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Manu, plus dure sera la chute…

lundi 15 mars 2021, par Jacques COTTA

Je comptais consacrer cet édito à la question qui a défrayé la chronique cette semaine à l’Institut d’Études Politiques de Grenoble où deux enseignants, accusés par une association étudiante d’être « islamophobes », ont été désignés à la vindicte populaire. On trouvera en cliquant ici, « à propos de l’islamophobie », quelques leçons utiles à tirer, notamment sur les parallèles frappants entre ce qu’il est convenu d’appeler « l’islamo gauchisme » et son pendant naturel, « l’islamo droitisme ». Je ne m’étendrai pas plus car sous le coup des évènements, me voilà contraint de changer mon fusil d’épaule.

Emmanuel Macron, dans la foulée d’une douzaine de pays dont le Danemark, l’Autriche, l’Irlande, l’Islande, vient de suspendre l’utilisation en France du vaccin AstraZeneca. Plus que la suspension elle-même, motivée par un souci de précaution, c’est l’enchainement des faits qui mérite attention.

Dans un premier temps les envoyés présidentiels, politiques et médicaux, ont critiqué durement sur les plateaux de télévision, dans la presse en général et dans leurs conférences de presse, le retrait de ce vaccin dans les pays voisins. L’argument n’était, soit dit en passant, pas dénué d’intérêt. En substance, le nombre de cas frappés par des effets secondaires pouvait être considéré comme assez minime vu le nombre de vaccinés. Dans le rapport inconvénients-bénéfices, la balance penchait du bon côté.

Alors ?
De la décision présidentielle, quelques conclusions s’imposent.

  • D’abord l’absence de cohérence. Du jour au lendemain, comme à leur habitude, le Président de la République, les membres du gouvernement et leurs affidés, disent une chose et son exact contraire. Comment donc dans ces conditions prendre au sérieux cette parole sur quelque question que ce soit, alors qu’elle ne fait que renforcer méfiance et défiance ?
  • Ensuite l’éclairage apporté sur les motivations des politiques, et des premiers d’entre eux, dans l’action qu’ils engagent une fois au pouvoir. L’exécutif craint par dessus tout le jour où des comptes seront demandés, si ce jour arrive avec la fin de cette grande panique organisée au nom du Covid. Comptes politiques bien sûr, mais comptes judiciaires aussi. Ils veulent « se couvrir » au cas où…
  • Enfin, dans le contexte de casse sociale généralisée où toute question semble placée sous cloche au nom de la pandémie, ce retrait vaccinal interviendra sans aucun doute dans la nouvelle stratégie que les conseillers élyséens sont déjà en train de mettre en place. Entre couvre feu, reconfinement, atteinte aux libertés redoublée, passeport vaccinal, ou autres réjouissances du même acabit, le souci renforcé de l’exécutif demeure la muselière imposée au français, au sens propre comme au sens figuré.

Ce qui marque alors est la passivité apparente dont semblent faire preuve nos concitoyens -et nous avec eux- dans cette situation où se jouent tout simplement plus que nos modes de vies. Mais cela n’est qu’apparence et le pouvoir qui le sait hésite dans chacune de ses nouvelles exactions à l’encontre du peuple. Il sait que les forces qui semblent éteintes sont intactes et n’attendent que le déclic, l’étincelle qui mettra le feu à la plaine. L’occupation des théâtres par exemple vient lui rappeler la réalité, qui même de façon déformée, évoque le combat inévitables entre classes sociales aux intérêts opposés. Hugo s’adresse à Macron et n’est pas seul !

Les occasions ne vont pas manquer. Le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron va apparaitre pour ce qu’il est : un sursis accordé avant exécution, et en rien l’annulation d’une mort programmée. Les aides allouées ne sont en grande partie que des prêts. En France comme à la tête du FMI ou de l’Union Européenne, de Bruno Le Maire à Christine Lagarde en passant par Ursula Von der Leyen, ils sont quelques-uns à nous le rappeler. "Il faudra bien passer à la caisse au nom d’un déficit creusé" nous disent-ils en choeur. En ligne de mire se trouvent les retraites, l’assurance chômage, la santé, et autres "dépenses sociales". Nul ne sera épargné. Déjà les restaurateurs et cafetiers savent que dans leur majorité les sommes qui leur ont été prêtées devront être restituées dans un délai de quatre années, un objectif pour plus de 40% d’entre eux totalement impossible à atteindre.

Si l’heure des comptes judiciaires est en suspens, le carillon qui annoncera le moment venu de solder les comptes politiques et sociaux tintera inévitablement. C’est cela qui se prépare et que symboliquement acteurs, intermittents, et gens du spectacle ont engagé.

Jacques Cotta
Le 15 mars 2021

Messages

  • Je soumet à votre sagacité ce texte (humour-noir) composé sur le même sujet.
    Stratégie
    Le Comité de pilotage, les commissions santé, le conseil scientifique, les experts et le corps médical se sont penchés scientifiquement sur la Covid et ont fait leurs préconisations ; ce qui se traduit à peu de chose près par :

    « Nous allons continuer notre stratégie » dixit Macron
    « Et nous confirmons notre bon choix » dixit Veran

    Très, très bien c’est déjà ça. Ils ont apparemment une stratégie et un choix.
    Je me sens tout de suite en sécurité. C’est pas la peine d’en faire tout un plat. Mes deux picouses effectuées, vu mon grand âge, J’examine la situation sanitaire avec détachement d’un œil paisible et calme et relativise sereinement la situation :

    1°/ Ne pas tomber malade ne peut pas être le but essentiel de la vie. Arrêtons de nous obnubiler sur ce virus, passons un peu à autre chose.

    2° / La grippe d’Espagne (1918-1919) a fait de 50 à 100 millions de morts, la grippe asiatique (57-58) 1 à 4 millions de morts, la grippe de Hong Kong (67-68) 1 à 4 millions de morts. Le Covid 2 millions de morts. Mais aussi 9 millions de gens qui meurent de faim dans le monde et 150 millions qui sont sous le seuil de pauvreté, sans beaucoup nous émouvoir. (et nos poubelles débordent)

    3° / Cette épidémie touche majoritairement les personnes âgées, les malades et les obèses. Il suffit de ne pas être dans ces trois catégories et surtout de ne pas les cumuler (suivez mon regard). Pour les vieux on ne peut plus rien faire, mais pour les autres, franchement avec les progrès de la pharmacologie, vous n’avez aucune excuse. Un peu de courage que diantre !

    4° / Nous n’avons perdu après tout que 6 mois 1/2 de vie en 2020.

    5° / Ne soyons pas non plus si naïfs ! Les experts nous avaient promis une vie au long cours en bonne santé, entourés de nos enfants, petits enfants..., le virus a révélé l’exact contraire. Tout le monde peut se tromper. Beaucoup vont mourrir avant l’âge pivot et ceux qui résisteront au-delà du raisonnable finiront en EHPAD, entourés du lit, du fauteuil et de la tv, avec comme lien cognitif, l’infirmière et sa piqûre matinale. (Ça fait envie)

    6° /Au niveau spatio-temporel tout ceci n’est qu’un épiphénomène. Au XVIII° siècle on pratiquait aussi la saignée, au XX° et XI° siècles il nous reste encore les guerres et les épidémies. Rien de bien nouveau. Si ce n’est la découverte que tout notre mirifique progrès et notre sécurité renforcée ne nous mettent pas à l’abri « d’une peste et de son confinement ». Cela ne se passe plus seulement dans des pays lointains, mais chez nous, livré en quelque sorte à domicile. Cela change quelque peu la donne et notre regard.

    7° / Les complotistes et autres populistes voudront interroger et même remettre en cause les choix pertinents de notre magnifique société néolibérale. Ne nous laissons pas berner par ces utopistes. Il n’y a pas d’autres possibilités ni de choix que ceux mis en œuvre. Laissons nous guider par le gouvernement des experts. Profitons de leur « divine providence », ils se chargeront efficacement du reste.

    8° / Apres, il faut être pragmatique. Si le virus continue son extension, si les vaccins s’avèrent moins efficaces que prévu, si le remède miracle se fait attendre, il faudra avec l’assentiment implicite des citoyens « abandonner » les plus faibles aux possibilités restreintes du système hospitalier, pour que les forces vives de la nation retournent à la production, consomment sans retenue sur le grand marché mondial et sauvent ainsi le capitalisme et ses sbires de la faillite.

    9° /Regardons aussi le bon côté des choses : cette épidémie et surtout les confinements, les couvre-feux, le télétravail et autres restrictions et coercitions arbitraires et/ou sanitaires ont fait faire un bond inespéré à la transition numérique. Nous serons bientôt tous connectés dans notre bulle aseptisée. C’est un progrès inestimable.

    10°/ Ne cherchons pas non plus un coupable expiatoire aux difficultés du moment. Mais demandons-nous comment ont pu arrivés démocratiquement au pouvoir, ce néolibéralisme triomphant et son idéologie d’une consommation débridée, de l’écologie gadget qui va avec et « en même temps » du toujours moins de services publics ?

    « Bon, c’est pas tout ça, mais où ai-je mis mon « Point de Vue, Image du Monde » pour suivre les aventures palpitantes de la famille royale anglaise et celles non moins haletantes de Meghan et Harry »

    Mireille MOUTTE

    « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des effets dont ils chérissent les causes » BOSSUET *
    NB / Bossuet en tant qu’évêque parle du Dieu alors en cours au XVII° siècle.

  • Il est certain qu’on aurait tort de penser qu’en France, covid ou pas, on laissera se faire abuser indéfiniment sans qu’il se passe "un truc". Les choses, malgré, d’abord les JG, ensuite le covid, se sont tenues jusque là dans un calme apparent. Tant que l’argent tombe un peu, ça pourra encore durer. On dira qu’on a pas encore touché le fond. Mais si on descend encore, et tout indique qu’ony va, se fond sera atteint assez vite. Dès lors tout pourra arriver car en France les masses ont une façon d’aborder ces moments de détresse générale dune façon qui va avec leur temperament plutôt instable.

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