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Dans la gueule du loup sur le média…

… l’ambition d’un magazine pas comme les autres.

jeudi 15 février 2018, par Jacques COTTA

Moins d’un mois après le lancement de la web-télé « Le MEDIA » (https://www.lemédiatv.fr), était diffusé le premier numéro du magazine « Dans la gueule du loup », que j’ai le plaisir de préparer et de présenter. Lorsque la proposition m’a été faite, j’ai saisi l’occasion d’une nouvelle aventure professionnelle qui exige rigueur et professionnalisme sur la base de convictions que nous exprimons maintenant depuis des années sur notre site « La sociale ».

Comme nous le ferons chaque mois, le thème traité, par définition « grand public », doit répondre à l’intérêt général. Alors que le président de la république lui-même a souligné son souci du sort réservé aux « premiers de cordées », alors qu’il fait sienne avec son gouvernement la « politique du ruissellement », nous avons titré ce premier numéro « répartition des richesses et fiscalité ». Tous les chiffres indiquent une accumulation des richesses à un pôle de la société lorsque la pauvreté s’accroit pour le plus grand nombre. On dénombre « 13 millions de pauvres », dénomination au demeurant trompeuse, lorsqu’il serait plus juste d’évoquer « 13 millions de travailleurs pauvres », car leur situation n’’est pas le produit du hasard, ni évidemment de leur volonté, mais bien de leur place dans les rapports sociaux et donc dans les relations de travail. On constate donc une répartition particulièrement inégalitaire, et une fiscalité qui loin d’atténuer les injustices les renforce au détriment des ouvriers, des salariés, des fonctionnaires, des retraités, et au profit du capital.

Ce premier numéro avait valeur de test.

Sans renfort de publicité, sans complaisance du haut du pavé (ce qui n’est pas vraiment une surprise), plus de 20000 internautes sont « venus » sur ce programme, ont écouté, regardé, et commenté. Dans l’ensemble, les avis sont unanimes. Parmi les encouragements à poursuivre prodigués sur tous les tons, ces quelques mots qui méritent réflexion : « Merci pour cette émission exemplaire, ça fait du bien de ne pas être pris pour un âne »… ou encore « Tout ce que dit Jacques Cotta dans les premières minutes (pluralisme, pas de langue de bois, exigence dans le débat, respect de la parole écoutée…) devrait tellement aller de soi et être le fonctionnement normal de toutes les émissions de tous les médias… Il est tout de même incroyable que ce fonctionnement soit en réalité l’exception. »

Ces principes -pluralisme, confrontation sans langue de bois, questions directes- présideront à chaque entrée « dans la gueule du loup ». Nous ne cherchons le buzz ni sur une mimique déplacée, ni sur une petite phrase ou sur la superficialité, mais sur le fond que nous décidons de traiter. Chez nous, ce ne sont pas les politiques qui parlent d’abord pour être ensuite contredis par des « experts » venus pérorer une fois le plateau libéré, sans que les premiers ne puissent s’expliquer. Non, nos experts parlent d’abord, les politiques que nous invitons devant répondre ensuite à des questions sans concessions, avec le temps nécessaire, et surtout avec la garantie d’un échange respectueux des propos et des personnes.

Evidemment les encouragements sont toujours une satisfaction. Ils démontrent que les efforts ne sont pas inutiles, qu’ils peuvent porter, qu’ils méritent de persévérer, d’en rajouter. Mais ils permettent aussi de dégager l’ampleur du problème auquel les médias en général sont confrontés. Comment en est-on arrivé au stade où l’échange démocratique qui nécessite écoute et réflexion s’est vu substituer dans la plupart des cas le show superficiel digne du spectacle et non de l’information ? Comment la politique a-t-elle pu être à ce point rabaissée ?

90% environ des grandes chaînes de télévision, des radios, des maisons d’édition sont le bien d’une petite poignée composée d’oligarques dont les intérêts sont liés. Pas étonnant dés lors que la parole délivrée sur ces chaines soit souvent identiques sur le fond. C’est l’idéologie dominante au service d’intérêts particuliers qui s’impose. Le service public qui pouvait se tenir à l’écart prend sa part dans ce matraquage idéologique dont la dernière élection présidentielle a été un des résultats récents les plus palpables. Comme l’indiquent des dizaines de réactions à notre première émission, le non respect par pratiquement tous les médias officiels qui ont pignon sur rue des règles énoncées en ouverture de notre premier magazine est non seulement incroyable, mais aussi et surtout dramatique. C’est le pluralisme, la démocratie qui sont en jeu.

« Dans la gueule du loup » évitera donc de rassembler une contre pensée officielle contre celle qui nous est assénée quotidiennement. Nos invités seront le plus souvent assez éloignées des positions dont se réclament la majorité des web-spectateurs, dont une bonne part a découvert la politique, ou renoué avec elle, lors des dernières élections présidentielles. Entendre l’autre sur des sujets qui nous concernent tous permet de mieux comprendre les points d’accord et de désaccord, permet de mieux cerner les sujets eux-mêmes, permet de mieux s’armer pour combattre, pour s’organiser, pour transformer la réalité.

« Vos moyens financiers sont faibles » nous dit-on parfois inquiets, parfois cyniques. Ils reposent sur les dons. Certes, ils sont faibles au regard de la manne dont disposent tous les autres. Mais les convictions sont fortes. Et à l’heure du grand déferlement ultra-libéral qui souffle, là est l’essentiel…


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