Les résultats du premier tour des élections législatives donnent une victoire nette du Rassemblement National avec plus de 33% des voix et une projection en sièges avoisinant la majorité absolue, pendant que le « bloc central » macroniste est laminé et que le Nouveau Front Populaire, la « gauche » toutes tendances confondues, de Poutou à Hollande, plafonne à environ 29% des voix.
Comment donc un tel résultat a t’il été possible ?
L’analyse des scores, sans entrer ici dans les détails, permet une première réponse incontournable. Le Rassemblement National s’impose dans la France « périphérique », celle qui est privée de services publics, où domine la crise de l’emploi et des salaires, pendant que la gauche réalise ses scores dans les grandes villes, souvent peuplées par une petite bourgeoisie ou une bourgeoisie aisées, suffisamment pour pouvoir y résider.
Le Rassemblement National fait ses scores dans la France frappée par la désindustrialisation, les délocalisations, la crise et ses manifestations, pendant que la gauche réalise ses meilleurs scores dans la france plus épargnée, aisée, souvent privilégiée.
Une enquête « sortie des urnes » réalisée par l’institut Ipsos indique que les catégories les plus précaires, au chômage, ouvriers ou bas revenu sont celles qui votent le plus pour le RN. Ainsi, les personnes au chômage vont se tourner à 40 % vers un vote RN et à 37 % pour le Nouveau Front Populaire. Ils sont 38 % de personnes touchant moins de 1250 euros mensuels et 57 % d’ouvriers à choisir un bulletin RN. 49 % des personnes ayant un niveau d’études inférieur au bac choisissent le RN, comme 54 % des classes dites défavorisées.
La gauche est responsable !
Ils n’ont pas tardé à hurler des slogans aussi décalés qu’incompréhensibles pour les électeurs du Rassemblement national et pour la majorité des citoyens. « Le fascisme ne passera pas » ou encore histoire de cultiver la nostalgie « No passeran ».
La question n’est évidemment pas celle du fascisme, la Rassemblement national n’ayant pas besoin d’être ainsi affublé pour être combattu. Il n’est pas un parti d’opposition comme l’indiquent en général les commentateurs et la presse, mais un parti de rechange de la macronie au service des capitalistes. C’est ainsi que le vote dont il bénéficie de la part des ouvriers ou salariés pour exprimer leur raz-le-bol du système est bien paradoxal.
La gauche porte historiquement et ponctuellement la responsabilités de la percée historique du Rassemblement national qui pour la première fois dépasse les 10 millions d’électeurs.
- -> Historiquement, elle a abandonné les couches populaires, les ouvriers, les salariés, en ignorant les questions réelles auxquelles elles sont confrontées, qui les ont poussées dans les bras de Marine Le Pen et de ses amis.
Dés 2001 nous publiions, Dans Collin et moi-même, « L’illusion plurielle, pourquoi la gauche n’est plus la gauche » qui annonçait déjà là situation dans laquelle se trouve aujourd’hui plongé le pays.
L’abandon des couches populaires, des ouvriers principalement, a été revendiqué dans les années 2010 par la fondation Terra Nova -boite à idée de la gauche- qui conseillait à la gauche de se tourner vers de nouvelles couches -immigrés, féministes,…- plus susceptibles, disaient alors les penseurs de cette fondation, de voter pour les formations de gauche, contrairement aux ouvriers qui s’en détournaient.
- -> Ponctuellement, le nouveau Front populaire dont la France Insoumise est la composante majoritaire, et Jean Luc Mélenchon, ont tout fait —objectivement ou volontairement— pour renforcer le vote Rassemblement National.
Le Mélenchon de la présidentiel qui défendait un programme social, qui se réappropriait la Nation et le combat pour la souveraineté comme thème central de sa campagne, qui dans ses meetings exhibait le drapeau national, ce Mélenchon là est mort.
Sous son impulsion, la gauche a abandonné les thèmes centraux -sociaux, sécurité, immigration- au rassemblement national qui en fait ses choux gras.
Le wokisme et la cancel culture, importés tout droit des Etats-unis, ont dans la dernière période permis à Jean Luc Mélenchon notamment d’adapter les recommandations de Terra Nova avec « le succès » qu’on peut constater.
En faisant du RN l’ennemi fasciste à abattre, la gauche dans son ensemble, Jean Luc Mélenchon et de la France insoumise en particulier, se préparaient à réitérer l’exploit de 2022, faire élire Emmanuel Macron hier, les macronistes aujourd’hui, dont les ministres en difficultés, actuels ou anciens, tels par exemple Elisabeth Borne dont le nom demeure lié à l’utilisation de l’article 49-3 sur les sujets concernant le budget, la sécurité sociale ou encore les retraites.
Jusqu’au bout, la gauche sert de marche pieds au rassemblement national en accréditant un peu plus chaque jour l’idée de l’UMPS d’hier prolongée par le « Front populaire macroniste » dans des appels à voter insupportables pour tout travailleur ou salarié qui a subi durant plus de 10 ans la politique macronienne sur le plan social, économique ou encore démocratique.
Cerise sur la gâteau, après avoir alimenté durant des mois la polémique sur la nature du Hamas en refusant d’utiliser des mots simples, après avoir laissé se développer une folle polémique sur l’antisémitisme mis en avant par ses adversaires alors que là encore une mise au point simple, immédiate, non ambiguë, aurait été bienvenue, liant le poids des mots au choc des photos, c’est en compagnie de Rima Hassan, foulard palestinien sur les épaules, que Mélenchon, dés 20h01, appelait les candidats arrivés en troisième position à se désister pour un macroniste mieux placé.
Le courant islamiste de Mélenchon dont les meilleurs résultats se trouvent dans les banlieues communautarisées pouvait donc alimenter une fois de plus, si cela était besoin, la campagne du Rassemblement National victorieux.
Et la suite ?
Le deuxième tour laisse donc ouvertes deux possibilités, si on considère qu’un retournement de situation donnant une majorité à la coalition Nouveau Front Populaire-Macron est bien peu probable.
- -> Soit le Rassemblement national obtient une majorité absolue en sièges, seul ou avec quelques ralliements, notamment d’élus républicains.
Jordan Bardella premier ministre constituera un gouvernement.
C’est alors que les masques tomberont. L’union européenne, madame Van der Leyen en tête, comme elle l’a fait précédemment en Italie avec Giorgia Meloni, saura se montrer convaincante pour faire prévaloir les orientations exigées par l’UE.
La chasse au déficit reléguera en arrière plan les engagements de campagne, dont la réforme des retraites. Le RN et ses députés se montreront tout autant gestionnaires du système et de la crise que les macronistes qu’ils auront supplantés…
- -> Soit le Rassemblement national obtient une majorité relative et ne pourra constituer un gouvernement.
Une partie de la gauche pourrait être tentée de venir en ultime secours à Macron en prenant quelques ministères. Hollande ou Glucksmann premier ministre ?
La crise politique, économique et morale surtout s’amplifiera, préparant le terrain pour les prochaines présidentielles et législatives à Marine Le Pen et à ses candidats…
Demeure comme toujours la possibilité d’un électrochoc, souvent évoqué, jamais jusque là réalisé, d’une force se réappropriant les questions sociales, économiques, démocratiques, nationales, ouvrant une perspective aux millions de citoyens désorientés et de fait abandonnés aux chimères de tout bord.
Jacques Cotta
le 2 juillet 2024
Messages
1. La bouillie des législatives !, 2 juillet, 11:48, par Jean-Michel Toulouse
Excellent article ! On nous prépare en effet un gouvernement Glucksmann, avec des ministres macronistes,"socialistes","verts ", "républicains", et meme peut-etre communistes, vu la crise de ce parti qui a besoin de l’électorat social-démocrate et vert pour sauver sa peau. Ce gouvernement sera une séance Macron 3, ce qui amènera immanquablement au triomphe du RN en 2027 !
Seul une mobilisation populaire pourra empécher ce scénario concocté par la bourgeoisie compradore parisienne du CAC 40 ! jmichel Toulouse
2. La bouillie des législatives !, 2 juillet, 22:35, par regis
Bonjour,
Bravo Jacques Cotta pour ce texte auquel je souscris à 100 %,
Des délires gauchistes de la LCR qui appelait à « casser du fasciste » et accessoirement du « flic » aux meetings de Le Pen à SOS Racisme création de « la génération Mitterrand » pour faire passer son gourou en difficulté dans les suffrages, tous ces gens n’ont cessé de faire de la pub en instituant comme seuls véritables opposants le FN puis le RN qui lui succède,
Et bobos de « gôche » unis aux gauchistes hurlent depuis des décennies « Faire barrage au fascisme (sic) ! », les gauchistes aimant le romantisme « révolutionnaire » à coups de menton viril « No pasaran ! ».
Les uns par pur crétinisme, les autres pour camoufler leurs politiques contre les couches populaires.
Ils sont, bien évidemment rejoints par la totalité de l’arc-en-ciel politique car tous représentent d’une façon ou d’une autre les intérêts de la bourgeoisie .
On en voit aujourd’hui le résultat et la poursuite ne peut qu’amplifier les mêmes effets.
Pendant ces décennies la France dite périphérique s’est vue privée d’école, de médecin, de pharmacie, de transports publics etc.
Un mouvement de « gilets jaunes » s’est créé en réaction, il a été méprisé par ceux qui auraient dû prendre sa défense et à ceux qui chipotent en disant que ce n’était pas clair, je demande où étaient ils pour discuter avec ce mouvement et reconnaître ici un mouvement populaire ?
De l’autre côté la France des banlieues avec les politiques de ceux qui ont été au pouvoir et qui aujourd’hui crient au « fascisme » s’est vue uberisée ; les mêmes politiques l’ont laissée livrée au trafic de drogue et à l’islamisme, les deux s’étant depuis largement enhardis.
Oui, RN, Le Pen, Bardella et consorts sont largement le produit de la politique de ceux qui jouent aujourd’hui les vertueux même lorsqu’ils n’ont pas été au pouvoir comme LFI.
Cette fraction (importante) des couches populaires qui ont voté RN se prépare aux mêmes désillusions que ceux qui ont précédemment cru en Mitterrand, Chirac (rappelez vous la « fracture sociale ») etc, :
"Je n’entends pas remettre en cause les engagements pris par la France sur la scène internationale, il y a un enjeu de crédibilité à l’égard de nos partenaires européens et de nos alliés de l’Otan", a déclaré M. Bardella au salon de la défense Eurosatory à Villepinte (19 juin dernier).
Engagement net en faveur de la « concurrence libre et non faussée » la force de travail mise au même rang que les capitaux. L’homme comme ses moyens de subsistance et son droit à une vie paisible.
3. La bouillie des législatives !, 3 juillet, 14:33, par RV
Votre article est daté du 2 juillet !
Vos chiffres sont FAUX !
A cette date le ministère a publié les résultats, alors pourquoi conserver les estimations de 20 heures de la soirée électorale comme le rabâche toute la presse mainstream, ou quasiment ? C’est de la désinformation !
.../... Les résultats du premier tour des élections législatives donnent une victoire nette du Rassemblement National avec plus de 33% des voix et une projection en sièges avoisinant la majorité absolue, pendant que le « bloc central » macroniste est laminé et que le Nouveau Front Populaire, la « gauche » toutes tendances confondues, de Poutou à Hollande, plafonne à environ 29% des voix .../...
https://www.resultats-elections.interieur.gouv.fr/legislatives2024/ensemble_geographique/index.html
Liste—Voix—% Inscrits—% Exprimés—Sièges
RN---9 377 297—19,01--------29,25--------37
UG---8 974 566—18,19--------27,99--------32
4. La bouillie des législatives !, 4 juillet, 01:39
je suis en train de lire l’llusion pluridlle, ce livre est actuel de même que le livre d’Aquilino Morelle la parabole des aveugles auquel on peut ajouter la défaite de l’occident d’Emmanuel Todd, aucun de ces auteurs n’est considéré comme un extrêmiste, meême si l’extrême centre est lui un vrai parti extrêmiste fasciste du XXI° sièclee, il se voulait ni gauche ni droite, était populiste et n’a pas hésité à user de la violence contre les gilets jaunes, mais aussi les manifestations des syndicats, souvent durement dispersée. Tout sela relève d’un fascisme avec un chef qui parle beaucoup et comme les fascistes est au service des oligarchies et de leurs oligarques., Edouard Husson le définit comme un fascisme gris car privilégiant les oligarqueset leurs amis technocrates et retraités millionnaires. Comme l’a fait le fascisme.
les désistements républicains reviennent à demander à des electeurs qui ne veulent plus de Macon ,ni de son extrême centre,de quand même voter pour lui pour sauver la république.
C’est le contraire qui se passerait s’il est réélu, il votera à Bruxelles l’abandon du droit de veto, il se soumettra servielemnt aux volontés de U V der leyen qui n’est que la maruionnette de Washington palcée à la tête dudominion Union Eiuropéene, nous allons essuyé une lourde défaite en Ukraine et des pertes colossles car l’Ukrauine ne nous remboursera pas , les américains se sont déjà servis et comme avec l’URSS, ils ont signé un prêt bail de 44 avec 4 an (non remboursement du principz pr
pendz
ant 4 ans, juste paiement des intérêts, il ne semble pas que Van der leyen ait pris les mêmes garanties, plongeant l’U.E. dans une crise de la dette !
le plus grave est que les derniers ouvriers et employés, retraités modestes vont nous abandonner, ils ne comprennent pas que l’on soit prêt à sauver Macron.
Dimanche aucune voix pour les candidats de Macron ou proche de lui comme François Hollande, Jerôme Guedj Aurélien Rousseau ou encore Glucksmann, agent reconnu de l’étranger, les verts atlantistes !
Pour rebâtir une gauche de justice sociale et patriote no émancipée de la tutelle de Washington il faut sans faiblesse refuser de soutenir les candidats de Macron qu’ils soient à ensemble ou sous d’autre couleurs.
5. La bouillie des législatives !, 11 juillet, 07:37
L’extrême droite va dans votre sens, mais eux parlent de "bourbier" au lieu de "bouillie" !
Mais on ne va pas s’arrêter là !