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Classe ouvrière, lumpenprolétariat et classe moyenne

dimanche 21 juin 2020, par René MERLE

Le 22 février 2020, dans un entretien qui portait essentiellement sur la position à prendre par rapport à la religion, Denis Collin posait la question de la constitution d’une sorte de pôle intellectuel disons « marxiste », pour aller vite.
Je reviens donc sur cette lecture à laquelle j’avais apporté un long commentaire.
Je regrette que cette suggestion de Denis Collin n’ait pas vraiment eu de suites. Les péripéties de l’actualité et la tentation d’une structuration de La Sociale en mouvement en sont sans doute en partie responsables.
Pour autant, plus que jamais, une grille de lecture marxiste de la situation actuelle serait un bon outil pour se repérer dans l’embrouillamini actuel.
Je n’ai pas la prétention de la proposer, et laisse cela aux spécialistes, marxistes, marxiens, marxologues et j’en passe.
Mais quelques mots quand même :
J’ai donné récemment sur mon site quelques articles concernant la tectonique actuelle des classes sociales. Si le cœur vous en dit, vous pouvez toujours vous reporter au dernier : « Un mot (désabusé ?) sur les perspectives des luttes, sociales et sociétales ? » [1], qui succédait à une réflexion sur la notion de classe moyenne.
Un « mot désabusé » parce que, à l’évidence, la combativité remarquable, mais combativité seulement défensive des classes subalternes, et au premier chef de ce qui demeure de la classe ouvrière conscientisée n’est pas pour l’heure porteuse d’un projet d’avenir.
Qui plus est, l’enfumage actuel de nos Belles Âmes autour de la présumée question raciale cache un problème vieux comme la classe ouvrière, c’est-à-dire son rapport au lumpenprolétariat. Je vous renvoie par exemple ce qu’en écrivaient déjà en leur temps Engels et Marx [2]
Pour le mouvement ouvrier, le meilleur moyen de se couper de la majorité de la population (classes dites moyennes !) serait de donner l’impression que sa cause est celle du lumpenprolétariat.
Mais je suis persuadé qu’aujourd’hui, à partir de la combativité défensive des salariés, nous pouvons faire un usage utile de la fallacieuse notion de classe moyenne, avec laquelle l’idéologie dominante a empoisonné les fameuses « masses ».
Si en effet une majorité de Français, essentiellement des salariés, mais aussi des artisans, des paysans, des petits commerçants, des professions libérales peu fortunées, se retrouvent dans cette notion, pourquoi ne pas la retourner en espérance et en force politique ? J’ai souvent cité l’exemple des démocrates-socialistes de la Seconde République, qui réussirent à mettre en œuvre un vaste mouvement interclassiste pour la République démocratique et sociale, mouvement que seule put briser la force armée du prince-président.
L’Histoire, dit-on, ne repasse par les plats. Mais ça vaudrait quand même le coup d’essayer.


[1Cf. : Perspectives.

[2Cf. :Lumpenprolétariat.

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