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Vous avez dit républicain ?

jeudi 4 juillet 2024, par Denis COLLIN

Vous avez dit républicain ?

Ainsi, il y aurait un « arc républicain », un « front républicain » à opposer au RN. Il est à craindre que le mot républicain soit employé dans un sens si lâche qu’on se demande bien pourquoi le RN n’en fait pas partie.

Un parti se nomme « les Républicains », parti qui a explosé et, pour partie s’est intégré au RN et pour une autre partie refuse tout « désistement républicain » et donc ne semble pas faire partie de l’arc républicain. Ce qui n’empêche pas les candidats NFP de se désister pour permettre aux LR de l’emporter (ainsi Leurent Wauqiez en Haute-Loire)…

Les macronistes sont un des piliers de ce « front républicain » improvisé le 30 juin. Pourtant, ils ne sont guère républicains si on considère leurs idées et leurs pratiques. Ils sont européistes, et leur chef réclame la « souveraineté européenne », laquelle suppose évidemment la fin de la souveraineté nationale française (car il ne peut y avoir deux souverains en même temps). Ils ne sont pas « racistes »… sauf à l’égard des classes populaires, ces « gens qui ne sont rien » et coûtent un « pognon de dingue ».

Le PS ressemble aux macronistes et Glucksmann est peut-être républicain, mais c’est un républicain américain qui préfère New-York à la Picardie. LFI est non pas un parti républicain, mais un « machin » dirigé par quelques satrapes (genre Bompard) sous la coupe d’un tyran de village, à demi cinglé. Ce parti est miné par les islamistes qui donnent le « la », et ont commencé à l’épurer de tous ceux qui ne marchent pas droit. Laissons le NPA tomber. Si c’est un parti républicain, alors le mot n’a vraiment aucun sens. De républicains, on trouvera dans toute cette galaxie quelques individus, chez les socialistes ou les LFI — ou ex-LFI comme Ruffin — et peut-être le PCF et la Gauche Républicaine et Socialiste, un groupe estimable de rescapés du PS.

Au vu de ces considérations, on se demande bien en quoi le RN est non-républicain. Ils se réclament de la république, de la nation et ils ont l’appui d’un large partie du « petit peuple ». On nous dira : ils sont « racistes » et sont pour la « préférence nationale » et contre les « binationaux ». Sur le racisme, c’est une imputation douteuse. Ils n’ont nulle doctrine raciste — ce n’était le cas du père Le Pen, exclu par sa fille, et qui flirtait régulièrement avec l’antisémitisme et s’était mis à défendre quelques délires sur la supériorité des habitants du nord du continent eurasiatique… Mais l’électeur RN moyen ressemble comme deux gouttes d’eau à ce qu’était l’électeur moyen de la gauche (ou de la droite) (y compris en matière de racisme ordinaire). La « préférence nationale » est le principe de base de l’existence de toute nation : seuls les nationaux peuvent être électeurs, élus ou fonctionnaires. On peut reprocher au RN l’extension abusive de ce principe (par exemple, tout cotisant à la Sécu a le droit d’être soigné, Français ou immigré), mais non le principe lui-même. Quant à la binationalité, c’est une affaire discutable. Beaucoup d’États la refusent (la Chine, l’Inde, le Japon, les Pays-Bas, l’Autriche, etc., et même Cuba !). Un disciple de Jean-Jacques Rousseau la refuserait également puisqu’il ne peut y avoir deux souverains sous peine de faire disparaître la souveraineté. On peut donc être opposé à la proposition du RN visant à limiter l’accès des binationaux à certaines positions et fonctions, mais cette proposition n’est pas, par elle-même antirépublicaine. L’abandon du droit du sol, proposé par le RN, est une mauvaise idée, contraire à la tradition française, mais à une tradition qui n’est pas spécialement républicaine puisqu’elle remonte à la monarchie, Louis X le Hutin et François Ier… Mais jusqu’à récemment l’Allemagne ne connaissait que le droit du sang et c’est seulement en 2000 qu’un élément de droit du sol y a été introduit. Précisons aussi que le droit du sol en France est seulement un double droit du sol et non un droit du sol simple comme dans de nombreux États américains. En Europe, aucun pays n’a de droit du sol simple et la plupart restreignent l’accès à la nationalité au moins autant que ce que promet le RN.

Donc les principes républicains invoqués contre le RN sont absolument creux et il sera bien difficile à nos castors barragistes de prouver que le RN n’est pas un parti républicain. Il serait plus judicieux de critiquer son programme : comment compte-t-il augmenter les dépenses publiques si Bruxelles ne veut pas ? Compte-t-il abroger la réforme des retraites ? Comment financer la Sécu si les augmentations de salaires sont compensées par une baisse des charges ? S’ils se disent nationaux, les RN comptent-ils faire au moins comme De Gaulle, sortir du commandement intégré de l’OTAN ? Vont-ils poursuivre la guerre en Ukraine ? Mais personne ne viendra les titiller sur ces sujets essentiels où tous partagent, de fait, les mêmes propositions que le RN.