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Trompe-l’œil électoral et débâcle macronienne

lundi 29 juin 2020, par Denis COLLIN

Le second tour des élections municipales qui se sont tenues dimanche 28 juin, dans des conditions acadabrantesques — le premier tour avec eu lieu le 15 mars, juste au début du confinement — apporte son lot de commentaires : vague « verte », retour du clivage droite-gauche, triomphe de l’abstention, etc., mais le plus important est la débâcle de l’armée macronienne. la Bérézina de LREM. À Paris Buzyn est battue à plates coutures et Marlène Schiappa ne peut même pas être conseillère d’arrondissement. Là où les LREM avaient fait alliance avec la droite, c’est presque toujours l’échec assuré. À Auxerre (Yonne) le maire sortant, Ferez, ancien PS rallié à Macron, soutenu par le premier fédéral du PS est battu largement par un nouveau venu (de droite). Malgré les sondages qui ont déjà élu Macron en 2022, malgré la presse aux ordres qui jour après jour fait la propagande du gouvernement, la « société du 10 décembre » macronienne sort étrillée de ces élections. Et pour éviter une deuxième déculottée, Macron est en train d’organiser le report des régionales (prévues en 2021) et qui seraient repoussées à 2022 après la présidentielles (automne 2022 ou 2023). Supprimer les élections, rien de tel pour éviter les défaites électorales. Jusqu’à quand tolérerons-nous ces gens-là ?
Vague verte ? C’est vite dit. Les EELV emportent de jolis succès dans les villes bien bourgeoises (Bordeaux, par exemple) et s’installent sur le double effondrement du PS — qui s’est souvent effacé — et de Macron. Une partie du « bloc élitaire », la petite-bourgeoise intellectuelle, les CSP++ ont fait défaut à leur chouchou. Mais comme les précédentes « vagues vertes », elle est vouée à retomber platement quand viendront les choses sérieuses. Les Verts, comme toujours, sont la voiture-balai de la politique.
Le RN se maintient, mais gagne une ville de plus 100 000 habitants (Perpignan). Mais l’autre grand battu du scrutin est LFI. Le mouvement gazeux de Mélenchon a tout simplement été absent, ses militants participant selon les villes à toutes les coalitions les plus extravagantes. Incapable de construire des sections locales (dont Mélenchon ne voulait à aucun prix !), LFI est non pas un parti, mais un label, tombé en déshérence. Mélenchon portera la responsabilité historique d’avoir consciemment, méticuleusement et avec un certain cynisme désagrégé le mouvement qu’il avait tant contribué à construire et ainsi il est sera celui qui aura achevé le vieux mouvement ouvrier, quand le PS est au quatrième dessous et que le PCF continue de se disloque miné par les islamistes en banlieue, dont il cherche parfois à se défendre, découvrant, mais un peu tard, qu’il avait fait rentrer le loup dans la bergerie.
Quand Coquerel revendique la place décisive de la LFI dans la victoire d’un certain nombre de listes « vert-rose », il se moque du monde, mais il y a belle lurette qu’on ne peut plus rien attendre de sérieux de cet olibrius devenu une marionnette des « indigènes ». Mais quand Mélenchon se félicite de la « grève générale civique » que représente selon lui l’abstention on ne peut s’empêcher que penser que Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre ! L’abstention massive est le signal alarmant de cette élection, le signal qu’il n’y a aucune alternative en vue, aucune espérance et Mélenchon devrait d’abord faire son propre examen de conscience : où sont passés les 19 % d’électeurs de 2017 ? Mais, non ! Mélenchon est content et il lui suffit de baptiser la résignation et le recul du nom d’offensive pour continuer de parader. Quelle honte !
Double constat : Macron peut être battu, mais toutes les forces politiques semblent se liguer pour assurer sa survie. Le bloc élitaire (cf. Jérôme Sainte-Marie) est fissuré et largement minoritaire, mais en face, rien ! Comment opposer le bloc populaire au bloc élitaire, voilà la question de l’heure.
Denis Collin — le 29 juin 2020

Messages

  • Denis Collin a-t-il vraiment écouté Mélenchon sur l’abstention ? Il a parlé d’"insurrection froide" pour exprimer le refus de ce système par les abstentionnistes, mais il le déplore, dit que c’est inquiétant, qu’il faut s’efforcer de faire que les gens reviennent aux urnes. Quant au refus de listes LFI, il a dit que ce n’était peut-être pas une bonne stratégie finalement, mais c’était cohérent avec ce que veut être FI : non pas un parti, mais un outil qui puisse se mettre au service des citoyens qui veulent s’impliquer. Je vous conseille la dernière revue de la semaine où il développe tout ceci, la 118 je crois

  • Bonjour Ariane Dreyfus,
    je suis désolé de vous contredire mais le raisonnement de J-L Mélenchon et de tant d’autres à gauche (PCF, Hamon, etc.) tourne à vide car, en restant membre de l’UE néo-libérale dont les traités sont irréformables dans les faits (unanimité requise !), tout programme permettant de privilégier les intérêts des classes populaires est définitivement impossible à mettre en oeuvre.
    En l’absence de Souveraineté Nationale, qui passe d’abord par la souveraineté monétaire, rien n’est possible.
    Tout le reste (résultats électoraux, stratégies de "prise" du pouvoir, etc. ) n’est que discussion sans fin sur le sexe des anges !

  • Excusez-moi M. Collin mais je ne comprend pas votre réponse car si vous lisez attentivement mon commentaire du 12 juillet à 10h14, vous constaterez qu’il est une réponse à Mme Dreyfus, d’ailleurs il commence par ces mots :
    "Bonjour Ariane Dreyfus...".
    Cordialement.

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