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Mais comment l’incendie de Notre-Dame a-t-il été possible ?

vendredi 19 avril 2019, par Jacques COTTA

L’incendie de Notre Dame a provoqué une réaction de stupeur largement partagée. Pour des millions de français c’est une partie de notre patrimoine, de notre histoire, de notre culture qui a été atteinte par les flammes. Nul n’est resté insensible aux images terribles retransmises en direct. Aujourd’hui, sans doute par crainte d’être accusé de « conspirationnisme » souvent présent en de telles circonstances, des questions pourtant évidentes demeurent sous silence.

J’ai, comme beaucoup, pris connaissance d’un témoignage passionnant recueilli sur le plateau de David Pujadas sur LCI. Passionnant pour deux raisons au moins : d’abord pour l’identité et la qualité de l’interviewé, ensuite pour le contenu de l’interview. Benjamin Mouton a été l’architecte en chef de Notre dame durant 13 ans, de 2000 à 2013, et s’exprime clairement sur le sujet qui a trait à son ancienne activité. Voila donc les éléments qu’il apporte pour nourrir notre réflexion. Après avoir souligné l’absence totale d’hypothèse sur l’origine du feu, il précise que sa propagation lui a semblé « extrêmement curieuse », « incompréhensible » d’autant que la charpente était constituée de « très vieux chêne et on dirait qu’il a brulé comme des allumettes. Comme si c’était une autre essence, très volatile ou combustible, je ne comprends pas du tout » dit-il d’emblée.

Qui s’est risqué à tenter de faire des braises avec du chêne a pu en effet constater la difficulté à embraser de grosses bûches. Les poutres de Notre Dame étaient « vieilles de 800 ans, c’est très dur… Il faut mettre beaucoup de petit bois pour y arriver… Ça me stupéfie beaucoup » continue t’il.

Face à ces doutes, la question lui est posée des cas de figure qu’il pourrait envisager pour apporter un début d’explication au brasier qui s’est déclaré dans la cathédrale. C’est alors qu’il livre des éléments d’informations tout à fait stupéfiants.

« Je me perds en conjecture. Juste avant que je prenne ma retraite dans les années 2010, on a remis à plat toute l’installation électrique de Notre Dame, donc il n’y a pas de possibilité de court circuit. On a remis à plat et aux normes contemporaines, même en allant très loin, toute la protection et la détection incendie de la cathédrale avec des éléments de témoins de mesure qui permettaient de détecter un départ de feu. Vous avez en bas de la cathédrale deux hommes en permanence qui sont là jour et nuit, et qui sont là pour aller voir, dés qu’il y a une alerte, et appeler les pompiers… Ils sont là en permanence. Et puis c’est comme tous ces chantiers de monument historique, surtout à Notre Dame, on a un encadrement technique, normatif de contrôle, qui est considérable, qu’on ne voit nulle part ailleurs, donc là je suis stupéfait. »

Dans ce contexte donc, comment comprendre l’incendie ? Evidemment comme souvent en de telles circonstances, toutes sortes d’hypothèses fleurissent sans que rien ne viennent les étayer. Attentat, provocation, oeuvre de barbouzes, officine calquée sur le modèle Benalla,… La meilleure façon de les démentir est d’apporter toute la clarté, notamment sur ces questions posées par l’ancien architecte en chef de Notre Dame, particulièrement informé de la situation de la Cathédrale.

Alors que la flèche était encore « debout », le sommet de l’état s’est précipité pour clamer la thèse de l’accident. Comme si le sort en avait décidé ainsi sans que nul n’y puisse rien faire. Mais si accident il y a eu, il faut expliquer et vite comment les arguments de Benjamin Mouton peuvent être démontés.

Il y aurait bien une explication compréhensible qui relève de la politique mise en oeuvre par les pouvoirs publics qui systématiquement ont rogné les budgets de la culture, ont diminué de fait les normes de sécurité et ont rendu vulnérable notre patrimoine jusqu’à ses plus beaux fleurons. La course aux plus bas salaires au nom des marges et la politique austéritaire imposée par l’UE et appliquée à la lettre par Emmanuel Macron ont conduit à externaliser des corps de métiers qui hier au nom de l’état agissait en connaissance de cause. La déqualification qui s’ensuit constitue de fait une atteinte à toutes les normes de sécurité.

Le politique que le drame aurait permis de mettre de côté un instant revient alors en force, car quelle que soit l’explication apportée, les responsables politiques doivent prendre leur responsabilités. Comment un ministre de la culture, politiquement responsable du patrimoine, peut-il rester en poste après un tel drame ? Comment des politiques qui ont décidé et appliqué les baisses de budget qui inévitablement conduisent à ce type de catastrophe peuvent-ils rester en place ? Serait-il trop hasardeux d’épiloguer quelque peu ? Demain faudra t’il s’étonner d’un cataclysme dans une centrale nucléaire alors que la maintenance aura été délégué au privé qui agit en fonction d’intérêts immédiats, sonnants et trébuchants ? Faudra t’il s’insurger si aprés leur privatisation des barrages hydro-électriques cassent ?

Le doute nauséeux concernant Notre Dame est entretenu par l’attitude même de l’état au plus haut niveau. Nul ne peut ignorer cette indécence de fait à afficher des centaines de millions, des milliards tombés de la poche des oligarques qui ont porté Macron au pouvoir, pour restaurer la cathédrale, alors que depuis des mois de mobilisation sociale, les Gilets jaunes se voient opposer une fin de non recevoir à leurs revendications, sous prétexte que l’argent manque, que l’austérité s’impose.

L’opération d’ « union nationale » orchestrée par Emmanuel Macron vient rendre suspect un incendie dont nombreux pensent sans preuve qu’il pourrait bien ne pas être aussi accidentel que cela. Sur les braises encore chaudes, comme Emmanuel Macron, ses ministres, ses affidés et toute la macronie y sont allés de leurs références. Curieusement d’ailleurs, nombreux ont été ceux qui ont fait appel à Victor Hugo sans en avoir sans doute jamais lu une ligne, omettant de rappeler les raisons pour lesquelles l’édifice était tombé en désolation dans l’histoire, les raisons pour lesquelles Victor Hugo s’en était alarmé, les raisons pour lesquelles Notre Dame est lié de façon indélébile aux « misérables », ces « gueux » ou « foules hargneuses » méprisées et dénoncées par le chef de l’état en personne.