Nettoyer les écuries d’Augias !
Le sentiment que le pays, notre pays, et peut-être plus largement la vieille Europe, est parti à la dérive est de plus en plus largement partagé. L’audience recueillie par la tribune des 1000 militaires en témoigne et les cris des antifascistes d’opérette n’y changeront rien. Le succès dans un vaste public de quelqu’un comme Éric Zemmour est un autre signe qui ne trompe pas. Une droite explosée et qui fait plutôt profil pas, une gauche en lambeaux qui achève de mourir en se donnant l’illusion de vivre encore un peu – encore un instant, monsieur le bourreau — et un gouvernement à la dérive dont on ne sait plus bien s’il gouverne encore quoi que ce soit : où est l’alternative ? Que 45 % des électeurs LFI approuvent la tribune des militaires, alors que les responsables insoumis crient au fascisme et au danger de coup d’État, cela en dit encore plus long. Les esprits se préparent : plutôt une fin effroyable qu’un effroi sans fin !
Dans tout cela, rien de vraiment surprenant. Toutes les forces politiques qui se réclamaient des classes populaires, tous ceux qui prétendaient incarner un monde meilleur ont déserté le terrain. Les ouvriers ne les intéressent plus depuis longtemps. Ni les employés ni tous ceux qui n’appartiennent pas aux classes supérieures « cultivées » (disent-elles) et ont été laissés sur le côté de la « mondialisation ». Si on en croit les médias aux ordres (pléonasme !), il faut être « woke », théorie importée tout droit des campus américains, c’est à dire trans, islamophile, décolonial, tout ce que l’on veut, mais pas français, hétéro et un peu trop blanc. Les militants du Parti des Indigènes de la République et groupuscules voisins ne cachent plus que leur adversaire, c’est la « classe ouvrière blanche ». Les EELV, point de concentration de la décomposition bourgeoise, chassent le boomer et mettent une cible sur le dos d’Alain Finkielkraut. Pendant ce temps-là, les dealers dealent tranquillement et contrôlent des quartiers entiers. Les voyous regroupés derrière Mme Traoré entraînent dans leur sillage des cortèges de « belles gens », prêcheurs richissimes qui dénoncent le « privilège blanc » depuis leur villa à Hollywood, et autres Rokhaya Diallo, qui travaillent pour le New York Times et occupent les plateaux de télévision. Le front commun de la droite libérale et de la « gauche américaine » (c’est-à-dire aujourd’hui toute la gauche) voit se dresser contre lui la révolte des gens ordinaires.
C’est qu’en effet, pour les gens qui n’appartiennent pas aux deux premiers déciles de l’échelle des revenus, la vie quotidienne est placée sous la marque d’une triple insécurité. Insécurité économique et sociale, au moment où, inexorablement, se poursuit la désindustrialisation de la France, où les emplois stables sont minés par le travail à façon, ou les « autoentrepreneurs » de Déliveroo pédalent comme des dératés pour quelques euros et où les droits des chômeurs fondent comme neige au soleil. Insécurité personnelle ensuite : les voyous font la loi dans de nombreux quartiers — quoi qu’en disent ceux qui n’y mettent jamais les pieds. Insécurité identitaire quand la parole publique est donnée à des gens qui répètent « nique la France » et qu’on vous demande de vous repentir de tous les crimes commis depuis les hommes préhistoriques, quand on vous demande d’avoir honte d’être français et doublement honte si en plus d’être français vous avez la peau un peu plus noire que la moyenne ou que votre prénom et votre nom viennent visiblement de l’autre côté de la Méditerranée.
L’exaspération monte. Un bon coup de balai, voilà ce que beaucoup de nos compatriotes souhaitent. Un bon coup de balai parce qu’ils sentent bien la connivence, la complicité, les accords même plus tacites entre les courants nés de la décomposition de la gauche et de l’extrême-gauche et la « jet-set », cette classe capitaliste transnationale qui a depuis longtemps fait sécession d’avec le reste du pays. Cette exaspération pourrait être captée par n’importe quel démagogue aux idées claires qui l’utiliserait finalement, comme toujours, au service du capital et au détriment de toutes les libertés publiques déjà passablement étrillées.
Un bon coup de balai pour nettoyer les écuries d’Augias. Quel Hercule pourra le faire ? Le peuple peut être cet Hercule ! Il peut forger sa volonté et son unité autour d’un mot d’ordre : être maître chez soi !
- Maître chez soi, cela veut dire d’abord décider de son propre sort, de ses propres lois, de sa propre ligne de conduite. Donc, rompre avec la machine à broyer les peuples qu’est l’Union européenne, quitter l’OTAN et redéfinir une politique indépendante.
- Maître chez soi, cela veut dire ne plus être à la botte de l’oligarchie financière, renationaliser les principales banques et pouvoir mettre en œuvre un programme de redressement productif du pays, selon un plan qui prendrait sérieusement en compte les menaces sur l’environnement et nous sortirait de la mainmise du capitalisme vert sur nos paysages, nos modes de transports, nos façons de vivre.
- Maître chez soi, cela veut dire rester fidèles au meilleur de nos traditions révolutionnaires, celle de 1789, de la Commune de 1871, de la lutte pour la république laïque et sociale, celle qui ne reconnaît ni ne salarie aucun culte, celle qui intègre en assimilant tous ceux qui veulent vivre sur le sol de notre France. Et donc refuser les oukases des « ligues de vertu », des minorités fanatiques, des sectes qui prolifèrent et imposent leur loi.
- Maître chez soi, cela signifie aussi aller et venir où l’humeur nous mène et donc bénéficier partout de cette sûreté qui est l’objectif des républiques. Casser une bonne fois pour toutes les réseaux de dealers, les complicités entre voyous, islamistes et élus qui ont gangrené déjà un certain nombre de villes. Mettre un terme à la « libanisation » de la France et expulser les prêcheurs de haine et les associations factieuses comme celle de la galaxie des « Frères musulmans ».
C’est seulement en empruntant cette voie qu’on pourra constituer un large rassemblement des travailleurs dépendants et indépendants, pour une réforme morale, pour une société décente. Et seul un tel rassemblement pourrait s’opposer aux tentations autoritaires ou fascisantes qui ne manqueront pas de se faire jour, tout en menant le combat contre le capital et ses lieutenants.