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Trop tôt pour soutenir Montebourg

jeudi 9 septembre 2021, par Jean-Louis ERNIS

Pour ma part, j’ai passé l’âge de l’extase devant un discours de candidature qui se veut, dans ces conditions, racoleur.
On se souvient peut-être des discours enflammés de François Mitterrand – plus à gauche que moi, tu meurs – et plus près de nous, de François Hollande « mon ennemi, c’est la finance … » On sait, pour ces deux Présidents ce qu’il en est advenu par la suite !

Pour moi, un discours à 8 mois de l’échéance n’a pas de crédit. Il n’a aucune chance de s’ancrer profondément dans la société, de rallier à lui un électorat qui, par la suite, devra défendre sa politique. Comme les autres, comme tous les autres (s’il obtient les parrainages !) Montebourg utilisera les médias en ligne, les réseaux sociaux c’est-à-dire ce poison de la démocratie. Car en effet où sont les relais de terrain de ce candidat ?

Ce que j’attends d’un candidat de gauche, c’est avant tout un positionnement clair sur l’Union Européenne.

Immédiatement après son élection, serait-il prêt à modifier le statut du salarié détaché. Salaires alignés sur les conventions collectives françaises, cotisations sociales patronales versées à nos caisses sociales, à l’identique des salariés français et résidants français ?

Serait-il prêt à prendre les mesures pour interdire aux entreprises implantées en France depuis plusieurs décennies de se délocaliser vers des pays à moindre coût social ex : Pologne, Roumanie, Bulgarie, Slovénie …… ? L’usine Knorr implantée en Alsace étant le dernier avatar connu de ce dumping.

Serait-il prêt à lancer une grande campagne d’information et de sensibilisation à l’adresse de la population sur l’indispensable retour à la monnaie nationale ?

Pour revenir à la juste répartition des richesses produites, l’Etat/Nation doit reconquérir son indépendance monétaire et donc budgétaire.
Sans le soutien du peuple, il n’y aura pas de retour stable et durable de la monnaie nationale. Pour cela, il faut lui expliquer les enjeux.
La solidarité européenne ne passe pas obligatoirement par la monnaie unique.
Relocaliser l’industrie est une bonne chose à la condition que celle-ci soit créatrice d’emploi.

Or, actuellement, relocaliser se conjugue avec robotisation à outrance !
Par exemple, serait-il prêt à faire stopper les pharaoniques travaux de Port 2000 au Havre, lancés dans une folle et suicidaire concurrence avec les ports de Zeebrugge, Amsterdam …… dont le but est d’accueillir toujours plus de marchandises venant de Chine transportées dans des porte-conteneurs toujours plus grands ? Ainsi nous serions débarrassés de ces files interminables de semi-remorques de plus de 40 tonnes qui encombrent nos routes de campagne les rendant très insécuritaires ?
Serait-il prêt à stopper ces absurdités d’importer des marchandises que nous fabriquions dans nos territoires, il y a encore une trentaine d’années ?

La relocalisation de notre industrie nous conduira à des rétentions de la Chine concernant les terres rares et autres semi-conducteurs dont l’Empire du milieu dispose d’un quasi-monopole.

Pour moi, ce n’est pas un problème, les tableaux de bord des automobiles des années 70/80 me convenaient parfaitement. Pour retrouver l’indépendance industrielle, s’il fallait remettre la clé dans la serrure pour ouvrir une portière, je n’en ferais pas une maladie. Je ne suis pas davantage intéressé par tous ces gadgets comme les enceintes connectées, entre autres.

Autre dossier que je ne peux me contenter de frôler, celui de l’énergie en général et du nucléaire en particulier.
J’ai appris que Montebourg était un chaud partisan de la voiture électrique ! Il faudrait peut-être lui conseiller de prendre langue avec l’ancien Président de PSA, aujourd’hui Président de Stellantis, Carlos Tavares, qui déclara voici 3 à 4 ans, je cite de mémoire « J’espère que dans quelques années, on ne regrettera pas de s’être engagés dans la voiture électrique, comme on regrette aujourd’hui l’utilisation de l’amiante »
Même son de cloche du côté de l’ancien Président de la SNCF, d’Airbus, aussi ancien Directeur du Cabinet de Chevènement, Louis Gallois qui déclara sur France Inter le 18 janvier 2021 « La voiture électrique n’est plus polluante qu’à partir de 100.000 à 150.000 kms »

Eh oui, car il faut fabriquer les très polluantes batteries. Une batterie de Zoé composée de métaux rares, du lithium entre autres, pèse plus de 300 kgs. Pour les véhicules de plus de 2 tonnes, les batteries pèsent jusqu’à 600 kgs. Ne pas intégrer cette donnée dans le principe de l’automobile électrique est, au mieux, une erreur, au pire, une complicité malhonnête.

Par ailleurs, comment alimenter ces milliers et ces millions de véhicules électriques, sachant que déjà pendant les hivers rigoureux, la France importe de l’électricité.
Montebourg envisage-t-il d’installer aux quatre coins du territoire national des EPR ? Le fiasco financier des EPR dont Flamanville ne l’inquiète-t-il pas ? Comment compte-t-il approvisionner ces réacteurs en uranium ?

La situation au Sahel ne l’inquiète-t-il pas ? D’où notre présence militaire dans ce secteur.

Aurait-il l’intention d’imiter François Hollande qui était allé se prosterner devant quelques dictateurs d’Asie centrale dans le seul but d’assurer une diversification en matière de fournisseur d’uranium.

Ou pense-t-il aller fouiller, avec d’autres, les profondeurs du Groenland avec pour conséquence de libérer quelques virus ? A moins que le COVID 19 ne soit qu’un apprentissage pour en affronter d’autres.

Aurait-il l’intention d’aligner sur nos côtes des chapelets d’éoliennes offshores et d’inonder nos campagnes de ces engins, dont certaines de plus de 200 mètres de hauteur ?

Sur les institutions, excepté la fumeuse 6ième République, dont on attend toujours les contours, est-il prêt à rendre plus claire et plus démocratique l’élection des parlementaires du Palais du Luxembourg et de les impliquer, comme les députés, sur le vote du budget, entre autres ?

Bien d’autres sujets de fond mériteraient d’être traités, mais déjà si nous avions des réponses claires à ceux évoqués ci-dessus, ce serait un bon début.

Donc, pour moi, avant d’appeler à voter Montebourg, je veux en savoir plus.

Messages

  • Bonjour,
    la première question à se poser est celle-ci :
    Montebourg veut-il sortir de l’UE et de tous les traités "européens" qui réduisent quasiment à néant notre Souveraineté Nationale ?
    Si la réponse est non (et quelque chose me dit que c’est la bonne réponse !),
    il est donc d’ores et déjà inutile, voire dangereux, de le soutenir car sans Souveraineté Nationale (donc monétaire !) rien n’est possible.
    Je m’empresse d’ajouter que le raisonnement vaut pour tous les candidats qui ne remettent pas en question le maintien de la France dans l’UE.
    Désormais, repérer l’imposture est devenu le premier devoir du citoyen lucide.

  • Voir la page wikipedia sur la "French-American_Foundation"
    Montebourg a suivi la formation de "Young Leaders"
    Comme Dupont-Aignan d’ailleurs.
    Leur cadre mental est posé.
    Gérard M.

  • d’accord avec les deux commentaires précédents.
    Un mot quand même pour répondre indirectement à Denis Collin,et en essayant de rire un peu. Serait-il en train de faire du « Montebourgisme révolutionnaire » comme Emmanuel Todd avait donné dans le « Hollandisme révolutionnaire » ?
    Devra-t-il s’en excuser comme Todd l’a fait plus tard ? *
    Montebourg sans doute n’est pas Hollande, mais, plus sérieusement, est-ce bien sûr aux yeux du capital financier ?
    Une vraie question….
    Et y aurait-il suffisamment de Montebourgeois ? Etc….

    * Todd, en compagnie de F. Ruffin et de J. Généreux dans la video « faut-il faire sauter Bruxelles ? », a convenu qu’il ne s’attendait pas à ce que Hollande soit aussi nul.
    Dominique D.

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