles proches du PSOE.

Sánchez a décidé de demander son investiture sans accord avec personne. Il veut mettre ainsi les autres partis au pied du mur en les menaçant de nouvelles élections. Au sein de Ciudadanos c’est la division comme ce fut la division au sein du PSOE face à l’attitude à adopter pour l’investiture de Rajoy, division entre ceux qui veulent voter contre et ceux qui veulent s’abstenir.

En refusant toute union à gauche, Sánchez pense pouvoir diviser la droite sans perdre ses soutiens à gauche, encore du Mitterrand bis ! Il sait que la crise au sein de Podemos est importante entre la frange d’Izquierda unida qui veut reprendre son autonomie, et la frange de Podemos qui veut en revenir à une stratégie transversale éloignée de toute idée d’union de la gauche.

Quelles leçons Podemos a-t-il tiré des élections européennes qui furent une défaite cuisante ?

Entre avril et mai Podemos a perdu un million de voix et le résultat tient à des divisions internes fortes concernant la conception de la liste et donc de sa stratégie. Des candidats se sont retirés, des groupes politiques aussi comme Equo. Mais à ce jour il est difficile de savoir les leçons tirées de cette défaite.

Le mois de juillet sera donc décisif pour la suite de Podemos. J’indique en passant qu’au Parlement européen Podemos comme la France insoumise et d’autres se retrouvent avec Syriza. A réfléchir.