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Jean Luc Mélenchon ou un suicide annoncé

... seule issue à l’abandon des valeurs républicaines constitutives de la république sociale

mardi 12 novembre 2019, par Jacques COTTA

Tout homme qui aspire aux responsabilités ne peut échapper aux siennes. Jean Luc Mélenchon, évoquant ses souvenirs de François Mitterrand, nous a confié un jour -à Denis Collin et moi-même- qu’un homme politique ne peut jamais reconnaitre ses erreurs s’il veut avancer. Après plusieurs péripéties dont il se serait bien gardé, et avec lui l’ensemble des citoyens qui voulaient croire en la FI pour tourner la page du macronisme, il serait bien avisé de remiser au rayon des citations obsolètes cette maxime, et de revenir devant les militants, les citoyens, le peuple pour rétablir ce que devrait être une véritable politique républicaine et sociale, et donc pour revenir sur ses errements.

La manifestation dite « contre l’islamophobie » constitue un point de non-retour si Jean Luc Mélenchon n’en tire pas publiquement les leçons qui s’imposent, et très vite. Quelques images ou paroles symboliques, lourdes de sens politiques, en disent plus long que tous les longs discours qui ont précédé l’évènement. Les arguments plus malhonnêtes les uns que les autres assimilant l’opposition à la croyance au racisme envers le croyants, les provocations à coup de voile à une simple question vestimentaire, sont autant d’éléments abordés dans le débat public depuis des semaines, des mois, des années.

L’assimilation de l’islam politique à la foi des simples croyants n’a d’autre but que d’enchainer les millions de musulmans présents en France, qui n’en n’ont que faire, à l’islam politique précisément. Le terme d’islamophobie inventé par les islamistes eux-mêmes derrière lequel se range benoitement la gauche dans sa majorité, de la FI ou PCF en passant par le NPA, n’a d’autre but.

Voyons à quelle folie cela mène  :

 dans la manifestation du dimanche 10 appelée par une série d’organisations dont la FI, le PCF, le NPA, la CGT entre autres et les frères musulmans, les dirigeants de la gauche, dont Mélenchon, ont défilé derrière le mot d’ordre « ALLAOU AKBAR » qui indique la grandeur d’Allah. Aurait-on imaginé Mélenchon manifestant au cri de « vive dieu miséricordieux » ?

 dans cette manifestation, c’est à quelques centaines de mètres du Bataclan que le mot d’ordre a été lancé, et repris par la manifestation dans laquelle se trouvaient en bonne place, et bien mauvaise compagnie, Jean Luc Mélenchon et les élus de la FI de Seine Saint-Denis notamment qui pensent sans doute pour être réélus devoir faire des courbettes aux islamistes qui y ont pignon sur rue.

 dans la manifestation a été exhibée une petite fille portant une étoile sur la poitrine pour faire penser que la France est raciste aujourd’hui envers les musulmans comme hier envers les juifs, que le sort des uns est assimilable à celui des autres. Comment accepter cette ignominie qui en même temps qu’elle banalise l’horreur connue hier par les juifs dénonce aujourd’hui les lois dites liberticides, que seraient celles sur la laïcité.

Nombreux sont nos citoyens qui considèrent que cela est secondaire au regard des affrontements sociaux qui sont devant nous, avec notamment l’attaque contre les retraites et la grève générale reconductible du 5 décembre, dont le succès constitue la priorité des priorités, concentrant le combat contre tous les mauvais coups de la macronie, retraites donc, mais aussi assurance chômage, protection sociale, mise à mort de la sécurité sociale entre autre.

Avec eux on ne peut que souhaiter que la question sociale reprenne vite le dessus. Mais il n’empêche. Pour qui aspire à une autre société, à d’autres valeurs que celles du fric ou de la race, à la justice sociale et à la démocratie, tout cela est d’une extrême gravité.

J’intitulais un papier récent « 2015-2019 : funeste trajectoire » en rappelant les paroles remarquables prononcées à l’époque par Jean Luc Mélenchon en hommage à Charb, assassiné par des islamistes terroristes à Charlie Hebdo. Ces paroles sont incompatibles avec l’attitude adoptée par Mélenchon aujourd’hui. Il faut choisir et s’expliquer. Et il ne sert à rien de chercher des dérivatifs grossiers pour échapper à cette nécessité de clarté.

Je vois déjà les procès en sorcellerie. Demander la clarté rangerait de facto dans le camp lepéniste. L’épouvantail a bon dos. C’est plutôt le soutien à l’islamisme politique qui fait le jeu de Le Pen et par voie de conséquence de Macron qui pourrait bien réussir, avec la complicité de « la gauche » et de « la gauche de gauche » à occuper la posture de dernier rempart contre l’extrême droite pour assurer sa réélection.

Alors ?

Jean Luc Mélenchon est en train de signer l’acte de décès définitif de la gauche dans ses valeurs élémentaires.

La gauche, celle qui intéresse, n’est pas celle des combines d’appareils, des succès personnels, des promotions professionnelles. La gauche qui intéresse est celle des valeurs, de la laïcité, de république, de la sociale, de la république sociale, celle de Marx, de Jaurès, celle que portent historiquement les mouvements émancipateurs qui ont agité et agitent toujours l’histoire, celle à laquelle la fidélité ne fait pas défaut.

Jean Luc Mélenchon et quelques autres s’en voulaient les héritiers et foulent du pied ses bases constitutives. Ils signent à leur niveau son acte de décès.

La gauche morte… Vive la gauche !