Depuis des années Julian Assange est persécuté. Aujourd’hui, « il risque sa peau ». Cela se déroule dans l’indifférence générale, l’indifférence des politiques qui n’ont en réalité que des grands mots à la bouche, dont ceux de liberté, de droits de l’homme, de démocratie qu’ils laissent allègrement être bafoués, l’indifférence des journalistes aussi alors qu’Assange incarne le combat pour l’information sans concessions, pour la vérité tout simplement. Ceci explique peut-être cela.
L’information et la vérité
Fondateur de Wikileaks en 2006, Julian Assange a livré des révélations cruciales, d’intérêt public. En diffusant des milliers de documents classés confidentiels par les États-Unis, il a pointé de possibles crimes de guerre commis par l’armée américaine. Voilà pourquoi depuis cette date, le gouvernement américain le poursuit sans répit.
Il lui est reproché d’avoir permis la rupture du silence sur les activités d’état. En réalité il a révélé des scandales de corruptions, d’espionnage ou tout autre violation des droits humains perpétrés par les Etats.
En 2010, Wikileaks diffuse plus de 750000 documents confidentiels sur des activités diplomatiques et militaires des Etats-Unis à l’étranger, notamment en Irak et en Afghanistan. Voilà pourquoi il devient la bête noire des Etats-Unis, faisant peser sur le journaliste le risque d’une peine allant jusqu’à 175 ans de prison et autres traitements inhumains.
L’information, le courage, la détermination, et la persévérance
Julian Assange ne connait plus de vie paisible depuis plus de 15 ans, pourchassé par l’oncle Sam qui veut sa peau, tout simplement. Les Etats en général et les Etats unis en particulier sont d’autant plus inquiets de voir Assange en liberté que celui-ci, malgré toutes les menaces, ne désarme pas.
Au moindre écart qu’il peut qualifier, décortiquer, analyser, expliquer, il intervient sans céder.
En Juin 2012 il se réfugie dans l’ambassade de l’Equateur à Londres. Il y trouve refuge jusqu’en 2019 lorsque le nouveau président d’Equateur, Lenin Moreno, met fin à son asile politique.
Après 7 ans confiné dans l’ambassade, le journaliste est arrêté par les autorités britanniques et placé dans la prison de haute sécurité de Belmarsh.
Le procès de Julian Assange devant la cour Britannique s’est ouvert en février 2020. C’est le début d’une longue et complexe bataille judiciaire.
A cette époque je publie une vidéo, « Liberté pour Assange ».
L’administration américaine, le gouvernement et l’état profond veulent récupérer Assange pour en faire un modèle, obtenir pour le moins des aveux de culpabilité qui pourraient éventuellement amoindrir sa peine, mais de toutes les façons le condamner. « Malheur à celui par qui la vérité éclate ! ».
La procédure d’extradition auprès des autorités britanniques démarre en mai 2019. Il reste en prison en Grande-Bretagne jusque’à aujourd’hui où il attend le résultat d’une ultime tentative de ses avocats pour lui permettre d’échapper au sort que lui réserve l’Amérique, ce pays tant vanté pour son idéal de « liberté ».
En cas d’extradition aux Etats-Unis, Julian Assange, comme le révèle Amnesty International, risque de subir une grave violation de ses droits fondamentaux.
- -> Torture et autres mauvais traitements, en raison des conditions de détention qui pourraient lui être imposées aux États-Unis (telles que le placement à isolement sur une longue période)
- -> Procès inéquitable aux États-Unis, en raison des conditions de détention et du traitement en détention provisoire qui pourraient lui être imposés, des procédures lors du procès et d’éléments liés à la présomption d’innocence.
- -> Violation du droit à la liberté, découlant de toute forme de détention provisoire et/ou de toute peine d’emprisonnement qui serait imposée sur la base de poursuites et/ou d’une condamnation violant sa liberté d’expression.
L’information sans frontière
Comment en est-on arrivé à un tel degré de servilité des médias et des journalistes en général pour que nulle voix d’importance ne s’élève afin d’exiger la libération immédiate de Julian Assange.
Il y eut un temps où les prises d’otages faisaient « la une » des médias, télévisions, radios, journaux, confondus. Les otages du Liban par exemple -Carton, Fontaine, Kauffman- faisaient quotidiennement l’ouverture des 20 heures avec le nombre de jours de détention, et l’exigence chaque fois répétée de les voir libérés.
Assange aujourd’hui devrait avoir un traitement identique, non seulement par simple souci humanitaire, mais pour affirmer une conviction politique essentielle. Sans liberté de la presse, sans liberté d’informer, sans journalistes courageux prêts à prendre leurs responsabilités dont celle de défier le pouvoir, où qu’il soit et quel qu’il soit, il n’y a pas d’avenir collectif envisageable, il n’y a pas de liberté tout court.
C’est cela que Julian Assange incarne. La liberté d’expression doit être protégée partout et tout le temps. Ce n’est pas seulement le journalisme d’investigation qui est menacé dans le cas d’Assange, c’est le journalisme tout simplement, le droit et le devoir d’informer en respectant les faits.
Assange est poursuivi pour avoir divulgué des documents vérifiés. Il devrait non seulement ne pas être poursuivi pour cela, mais devrait même être récompensé par un prix, si des prix existaient pour les journalistes faisant correctement leur métier.
Une mobilisation d’envergure devrait voir le jour pour exiger par exemple du gouvernement français qu’il se prononce clairement pour la libération d’Assange et qu’éventuellement il se déclare prêt à l’accueillir et à le protéger !
Une mobilisation d’envergure devrait aujourd’hui réunir tous les partisans de la Liberté, de la démocratie, ici tous les républicains sincères pour exiger des Etats-Unis l’abandon des charges d’espionnage retenues contre Assange et toutes autres sur lesquelles repose leur demande d’extradition vers les États-Unis, afin de permettre sa libération dans les meilleurs délais.
Une mobilisation d’envergure qui s’adresse au Royaume-Uni pour faire en sorte que Julian Assange ne soit pas extradé ou envoyé par tout autre moyen aux États-Unis où il serait exposé à un risque réel de subir des violations de ses droits fondamentaux.
Assange incarne des valeurs et qualités que le journalisme, le vrai, a toujours honorées. Le respect de la réalité, des faits, l’affirmation de ses propres convictions aussi, sans les cacher, la ténacité pour les exposer, le courage pour les divulguer.
C’est une conception des rapports humains qui dépassent un cas individuel qui se joue ici. C’est un cas qui nous concerne donc tous, qui permet de séparer la lâcheté de l’Honnêteté.
Jacques Cotta
Le 5 avril 2024