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Lorsque la gauche oeuvre pour sauver Macron !

vendredi 1er septembre 2023, par Jacques COTTA

Cette rentrée de septembre est marquée par une série de tensions qui marquent toujours plus l’isolement de Macron, de son gouvernement, et plus généralement du régime.

L’inflation se poursuit, toujours plus importante, notamment dans les domaines alimentaires et énergétiques, et prépare des mois d’hiver difficiles pour des millions de nos compatriotes.

Les services publics sont réduits à un niveau encore jamais atteint, notamment dans les domaines scolaires, hospitaliers ou ferroviaires.

La situation internationale est marquée par la remise en cause récurrente des « intérêts français » en Afrique avec une succession de coups d’état — le dernier en date au Gabon destituant la famille Bongo, grand pilier de la France-Afrique— et par le développement de la guerre en Ukraine.

C’est dans ce contexte que la gauche redouble d’efforts pour venir au secours de Macron.

Exagération ? Qu’on en juge !

Pour la guerre, les efforts financiers notamment sont jugés à gauche insuffisants. Plus, toujours plus pour l’économie d’armement, voilà le credo des responsables toutes tendances confondues, de la FI au PCF en passant par le PS. Macron a donc beau jeu de rallonger la sauce, au détriment notamment des budgets alloués à la question sociale.

Pour la situation sociale et politique, c’est d’abord ce qui durant « l’épisode retraites » se nommait l’intersyndicale qui monte au créneau annonçant la traditionnelle journée d’action de rentrée « contre l’austérité » le 13 octobre. Voilà qui doit terroriser le CAC40 et le pouvoir…

Pour la situation politique, le 23 septembre, la FI et quelques autres appellent à « des manifestations ou d’autres initiatives sur tout le territoire », sur une plate forme fourre tout qui mêle le racisme systémique, les violences policières, la justice sociale climatique, féministe et les libertés publiques, le tout dans un langage inclusif qui rend l’ensemble déjà indigeste assez illisible.

Tout cela s’inscrit dans la trajectoire de la gauche et n’a pas grand chose de surprenant.

Mais c’est la forme qui mérite attention.

Macron siffle, et la gauche accourt.

Les voila donc tous qui se sont réunis durant 12 heures pour faire le point, à l’appel du Président de la république. Celui-ci avoue sa faiblesse, son isolement. Du coup ceux-là font preuve de bonne volonté « pour jouer le jeu » des institutions et venir servir de béquilles au Président minoritaire. Les mêmes qui organisaient journées d’action après journées d’action sur les retraites, contre la grève générale, viennent au secours du président monarque isolé.

Déjà un second rendez vous est pris. Pourquoi faire ? Pour durer, pour que surtout la seule exigence populaire majoritaire ne soit pas exprimée. « Macron dehors », voilà ce qui depuis maintenant des mois, des années, est partagé majoritairement dans un pays orphelin de toute opposition démocratique, républicaine, sociale et laïque sérieuse susceptible d’exprimer les revendications simples en terme de salaire, pouvoir d’achat, travail, emploi, services publics, santé, éducation, logement, énergie, souveraineté… qui exigent au fond la rupture avec le capitalisme.

Les revendications existent. La volonté majoritaire aussi. Mais nul pour les représenter.
Là est aujourd’hui le problème.

Jacques Cotta
Le 1er septembre 2023

Messages

  • La Gôche Castor qui, au soir du premier tour d’avril 2022, avait appelé ses électeurs à renouveler pour 5 ans le bail de Macron ! Une "opposition" du type tigre de papier. :)

  • Cette évolution des partis de gauche social-démocrates a été théorisée par le "think tank" ... "de gauche" Terra Nova dans les années 90, comme un tournant nécessaire, voire souhaitable, pour "gagner". Quoi, les élections ? Mais pourquoi faire ? Les ouvriers, employés et petits paysans condamnés à disparaître par la mondialisation il fallait trouver un "peuple de substitution", constitué de l’assemblage hétéroclite de la petite bourgeoisie éduquée (*) et de toute sorte de minorités ethniques, sexuelles, culturelles, religieuses et on en passe, dont on allait au besoin flatter le particularisme et la "victimisation". Le PS disparu ou presque il est désolant que LFI, NUPES et consorts aient juste perpétué cette ligne en la radicalisant un peu plus : on ne change pas une équipe qui perd. Mais a-t-elle tant que ça envie de gagner ? J’en doute...

    Et comme ça on se retrouve avec un "extrême centre" élitiste et technocratique, et un RN qui récupère le vote populaire avec tout ce que la gauche a jeté aux orties au nom de la "modernité", emploi, salaires et conditions de travail en tête. La nature a horreur du vide, y compris en politique : même si le prolétariat, les classes populaires etc... ont "disparu", les gens qui en faisaient partie non. Bien sûr je ne me fais aucune illusion sur cette conversion purement opportuniste qui ne serait suivie d’aucun effet si il parvenait au pouvoir, cf. l’Italie avec Salvini, puis Meloni. En admettant qu’eux aussi aient réellement envie de se retrouver aux manettes, ce qui n’aurait aujourd’hui rien d’invraisemblable : c’est au pied du mur qu’on voit le maçon.

    Il est intéressant de suivre ce qui se passe justement en Italie, où, grâce à une vie politique plus agitée que chez nous, ils auront à peu près tout essayé, gauche, droite, milieu extrêmes ou pas, sans succès : qu’est-ce qui finira par en sortir ?

    (*) Cf. la "société du tertiaire" et "l’économie de la connaissance" promues par Jospin...

  • Toujours le même problème de la part des dénonciateurs du gt. et critiques de LFI.
    La juste analyse du comportement de sa direction qui ne veut pas rompre avec le capitalisme tout en étant plus radicale que la sociale démocratie, ne permet pas d’ouvrir non plus une réelle perspective de virer Macron.
    En effet, déclarer qu’il n’y a rien pour représenter les revendications et la volonté majoritaire, c’est faire table rase de tout élément existant dont nous pourrions nous saisir dans les véhicules politiques existants pour les pousser davantage qu’ils ne le souhaitent dans la voie de la rupture avec le gouvernement.
    C est nous ramener à l’attente d’organisations et de dirigeants chimiquement purs pour enfin passer à l’assaut du pouvoir.
    Il s’agit moins de cornaquer Melenchon que d’aider les masses conscientes à tirer le bilan des luttes contre la loi sur la retraite.
    En effet, sur le plan syndical, cibler Martinez et Binet comme responsables de la défaite.
    Cette dernière annonce tranquillement que "nous n’avons pas perdu" d’une part, et d’autre, si nous n’avons pas gagné, c’est parce que nous n’avions pas assez de syndiqués.
    Sur le plan politique, il n’y a eu aucune résilience dans la volonté de centraliser la force immense qui était dans les rues pour s’en porter à la tête, et sommer directement Macron pour qu’il se soumettre ou se démettre.
    Pas la place de détailler dans cet étroit moyen d’expression, mais j’ai recueilli tous les éléments qui corroborent cette possibilité historique.
    Une simple indication, celle de prendre la maîtrise des transports et les déclarer gratuits afin de faire monter de la France entière à Paris place de la Concorde et obliger une délégation à se rendre à pied à l’Elysee.
    Mettre en place une fraternelle bourse de logement chez l’habitant et une vaste caisse de solidarité pour durer, etc.
    Il n’y a rien d’utopique. Que de l’audace qu’il faut obliger les actuels dirigeants à accepter davantage qu’ils ne le souhaiteraient....
    Hors de cela, les carrières des bureaucrates et des dénonciateurs ont encore de beaux jours devant eux.

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