Pour sortir de la crise dans laquelle nous sommes plongés et qui risque de durer très longtemps, il faut d’avoir savoir où est la sortie : quels objectifs pouvons-nous nous fixer raisonnablement et quel chemin peut y mener. Tout cela, nous avons commencé d’y réfléchir (voir par exemple l’article récent de Jean-François Collin) et beaucoup d’autres ont apporté de bonnes contributions. Mais ce n’est pas le tout d’avoir des belles idées. Il faut qu’elles deviennent des forces matérielles. Il faut une organisation pour permettre à tous ceux qui veulent marcher dans la même direction de le faire et, ensemble, de lever les obstacles.
On peut tourner le problème dans tous les sens, ce qui manque cruellement et qui risque de manquer encore plus demain, c’est un parti, un parti nouveau. On peut appeler ça comme on veut : parti, mouvement, front, ligue. C’est un parti, c’est-à-dire une organisation locale et centralisée à l’échelon du pays sur la base d’un programme simple et apte à engager toutes les actions que peut mener un parti (diffusion des idées, pétitions, meetings, manifestations) et de se présenter au suffrage des électeurs. Rien que du bien connu et du bien classique. Un parti démocratique, organisé de bas en haut, fédérant des sensibilités différentes mais unies sur un but clair. Un parti dans lequel la « base » contrôle le sommet et décide souverainement de la ligne politique et de la stratégie. Donc ni le vieux « centralisme démocratique », ni le mouvement « gazeux ».
Quel parti ? Un parti pour la république, la démocratie, la laïcité et les droits sociaux des travailleurs, c’est-à-dire la république laïque, démocratique et sociale. Il se fixerait pour objectif le rétablissement de la souveraineté de la nation (article III de la Déclaration des droits de 1789), condition de toute démocratie ; la défense, le rétablissement et l’extension des droits sociaux des travailleurs (sécurité sociale, retraites, droit du travail) ; le rétablissement et le développement des services publics et la maîtrise de la nation sur son destin économique. Comme il faut toujours revenir aux principes, il s’agirait de revenir au programme du CNR, dans les conditions d’aujourd’hui.
Comment faire un parti ? Il y a une myriade de groupes, courants, personnalités, sites, réseaux, qui partagent en gros les mêmes idées et ne distinguent même pas toujours par de simples nuances. On peut y ajouter des partis ou des courants entiers de partis existants. Personne ne peut dire « ralliez-vous à nous » car « il n’est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César, ni tribun ».
Voici quelques propositions pratiques :
(1) Rédiger un appel en 10 points exposant les éléments d’un programme que tout le monde peut accepter et pour lequel il n’est pas besoin de faire de longues explications de texte !
(2) Faire signer largement cet appel qui devra déboucher sur une conférence nationale à la fin de l’année 2020, conférence qui pourrait jeter les bases d’un nouveau parti et déterminer les étapes suivantes.
(3) « Tester » ce parti aux élections régionales de 2021 (normalement).
Tout cela est assez simple. Il suffit de vouloir le faire. Et si on ne le fait pas, alors il ne sera plus temps de se lamenter. Sortir de clivages pour revenir à l’essentiel, c’est à portée de nos mains.
Le 27 avril 2020 – Denis Collin